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Le 6 octobre 1984 : Les “vaches grasses”

Dans les archives de Paysan Breton :

Il n’y comprend plus rien le « Parisien ». Il est venu comme chaque année nous voir cet été. Il était content, car il faisait beau et ça suffit à son bonheur. Bronzé… donc heureux ! Heureux et donc bien disposé à notre égard. Après le traditionnel « il fait beau », il s’intéresse…

« Alors mon brave, la moisson a été belle ? » Oui.
« Et les vaches, elles donnent bien ? » Oui.
« Alors, vous êtes contents cette année ? » Non !

Comment lui expliquer ? Car, en effet, c’est une bonne année agricole. Mais dès l’annonce de la belle récolte de céréales, les cours du blé ont chuté. Quant aux vaches, oui elles « donnent bien », mais de trop. D’où les quotas. Comment lui expliquer ensuite qu’on importe des produits de substitution aux céréales pour nourrir nos bêtes ? Difficile aussi de leur expliquer qu’il n’y aurait pas trop de lait si on n’importait pas tant de matières grasses d’origine végétale. Difficile d’expliquer que dès l’annonce des quotas, une baisse des cours de la viande a anticipé l’abattage des vaches. Comment comprendrait-il ? Le prix du pain n’a pas baissé chez son boulanger, ni celui du lait chez le crémier, ni celui de la viande chez le boucher…

Alors, une fois de plus et surtout cette année, il nous juge à travers l’histoire du paysan de Fernand Raynaud et de son fameux « ça a eu payé ». Certes la récolte paie… « les engrais » !… mais « mon Parisien » aura toujours du mal à admettre ce qu’il prend pour une vérité simple et l’évidence. À savoir qu’à travers les aides à l’exportation c’est lui qui nous aide à vendre notre lait et notre blé. Et peu lui importe la baisse de la rémunération que perçoit le paysan pour le nourrir.

Car, à longueur de journée, il est « matraqué » par des informations sur « les aides à l’agriculture ». Il est persuadé tout bonnement, malgré les 25 milliards d’excédents de la balance du commerce agroalimentaire, que c’est le franc qui sauve l’épi ! Une année comme celle-ci, ça passe mal. Alors, pour un peu, nous en viendrions à souhaiter quelques bonnes années de « vaches maigres » sans excédent d’aucune sorte à exporter. Au moins on nous comprendrait tout de suite mieux !

P. Gouérou


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