À Saint-Connan, le musée propose aussi une librairie spécialisée rassemblant divers ouvrages traitant de la résistance, de la vie en temps de guerre… - Illustration Prisonniers de guerre
À Saint-Connan, le musée propose aussi une librairie spécialisée rassemblant divers ouvrages traitant de la résistance, de la vie en temps de guerre…

Prisonniers de guerre

Souvent « oubliés » des musées s’intéressant à la Seconde Guerre mondiale, le musée de la résistance de Saint-Connan (22) propose une installation temporaire sur les prisonniers de guerre.

À l’extérieur du bourg de Saint-Connan (22), inauguré en 2012, le musée de la Résistance en Argoat est installé « dans un lieu de mémoire ». Au bord de l’étang, à quelques encablures du bois de Coat-Mallouen qui a servi de maquis à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En juillet 1944, il a été ainsi le décor d’affrontements entre résistants et soldats allemands.

Cet espace d’accueil reçoit chaque année 8 000 visiteurs, dont un public de scolaires, venus s’imprégner et (re)découvrir une période cruciale de l’histoire du XXe siècle. « Ce musée est ouvert à tous, mais est particulièrement destiné aux jeunes pour les sensibiliser, les aider à appréhender ce moment charnière, mais aussi pour transmettre des valeurs de citoyenneté aux plus jeunes. De nombreux documents, écrits, témoignages et objets y sont présentés », explique Yannick Le Guennic, membre actif de l’association qui gère le musée.

« À travers cinq salles qui se succèdent, nous expliquons ce que signifiait « résister ». C’était saboter les installations allemandes, faire transiter des messages, obtenir du renseignement, récupérer des containers parachutés, accueillir, nourrir et protéger les personnes en fuite, comme les juifs, les gens qui voulaient rejoindre de Gaulle ou les pilotes dont l’avion avait été abattu. Par exemple, beaucoup de jeunes femmes, dont l’occupant se méfiait moins, étaient ainsi agent de liaison… »

[caption id=”attachment_30754″ align=”aligncenter” width=”720″]Yannick Le Guennic, membre de l’association qui gère le musée, devant la carte répertoriant les camps en Allemagne et en Pologne où étaient envoyés les prisonniers de guerre français. Yannick Le Guennic, membre de l’association qui gère le musée, devant la carte répertoriant les camps en Allemagne et en Pologne où étaient envoyés les prisonniers de guerre français.[/caption]

Les prisonniers mieux traités dans les fermes qu’à l’usine

Parallèlement à ce fonds pédagogique permanent qui tend à s’enrichir sans cesse, l’équipe programme des expositions temporaires sur des sujets plus spécifiques. Inaugurée début octobre et visible jusqu’au 4 février 2018, « Déracinés, enracinés, les prisonniers de guerre et la terre (1940 – 1948) » est la proposition du moment. « Nous avons souvent constaté que les musées parlaient de la résistance mais peu des prisonniers de guerre. Pourtant, le sujet ne manque pas d’intérêt », souligne Yannick Le Guénic. « En juin 1940, on dénombre environ 1,85 million de personnes faites prisonnières. Dans les communes rurales bretonnes, on estime que 5 % de la population est concernée », explique le Costarmoricain. Un véritable « désastre » en termes de main-d’œuvre pour faire tourner les fermes « qui manquent de bras ». Au musée, l’installation retrace « le parcours de ces gens-là de l’ordre de mobilisation générale à la libération ».

[caption id=”attachment_30760″ align=”aligncenter” width=”720″]« Dans les cinq salles du musée, l’exposition permanente autour de la résistance propose aux visiteurs des synthèses écrites, des documents audiovisuels, des objets et des extraits de témoignages » explique Annaïs Landren, coordinatrice. « Dans les cinq salles du musée, l’exposition permanente autour de la résistance propose aux visiteurs des synthèses écrites, des documents audiovisuels, des objets et des extraits de témoignages » explique Annaïs Landren, coordinatrice.[/caption]

Lettres ou cartes postales « au message sommaire car contrôlé », scènes du quotidien des camps (stalags) dessinées par les prisonniers Jean Schnebelen et Jean Le Penven, objets issus de collections personnelles (dont celle, riche, de Jean-François Bothorel, de Quintin), résultats de recherches bibliographiques, recueils de témoignages… Une grande carte répertorie les stalags à travers l’Allemagne et la Pologne « où le climat était plus rude ». Sont détaillées l’organisation de ces camps, la réalité de cette vie collective… « Chaque prisonnier appartenait à un groupe de travail appelé Kommando. Ceux qui travaillaient en usine souffraient le plus. Les paysans bretons étaient, eux, principalement placés sur des fermes allemandes : les propriétaires ayant besoin de cette main-d’œuvre qualifiée pour remplacer les ruraux partis pour l’armée avaient ainsi tendance à mieux traiter et nourrir leurs prisonniers. »

[caption id=”attachment_30758″ align=”aligncenter” width=”720″]Les dessins du prisonnier Jean Schnebelen relatent la vie quotidienne dans les camps de prisonniers. Les dessins du prisonnier Jean Schnebelen relatent la vie quotidienne dans les camps de prisonniers.[/caption]

Yannick Le Guennic insiste aussi sur l’après, l’heure du « retour douloureux chez soi ». D’un côté, les paysans emprisonnés reviennent avec quelques idées neuves : ils ont côtoyé l’avance technique et la motorisation des fermes allemandes. D’un autre côté, les cadres sociaux sont bousculés. « Certains ont laissé un bébé de 2 ans et retrouvent un gamin de 8 ans qui ne les reconnaît pas. Certaines fiancées n’ont pas attendu non plus… Plus globalement, des témoignages nous ont rapporté aussi que les femmes, restées sur la ferme, ont pris les rênes. Cette redistribution des rôles est un bouleversement pour tous. »

Les Allemands redoutaient les prisonniers des colonies

L’exposition temporaire aborde aussi le cas des prisonniers issus des colonies. « Généralement, ils étaient gardés en France sur des fermes ou dans les frontstalags ou camps de transition : les Allemands avaient crainte des gens de couleur et ne voulaient pas les faire entrer sur leur territoire. » Le chapitre se referme sur l’après-guerre et la présence des prisonniers allemands, à leur tour, dans les villages bretons. Compter deux bonnes heures de visite pour profiter du parcours du musée.

Témoigner à votre tour

td_connanL’équipe du musée continue de collecter témoignages et anecdotes sur la période de la Seconde Guerre mondiale : mobilisation, vie dans les camps, présence allemande en Bretagne, libération des villes… « Nous réalisons notamment des enregistrements sonores ici ou chez les personnes », explique Annaïs Laudren, coordinatrice. « Nous recueillons aussi des photos, des lettres, des écrits, des objets documentant cette période. »

En pratique : Le musée est ouvert les mercredi, dimanche et jours fériés de 14 h à 18 h. Du mardi au vendredi pendant les vacances. Visite guidée sur réservation pour les groupes. Contact : 02 96 47 17 66.

Atelier d’écriture

Journaliste agricole de formation, Anne-Laure Lussou animera un atelier d’écriture en lien avec le thème de l’exposition. Un joli prétexte pour jouer avec les mots, raconter des histoires, verbaliser dans la dynamique d’un groupe restreint (10 places)… Pour tous publics. Samedi 18 novembre. 10 € / personne. D’autres animations (conférences, présentation de livres…) sont programmées et détaillées sur www.etangneufbretagne.com


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