Aides Pac : Stéphane Travert tranche pour un transfert du 1er pilier vers le 2e pilier

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Stéphane Travert a annoncé le 27 juillet un transfert de 4,2% du 1er pilier vers le 2e pilier au lieu de 3,33% «afin de satisfaire les besoins identifiés sur le pilier II d’ici 2020», selon un communiqué du Ministère. Ce transfert permettra de compléter le budget pour financer les aides bio, les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) et l’indemnité compensatoire de handicap naturel (ICHN) d’ici 2020 et devait être notifier à Bruxelles avant le 1er août, explique le ministère de l’Agriculture. Les syndicats agricoles avaient effectivement dénoncé un manque de près d’un milliard d’euros dans le budget du ministère de l’Agriculture pour payer ces aides. Par ailleurs, le gouvernement a également annoncé un maintien du paiement redistributif à 10% en 2018.

Colère des syndicats spécialisés de grandes cultures

L’AGPB (producteurs de blé) affiche son «incompréhension totale» après l’annonce qui représente «plus de 160 M€ de prélèvement sur le seul secteur des grandes cultures pour les deux prochaines années». L’AGPM (maïs) a réclamé des compensations : revenir sur l’interdiction des néonicotinoïdes, mettre fin aux sur-transpositions des textes européens, créer une épargne de précaution « souple et efficace », simplifier les procédures pour le stockage de l’eau. La CGB (betteraviers) a souligné que cette décision « est un signal extrêmement négatif au moment du lancement des Etat généraux de l’alimentation» et la fin des quotas sucriers. La Fop (oléoprotéagineux) dénonce quant à elle « la solution de facilité » choisie par le ministre qui devra «rapidement s’exprimer » sur «la réforme de la directive énergie renouvelable » et «un véritable plan protéines».

“Aucune nouvelle conversion biologique” possible, selon la Fnab

La Fnab a dénoncé le budget Pac, estimant qu’«aucune nouvelle conversion biologique ne sera possible» faute de budget. Elle demandait «un fléchage de 3 % a minima du 1er pilier vers le 2e pilier de la Pac pour les seules aides bio», rappelle-t-elle dans un communiqué. Or, Stéphane Travert a décidé de « transférer 4,2 % seulement du 1er pilier vers le 2e pilier pour financer à la fois » les MAEC, les ICHN et les aides à la bio, selon la Fnab, qui y voit « un renoncement majeur » à l’ambition de transition écologique affichée lors des Etats généraux de l’alimentation.

La Confédération Paysanne dénonce une « trahison gouvernementale »

« Le gouvernement a clairement laissé la FNSEA arbitrer la Pac 2018 », dénonce la Confédération Paysanne, après que le ministère de l’Agriculture a annoncé son plan pour pallier le manque de budget de près d’un milliard d’euros pour les versements des aides Pac du second pilier. Pour la Conf’, l’arbitrage du ministère défavorise « les fermes les plus pourvoyeuses d’emplois […] en ne majorant pas davantage les 52 premiers hectares ». Le syndicat se dit également inquiet pour le financement de l’ICHN et craint de voir « sacrifier l’agriculture biologique » avec un retrait de l’aide au maintien. Pour la Conf’, l’annonce du ministère est une « trahison gouvernementale ».

“À l’État d’assumer ses responsabilités”, affirme la CR

« La Coordination Rurale s’oppose fermement au prélèvement sur le premier pilier de la Pac » pour combler le « trou » du second. Pour la CR, cette décision du gouvernement « revient à prendre dans la poche des agonisants pour soutenir les mourants ! ». Le syndicat, qui rappelle la faiblesse des revenus des agriculteurs – plus de la moitié d’entre eux ont touché moins de 354€ de revenu mensuel en 2016 – estime qu’il appartient à « l’État d’assumer ses responsabilités ». Il prévient que sans mesures adaptées, « la colère des agriculteurs […] va exploser ».

La FNSEA dénonce « un hold up inacceptable sur les soutiens à l’agriculture »

La FNSEA dénonce « l’ardoise énorme » laissée par Stéphane Le Foll et le précédent gouvernement. « Ils ont sciemment fait l’impasse sur le financement en 2019 et 2020 d’une grande partie des mesures de développement rural », souligne-t-elle dans son communiqué. Le syndicat majoritaire considère que la gestion du 2ème pilier de la Pac est devenue « une véritable boîte noire » sur laquelle « les agriculteurs exigent dorénavant la plus grande transparence ». Le « prélèvement de 4,2 % sur les soutiens directs perçus par les agriculteurs » est « inacceptable quand de nombreux secteurs traversent une crise grave». C’est un « très mauvais signal à l’heure du lancement des Etats Généraux de l’Alimentation », conclut la FNSEA.


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