td_julien_le_palud - Illustration “Du prix pour sortir de l’impasse”

“Du prix pour sortir de l’impasse”

Lors de l’assemblée générale d’Agir (association qui accompagne notamment les agriculteurs en reconversion professionnelle), Julien Le Palud, vétérinaire rural, a évoqué, avec franchise, son quotidien dans des campagnes en crise.

“À la clinique, nous sommes 7 vétérinaires ruraux. Le véto, intervenant régulier, est souvent perçu comme une personne de confiance. Et même un confident ou un soutien moral pour certains éleveurs. Mais la crise, hier en porc ou en volaille, aujourd’hui en lait et viande bovine, dégrade les situations et parfois les relations. Nous percevons des signes. Des difficultés économiques naissent des tensions entre associés par exemple. Cela est sans doute encore plus difficile quand on travaille en couple. Au cabinet, les secrétaires sont davantage secouées par les clients au comptoir ou au téléphone, généralement pour des choses futiles… Ce n’est pas un scoop, les retards de paiement s’accumulent.

Dans un but d’économie, nous sommes aussi moins appelés. Difficile d’investir 60 € dans une consultation pour un veau mâle qui se vend à peine 10 € actuellement. C’est un cercle vicieux : le véto passe moins, l’agriculteur a moins d’occasion de se confier. Ou, quand on vient, on ne nous parle plus d’autres problèmes repérés, comme une boiterie ou une mammite. Des producteurs sont débordés par une augmentation de cheptel dont ils n’avaient pas les capacités physique, technique ou mentale. Certains ne communiquent plus, n’ouvrent plus la boîte aux lettres, sont résignés ou dans le déni. Face à cela, nous sommes dans l’impasse…

Nous ressentons aussi la fracture entre une société à la semaine de 35 heures de travail avec RTT et vacances et des agriculteurs qui bossent 60 heures pour un revenu négatif actuellement. Une société qui a tendance à faire culpabiliser les « conventionnels » sur l’environnement ou la qualité des produits quand les médias ne parlent que de bio et de bien-être animal. Et le bien-être de l’éleveur ? Il faut absolument que les cours remontent dans les prochaines semaines. Quand les prix sont bons, tout le monde va mieux.”


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