Christophe Petit, conseiller relation adhérent Déshyouest, dans une parcelle de luzerne bien implantée. - Illustration Bien implanter sa luzerne
Christophe Petit, conseiller relation adhérent Déshyouest, dans une parcelle de luzerne bien implantée.

Bien implanter sa luzerne

La coopérative Déshyouest, à Domagné (35), a prodigué de précieux conseils sur l’implantation de la luzerne à ses adhérents pour garantir de bons rendements, diminuer le coût de production à la tonne et améliorer la qualité du fourrage.

La luzerne est une culture qui va rester en terre entre 3 à 4 ans selon son état sanitaire. Il est donc très important de réussir son implantation sous peine de pénaliser les rendements. « Augmenter le rendement, c’est diminuer le coût de la tonne de luzerne produite », introduit Alain Benoît, conseiller relation adhérent chez Déshyouest lors d’une journée technique le 27 juin sur le site de déshydratation de Domagné (35). Il conseille tout d’abord aux agriculteurs de bien choisir la parcelle dans laquelle ils vont implanter la luzerne. « Idéalement, elle doit avoir une bonne réserve hydrique, des teneurs en phosphore et potasse suffisantes et un pH proche de 6,5. »

Implanter sitôt l’orge récoltée

La préparation du sol est une étape primordiale. Labourer la terre permet de bien gérer les résidus pailleux pour une meilleure levée et limiter le développement des graminées. Un passage de herse rotative et rouleau est recommandé pour bien rappuyer le sol après le labour. La terre doit être bien émiettée pour obtenir un lit de semence fin car la graine de luzerne à un PMG de 2,2 g soit 16 fois inférieur à une semence de céréale. « Il faut semer le plus tôt possible et dans l’humidité. Un précédent orge est préférable. Une luzerne bien implantée aussitôt l’orge récoltée donne 3 t de MS/ha en plus l’année suivante. On sème à 25 kg/ha de semence inoculée et à une profondeur comprise entre 0,5 cm et 1 cm maximum. Si la graine est mise à 2 cm on ne la verra jamais sortir de terre. Après le semis, nous conseillons de passer un coup de rouleau packer », déclare le conseiller.

Maîtriser le désherbage

La maîtrise du désherbage est aussi une des conditions de réussite de la culture. Si la méthode chimique prédomine, les méthodes alternatives ont tendance à se démocratiser. « La herse étrille, le vibroculteur et le broyeur sont des matériels utilisés. Le vibro est intéressant pour un travail léger entre 1 et 3 cm maximum de profondeur, il décolle alors le pâturin, réoxygène le milieu, réchauffe plus vite le sol et permet à l’eau de mieux s’infiltrer. Sur certaines parcelles, après une récolte par temps humide, il va reniveler le sol sans soulever de cailloux. » Du côté de la fertilisation, la luzerne est autonome en azote mais c’est la seule culture qui a la particularité d’être épandable à raison de 200 unités d’azote efficace maximum par an. Les exploitations sont généralement bloquées avant ce seuil. Il faut se limiter juste sur le fait qu’elle est épandable sous certaines conditions. Les conseillers préconisent un apport 1 000 unités CaO par hectare pour 3 à 4 années de production.

Ensuite, un apport de phosphore, potasse et soufre se réalise en février (avant que la luzerne ne redémarre). Un complément potassique peut-être appliqué ensuite après chaque coupe selon le potentiel de rendement. Si toutes ces étapes sont respectées, l’agriculteur peut espérer obtenir un rendement de 12 à 15 t MS/ha/an. « Déshyouest propose une analyse de valeurs alimentaires sur chaque chantier réalisé chez nos adhérents. La moyenne observée depuis 3 ans (+ de 6 000 analyses) est de 20 % de MAT par rapport à une luzerne du marché standardisée à 17 %. 1 point de MAT supplémentaire, c’est une plus-value de 7,5 €/t », conclut Alain Benoît.

DU TRÈFLE POUR LIMITER LE SALISSEMENT

Pour limiter le salissement, certains agriculteurs sèment un trèfle blanc nain en même temps que la luzerne à la dose de 1,5 kg/ha. « L’idéal est de semer le trèfle blanc à la volée après le semis de la luzerne puis passer le rouleau. Mais il faut faire attention à ne pas surdoser. Le trèfle va alors germer et couvrir rapidement les interrangs. Cette association se développe en bio mais aussi en conventionnel. Cela permet d’anticiper l’arrêt de certaines matières actives, mais également les conditions d’application de plus en plus contraignantes. »


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