Prendre du recul en temps de crise

Parler de ses difficultés rencontrées sur son exploitation, un premier pas difficile mais qui permet de trouver des solutions, avant que la situation ne soit trop dégradée.

« Je ne me retrouve plus dans mon métier… Mon exploitation est-elle toujours viable ? Dois-je envisager une cessation d’activité ? » Seul, dans sa ferme, les questions peuvent être nombreuses. Et le choix de quitter la profession face à l’accumulation des problèmes économiques, techniques ou familiaux qui rejaillissent de l’activité de production ou vice-versa impactent les résultats de l’entreprise reste un sujet tabou dans le milieu agricole et assimilé à un échec. Alors, on a tendance à se renfermer sur soi. On a peur du qu’en-dira-t-on, du jugement du voisin…

En parler, le premier remède

Et pourtant, en parler à quelqu’un, un proche, un ami, un technicien, un référent local, d’un des dispositifs d’écoute mis en place dans tous les départements, soulage. « Il faut juste trouver la bonne personne avec qui on a un bon feeling et avec qui on peut se confier », précise Jean-Pierre Vallais, agriculteur à Carentoir (56) et référent Vivea Bretagne. Face aux trésoreries de plus en plus tendues, la reconversion professionnelle et la procédure collective de liquidation judiciaire auprès du Tribunal de grande instance ne sont pas les uniques voies de sortie. À condition de ne pas tarder et de ne pas laisser la situation se détériorer.

Réagir avant que la situation ne se détériore de trop

La formation aussi peut aider : c’est un temps d’échange avec ses pairs, on peut y trouver de la reconnaissance, se sentir rassuré ou soutenu par ceux qui vivent les mêmes difficultés et qui s’en sortent. Ce premier pas pour aller vers les autres est difficile mais nécessaire. Il va permettre d’être orienté vers les bonnes personnes ressources, ou d’aider à réfléchir, analyser la situation et trouver les pistes de solution aux difficultés rencontrées.

Un sas de décompression

« Sous le poids des difficultés, le nez dans le guidon, on fait souvent le mauvais choix », constate Yvon Bouvier, élu Chambre d’agriculture et membre de la cellule de veille sociale des Côtes d’Armor lors du séminaire sur le thème « Agriculteurs en situation fragile : s’organiser pour les accompagner », organisé par Vivea Bretagne, le 21 juin à Rennes (35). Aussi, « ces temps de formation permettent de prendre du temps pour soi. Ils représentent un sas de décompression en quelque sorte, parfois nécessaire pour se projeter dans l’avenir, où on se recentre sur des données positives, sur ses savoir-faire », explique Nathalie Darras, conseillère relations humaines à la Chambre régionale d’agriculture, en charge de la formation « continuer ou se reconvertir » à laquelle ont participé 200 agriculteurs depuis 5 ans.

« Un agriculteur sur deux choisit de rester dans le métier à l’issue de ces 4 jours de formation », ajoute-t-elle. Camille Bize, travailleur social à la MSA Portes de Bretagne, animatrice de la formation « avenir en soi » fait la même analyse, « C’est une formation ouverte aux salariés, mais nous accueillons de plus en plus d’agriculteurs. 1/3 maintiennent leur activité à l’issue de ces échanges. »

[caption id=”attachment_27870″ align=”alignright” width=”155″]Jean-Pierre  Vallais Référent Vivea Bretagne Jean-Pierre Vallais, Référent Vivea
Bretagne[/caption]

Il n’y a pas quedes problèmes économiques

Problèmes de santé, techniques, surcharge de travail, isolement, pas de reconnaissance du métier et des efforts entrepris, manque de visibilité et de stabilité, relations conflictuelles entre associés… Malgré les a priori, les problèmes rencontrés actuellement ne sont pas uniquement économiques. Et dans un contexte de tension, les facteurs personnels ressortent. La formation n’est pas la seule solution, c’est un des moyens disponibles pour répondre aux problèmes actuellement rencontrés sur l’exploitation. Cet outil permet de rebondir, guider et si besoin orienter vers un nouvel avenir professionnel. Une des priorités de travail du Vivea est de travailler avec et pour ces agriculteurs qui subissent de plein fouet la crise, et en particulier le secteur laitier. Jean-Pierre Vallais, Référent Vivea Bretagne


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