- Illustration Identifier les bonnes dérobées d’été à pâturer
Les conseillers Ronan Abiven et Lisa Bille ont animé la visite de la plateforme d’intercultures estivales implantée à Hillion.

Identifier les bonnes dérobées d’été à pâturer

Poursuivant ses travaux démarrés en 2021, la Chambre régionale d’agriculture a mis en place 9 nouvelles plateformes de dérobées estivales à travers la région.

Jeudi 22 septembre, rendez-vous était donné à Hillion sur la plateforme conduite au Gaec de Lermeleu. « Les étés de plus en plus chauds limitent la valorisation de l’herbe. Le RGA des prairies pâturées s’arrête par exemple de pousser dès 23 °C », démarre Lisa Bille, conseillère Agronomie. « À travers ces essais en ferme, nous cherchons des solutions d’intercultures courtes à pâturer l’été pour assurer une ressource fourragère adaptée aux conditions stressantes. » Objectif : identifier des espèces qui poussent vite, résistent à la chaleur ou la sécheresse et éventuellement repoussent après exploitation. Six modalités sont testées : RGI – trèfle d’Alexandrie (TA) comme témoin, RGI – colza, teff grass – TA, avoine diploïde – TA et avoine diploïde – chicorée – TA.

Prendre le relais du RGA – TB qui cale l’été

« Récemment passés en bio, pour s’abstenir de correcteurs coûteux, nous recherchons des fourrages équilibrés alors que nos prairies en RGA – trèfle blanc s’essoufflent vite en période sèche. Ces dérobées courtes pourraient être une alternative pour prendre le relais », expliquent Jean-Marc et Laurent Guernion , deux des trois associés du Gaec. Chez eux, la plateforme a été implantée le 25 mai. 10 jours après semis, 35 mm d’eau sont tombés. « Entre la battance générée par ces orages qui a pénalisé l’avoine par exemple et l’absence de faux-semis après le précédent maïs, certaines bandes étaient sales. Par contre, le teff grass aux graines minuscules a montré sa vigueur en levant bien malgré les conditions. » Le premier pâturage n’est intervenu que début août (contre au 15 juillet sur la plateforme au Vieux-Bourg), « après une fauche de nettoyage fin juin » et le second début septembre.

De la matière sèche pour amortir les coûts d’implantation

Au fil des expérimentations sur ces dérobées visant « un équilibre énergie-MAT voire un bonus en matière de MAT », le conseiller Ronan Abiven note qu’il y a « des mélanges plus heureux que d’autres ». Pour l’avoine diploïde qui a une bonne valeur alimentaire, il rappelle qu’elle ne doit pas, comme toutes les céréales, être pâturée trop tard : « Si l’épi dans la tige est brouté, elle ne repoussera pas. » Espèce originaire d’Amérique latine et plutôt résistante à la sécheresse, le teff grass, lui, repousse toujours après exploitation. « Sur l’ensemble des plateformes, colza et chicorée s’en sortent le mieux en termes de valeur alimentaire, pouvant atteindre plus de 20 % de MAT et 1 UF par kg de MS. » En moyenne, les bandes des plateformes avaient produit 2,8 t MS/ha en 2021 contre 1,9 t en 2022 qui cumule manque d’eau et excès de température. « Mais attention, si on engage
75 ­€/ha de chantier d’implantation en plus de 50 à 100 € de semence selon le mélange choisi, pour s’y retrouver financièrement, mieux vaut sortir 3 t MS/ha sur les 3 à 6 mois d’exploitation de l’interculture », tempère Ronan Abiven.

En conclusion, pour 2023, conseillers et éleveurs évoquaient « l’idée séduisante d’un mélange colza-chicorée avec un fond de trèfle agressif type variété Huia et de fétuque élevée relativement résistante au piétinement qui prendraient le relais pour une prairie pérenne dans le temps ». À suivre. 

Manque d’UF et de digestibilité

« Pour l’année 2022, en s’appuyant sur les données arrêtées au 31 août, on parle d’un recul de la production d’herbe de 30 à 50 % selon les secteurs par rapport aux statistiques moyenne de la période 2000 – 2021 », rapporte Ronan Abiven du pôle Herbivore à la Crab. Rapportant les résultats de l’Observatoire des fourrages construit à partir des mesures d’herbe réalisées sur les parcelles pâturées de 14 exploitations en Bretagne, le spécialiste précisait que toutes les zones – sèche, intermédiaire et humide – ont été fortement impactées par le manque d’eau et les fortes chaleurs. Un dispositif d’indemnisation est prévu auprès de la DDTM pour les élevages déplorant plus de 30 % de perte pour l’ensemble des fourrages (herbe, maïs…). « L’Administration s’intéresse seulement à la quantité de matière sèche en moins. Mais sur le terrain, il faudrait aussi regarder plus globalement les UF non pâturées ou stockées et la moindre digestibilité », estime le conseiller.

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