« La structure du sol doit être bonne pour rendre les bactéries efficientes », selon Dominique Prioul, comme en témoigne le couvert de radis chinois. À gauche, radis issus d’une parcelle témoin ; à droite, d’un champ au sol bien structuré. - Illustration Azotobacter au service des cultures
« La structure du sol doit être bonne pour rendre les bactéries efficientes », selon Dominique Prioul, comme en témoigne le couvert de radis chinois. À gauche, radis issus d’une parcelle témoin ; à droite, d’un champ au sol bien structuré.

Azotobacter au service des cultures

Une société bretonne commercialise une solution qui rend disponible l’azote contenu dans l’air aux cultures. La gestion de la fertilisation est modifiée, les économies réelles.

L’air ambiant contient un peu plus de 20 % d’oxygène, moins de 1 % de gaz carbonique, mais surtout près de 80 % d’azote. Certains végétaux, comme les légumineuses, captent cet azote grâce à la symbiose connue entre elles et des bactéries du sol, les rhizobiums. Celles-ci fixent l’élément présent dans l’air, pour ensuite les restituer à la plante par le biais des nodosités que le végétal fabrique pour abriter ces organismes.

Basé sur ce principe, la mise au point par la société Gaïago recrée ces conditions, mais pour tous types de cultures : le N2 (diazote) présent dans l’air est rendu assimilable par des bactéries libres, et non lessivable.

Nourrir la flore microbienne

[caption id=”attachment_24126″ align=”alignright” width=”268″]Yves Bigot, un des fondateurs de Gaïago, aux côtés de Valérie Jacob, responsable du marketing. Yves Bigot, un des fondateurs de Gaïago, aux côtés de Valérie Jacob, responsable du marketing.[/caption]

Le principe développé par le fabricant basé à Saint-Rémy-du-Plain (35) réside dans un apport de ces bactéries au sol. « La plante sécrète des exsudats racinaires qui nourrissent cette flore microbienne, ce qui leur permettra de se développer. En mourant, cette flore relargue de l’azote dans le sol, qui sera ensuite absorbé par le végétal », explique Yves Bigot, un des fondateurs de l’entreprise. Dès lors, tout végétal en croissance et qui sécrète cette substance nutritive pourra bénéficier des avantages de la solution. « L’application se réalise sur céréales, maïs, prairies, légumes de plein champ, mais aussi sur betteraves ou pommes de terre », ajoute le responsable.

Pulvérisé à raison de 0,5 L / ha, le Free N 100 est aussi utilisable en agriculture biologique, et notamment « en enrobage de semences. Pour les agriculteurs conventionnels, il est conseillé de ne pas mélanger l’activateur de sol avec des fongicides ou insecticides. Il peut en revanche être associé à un désherbage. Enfin, l’eau utilisée ne doit pas être chlorée », ajoute Yves Bigot.

Économies et protéines à la clé

Dominique Prioul est un de ces utilisateurs qui, depuis 4 ans, remarque les bienfaits de ces bactéries sur ses cultures. « J’ai mené un essai la première année d’utilisation sur une demi-parcelle. Le rendement a été identique aux autres champs témoins, autour de 88 quintaux, mais avec un apport azoté diminué de 50 unités. Le taux de protéine a, quant à lui, augmenté de près d’un point », se souvient-il.
Mais il prévient : « Introduire des bactéries doit se faire dans un sol présentant une bonne structure. Lors de l’application, le temps doit être humide, il est même préférable d’avoir une petite pluie ».

L’azotobacter est un organisme se développant dans un milieu aérobie strict, c’est pourquoi les sols compactés ne conviennent pas à son épanouissement. Sur maïs, l’agriculteur a remarqué « un développement du chevelu racinaire plus important. Les amendements organiques, composés de 25 à 30 t de fumier, ont été complémentés de seulement 40 unités d’azote, contre une centaine les années précédentes. Mon exploitation ne produit pas de lisier, mais nous récoltons des céréales et du maïs de qualité, et sécurisons ces récoltes », témoigne l’éleveur.

Plutôt qu’une nutrition immédiate et brutale de la plante, le nuage de bactéries alimente régulièrement la culture. « Le flux constant d’azote est bénéfique pour les plantes, et répond à la demande des fafeurs qui recherchent des céréales riches en protéines ». Pour les exploitations situées dans des bassins versants à contraintes environnementales fortes, l’ajout de bactéries peut être envisagé comme une solution à faible impact en termes de pollution. Enfin, avec un coût/ ha estimé à 40 €, le retour sur investissement s’envisage entre 2 et 3 ans.


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