Ramené aux 1000 L, le roto ne coûte pas plus cher que la salle de traite traditionnelle en termes de coûts de fonctionnement. - Illustration Le coût de fonctionnement d’une installation de traite varie de 4 à 30€/1000L
Ramené aux 1000 L, le roto ne coûte pas plus cher que la salle de traite traditionnelle en termes de coûts de fonctionnement.

Le coût de fonctionnement d’une installation de traite varie de 4 à 30€/1000L

L’étude Coufomat de la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique a démarré en constatant l’importance des coûts de fonctionnement du robot de traite sur sa ferme expérimentale. Depuis fin 2015, ce travail de relevé s’intéresse à tous les types d’installation. 

Le projet Coufomat, « pour coûts de fonctionnement des machines à traire », s’appuie sur une base de données nourrie par les chiffres réels constatés dans les exploitations. Il a débuté en fin 2015 avec des éleveurs de la zone de Châteaubriant (44). « Salles de traite traditionnelles, rotos, robots… L’étude compile déjà les résultats d’une centaine de fermes », précise Thomas Huneau, de la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique à l’origine de cette initiative née du « suivi rapproché » du robot de traite installé en 2008 à la ferme expérimentale de Derval (44). Après la Loire-Atlantique, la collecte d’informations en Mayenne, Sarthe et Vendée est désormais prévue « pour booster cette base régionale ».    

Peu de différence entre installation classique et manège de traite

À ce jour, Coufomat concerne 48 robots, 13 rotos et 38 salles de traite (épi et TPA). Les coûts de fonctionnement définis par l’étude (ramenés aux 1 000 L vendus) apparaissent naturellement supérieurs aux coûts de maintenance des constructeurs puisqu’ils enveloppent davantage de critères (voir page 11). « Pour les salles de traite, versions traditionnelle ou manège, ils se situent à environ 6,5 € / 1 000 L vendus. Dans une fourchette allant de 3,5 à 13 € pour les installations standard et de 4 à 8 € pour les rotos. Le volume de lait sorti de l’installation fait notamment la différence en diluant certains coûts pour des matériels de même dimension par exemple. » L’hygiène, qui coûte à peu près 2 € / 1 000 L vendus, peut jouer. Par contre, les pannes et l’entretien ne pèsent pas beaucoup.

Dans les salles de traite classiques, Coufomat relève en moyenne 55 000 L de lait vendus par poste et par an. En système roto, le repère tombe à 40 000 L. « Sur le terrain, ces installations ont tendance à être surdimensionnées ou pas assez exploitées. Chaque poste n’est pas optimisé et les vaches sont souvent traites avant d’avoir parcouru les trois quarts d’un tour. On peut souvent se demander quel est l’intérêt d’un manège de plus de 32 postes si le faisceau se décroche à la moitié du roto. » Mais finalement, le roto est proche de l’installation traditionnelle en coût de fonctionnement. « Notons tout de même que nous n’avons pas vu de dépenses éventuelles concernant le système d’entraînement. Ni considéré les coûts liés au bâtiment ou au lavage par exemple. »   

4 800 € par an pour une 2 x 7

Thomas Huneau donne quelques repères tirés de l’étude Coufomat. « Les coûts de fonctionnement tout compris d’une installation 2 x 7 postes double-équipement, sans compteur à lait mais avec un système de dépose automatique des faisceaux trayeurs atteignent 4 800 € HT par an. Pour les rotos, tous équipés de décrochage automatique, le budget oscille entre 5 800 € (sans compteur à lait) et 7 300 € (avec compteurs à lait)… » En robot, compter 7 800 € par stalle en moyenne. « Les marques communiquent souvent sur des contrats de maintenance allant de 4 000 à 4 500 €. Comme nous intégrons d’autres coûts, notre résultat est significativement supérieur », rappelle-t-il.

Des coûts très variables d’un robot à l’autre

Pour les robots, les coûts de fonctionnement se situent en moyenne à 16 € / 1 000 L vendus. Dans l’échantillon, ils varient de 10 € à plus de 30 €. « Là, le volume de lait livré pèse encore davantage. Une stalle qui trait 300 000 L par an dilue beaucoup moins les frais fixes et incompressibles d’un contrat de maintenance qu’une stalle à 800 000 L… » En moyenne, l’étude rapporte 500 000 L de lait vendus par stalle. « Avec de gros écarts, de 220 000 à 760 000 L. » La question de l’âge de l’automate par rapport aux coûts a également été soulevée, « mais nous n’avons pas vu grand-chose ».

[caption id=”attachment_26461″ align=”aligncenter” width=”680″]Thomas Huneau, de la Chambre d’Agriculture de Loire-Atlantique effectue un suivi rapproché des coûts de fonctionnement de l’automate de traite installé à la ferme expérimentale de Derval (44). C’est de là qu’est née l’étude Coufomat. Thomas Huneau, de la Chambre d’Agriculture de Loire-Atlantique effectue un suivi rapproché des coûts de fonctionnement de l’automate de traite installé à la ferme expérimentale de Derval (44). C’est de là qu’est née l’étude Coufomat.[/caption]

Avec le robot, une grosse partie des dépenses est liée aux contrats de maintenance. « Sur le marché, de nombreuses versions existent. Elles diffèrent en fonction des marques, des concessions qui appliquent à la lettre ou pas les propositions tarifaires des constructeurs… » Des factures allant de 2 000 à 7 000 € à l’année ont ainsi été constatées pour des prestations différentes : consommable ou pas, nombre de visites d’intervention préventive pour renouveler les pièces d’usure (comprises ou non) et vérifier les paramètres de fonctionnement du système, part de l’entretien réalisé par l’éleveur…

La manière dont un producteur de lait prend soin de son matériel l’expose « à plus ou moins de pannes dont les réparations sont rarement comprises dans les contrats » : vérification et nettoyage quotidiens, respect de la périodicité de renouvellement des pièces d’usure, surveillance régulière du niveau de quelques indicateurs pour appeler rapidement le SAV en cas de valeur aberrante « afin d’éviter la panne pénalisante », fréquence de remplacement des pièces en caoutchouc… « À Derval par exemple, avec une stalle saturée par 70 vaches traites, les manchons sont à remplacer tous les 17 jours, soit 2 500 traites. »

Savoir combien ça coûte après l’investissement

À l’arrivée, les coûts de fonctionnement apparaissent clairement beaucoup plus élevés en traite automatisée. « Mais attention, il ne faut pas s’arrêter à ce simple constat », précise Thomas Huneau. « Il faut raisonner travail et considérer ce qu’apporte le robot en termes de souplesse d’organisation, de baisse des astreintes physique et horaire et de services liés à la collecte de données et à la surveillance des animaux. »

Pour lui, Coufomat a surtout de l’intérêt pour les personnes investissant pour prendre conscience de « combien cela va leur coûter tous les ans après l’investissement ». Les éleveurs ayant participé à cette enquête « reconnaissent que c’est un suivi qu’ils devraient réaliser chaque année pour suivre l’évolution. »

Coûts de fonctionnement plutôt que coûts de maintenance

« Au départ, il a fallu définir nos coûts de fonctionnement, notamment par rapport aux coûts de maintenance avancés sur le terrain par les fabricants de matériel », précise Thomas Huneau. Ont ainsi été intégrés : toutes les pièces d’entretien, les consommables (manchons, tuyaux, membranes de la coupure de vide…), pièces de renouvellement… Ainsi que les dépenses liées aux contrats de maintenance qui s’appliquent principalement en robot (« Demain, ce ne serait pas illogique de les voir apparaître sur les grosses salles de traite pour faire gagner du temps et de la sérénité dans les grands élevages. »)

Mais aussi le prix des contrôles (Optitraite, compteurs…). Également pris en compte, les pièces de panne « généralement pas prévue, non anticipée et donc souvent associées à de la main-d’œuvre : moteur de la pompe à lait ou à vide, problème suite à un orage, griffe cassée par un piétinement… » Sur les robots, ces pièces sont d’ailleurs beaucoup plus « variées » puisqu’il y a la partie automatisation en plus. « Et puis, avec une machine qui fonctionne 24 h / 24, on est naturellement plus exposé à un risque de panne. » D’autres données plus spécifiques au robot ont été ajoutées comme les dépenses de communication « quand il a fallu installer une ligne spécifique pour assurer la connexion à Internet. »

Ou les coûts de consommable et d’entretien liés aux analyseurs de lait à la ferme (cellules, taux…) en option sur certains automates.   Enfin, les produits de lavage (acide et alcalin chloré généralement) ont également été considérés. « Cela inclut le lavage du bloc traite et du tank puisque ce sont bien souvent les mêmes bidons. » Ainsi que les produits d’hygiène, même si leur consommation ne dépend pas directement de l’installation de traite, mais plutôt de la stratégie d’hygiène de l’éleveur et des technologies dont il dispose. « C’était une bonne occasion de faire un point sur les pratiques du terrain et sur ce que coûte l’hygiène, de relier les choix pratiqués au niveau de pénalité laitière annuelle… » En revanche, Coufomat ne tient pas compte des consommations d’eau et d’électricité des différents systèmes. « Sans sous-compteur lié spécifiquement au bloc traite, c’est trop compliqué de ventiler correctement les dépenses globales. »


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