Laurent Vallée a semé de la féverole pour la première fois. Fin juin, il constatait que les gousses avaient noirci après le coup de chaleur, mais les graines étaient plutôt belles. - Illustration De la féverole dans les champs et l’aliment
Laurent Vallée a semé de la féverole pour la première fois. Fin juin, il constatait que les gousses avaient noirci après le coup de chaleur, mais les graines étaient plutôt belles.

De la féverole dans les champs et l’aliment

Au Gaec Vallée-Helleu, la féverole est entrée en novembre dans l’assolement. Extrudée, elle est également au menu des vaches dans un correcteur azoté distribué à l’auge. Pour les éleveurs, les premiers pas sont encourageants.

« C’est la première fois que nous implantons de la féverole », raconte Laurent Vallée, producteur de lait à Saint-Hilaire-des-Landes (35). Lors des deux années précédentes, il a visité quelques exploitations qui ont déjà intégré la légumineuse dans leur assolement. « C’est un risque puisque nous avons semé 12 ha. » Avant de relativiser : « Nous cultivons beaucoup de blé. Or la féverole est un très bon précédent. Elle a pris la place de colza ou d’orge dans notre assolement. »

Pourquoi se lancer dans ce challenge ? Il y a trois ans, suite au départ de deux associés du Gaec, le couple d’éleveurs a opté pour la traite robotisée. Un bras automatisé mobile pose les faisceaux trayeurs aux vaches qui entrent dans les trois stalles. « Dans notre système à 11 ha seulement d’accessibles, les animaux ne sortent pas. Derrière cet essai de culture de féverole et d’intégration de concentrés sans soja dans la ration des laitières, il y a l’idée de recherche d’autonomie protéique et mais aussi d’une image sans-OGM qui pourrait être un atout demain. »

Zéro-soja depuis quatre mois

Les vaches produisent en moyenne 34 kg de lait par jour. Depuis 4 mois, l’alimentation est passée en « zéro-soja ». L’éleveur dresse un premier bilan : « Ce changement n’a pas provoqué de détérioration de la production malgré un rang moyen de lactation d’au moins 6 mois. Concernant l’impact sur la reproduction, il faudra davantage de recul pour l’apprécier. » Distribuée au godet désileur, la ration de base (ensilage de maïs, luzerne brin long et maïs grain humide pour le lot des vaches les plus productives) intègre le nouveau correcteur azoté composé d’un mélange de tourteaux (colza, tournesol, lin) dont de la féverole. Ce dernier est fourni par Valorex qui s’est fait une spécialité des aliments à base de lin extrudé.

« En 2015, notre entreprise s’est engagée dans Proleval, projet de recherche de 5 ans et 17 millions d’euros ayant pour but de conduire la France vers l’autonomie protéique grâce à un traitement innovant pour rendre les graines oléo-protéagineuses plus digestibles et assimilables », explique Béatrice Dupont, directrice du développement pour le fabricant brétillien. « Alors que les surfaces sont en baisse, notre idée est de développer des contrats avec des agriculteurs voulant produire de la féverole dans différents bassins pour limiter les risques quant à l’approvisionnement et de proposer des échanges féveroles – aliments pour les éleveurs que nous livrons. »

112 € / ha de prime Pac en 2016

Fin juin, près de 80 éleveurs sont venus découvrir les parcelles de Laurent Vallée. Les gousses commençaient à noircir, échaudées par le récent coup de chaleur. Mais les graines étaient belles. Avec un tourteau de soja à 300 € / t actuellement, les visiteurs s’interrogeaient sur l’intérêt « d’ajouter une nouvelle culture et donc du travail » sur leurs exploitations, sur la compétitivité économique de la féverole…

À un horizon un peu plus lointain, les cultures oléo-protéagineuses pourraient retrouver de l’intérêt car le prix du soja est sur une tendance de fond à la hausse. « Si ça marche sans soja, pourquoi en réintégrer dans la ration ? », a conclu Laurent Vallée, positif. Il aimerait simplement qu’il y ait davantage de volonté politique à développer ces cultures. La prime Pac pour les protéagineux était de 112 € / ha en 2016, contre 180 € en 2015. 

Des semenciers dans le coup

Valorex traite actuellement 10 000 t de féverole et lupins par an. Grâce à des contrats avec des négociants français et des agriculteurs de l’Ouest, l’entreprise veut relancer la culture de féverole et la valoriser, après extrusion, en volaille et production laitière. Des obtenteurs de semences travaillent ainsi pour repérer et développer des variétés riches en certains acides aminés et améliorer leur rendement technico-économique.


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