haricot - Illustration Sans irrigation, le haricot ne fait pas le poids

Sans irrigation, le haricot ne fait pas le poids

Cette année, la différence de rendement entre les parcelles de légumes irriguées et celles qui ne le sont pas est criante. Plus que jamais, la filière se mobilise pour la création de retenues d’eau.

Récoltés précocement dans la saison, les épinards et les pois n’ont pas souffert de la sécheresse estivale. Les haricots et les flageolets n’ont pas eu cette chance. Les parcelles non irriguées ont produit jusqu’à 46 % de moins cette année en zone séchante. Un manque à gagner allant jusqu’à 800 € par hectare pour les producteurs. Dans le même temps, les producteurs irriguants ont enregistré des rendements et une qualité supérieure aux moyennes des années précédentes. « 5 à 6 % de volumes de haricots en plus par rapport au prévisionnel », précise Alain Le Colleter, responsable haricots et irrigation, à la Cecab. L’eau, le soleil et la chaleur ont fait bon ménage. L’écart est quand même important entre producteurs, de – 2 % à + 20 % de rendement.

« Chez certains adhérents, quelques parcelles n’ont pas pu être irriguées jusqu’à la fin du cycle ; il a manqué un à deux tours d’eau ». En cause, des réserves trop petites, compte tenu des besoins de l’année. Les flageolets ont tenu leurs promesses chez les irriguants. Le prévisionnel a été respecté. Chez les non-irriguants, le volume produit est en baisse de 33 % par rapport aux moyennes des années antérieures. Tous les « petits » légumes – carottes, choux, navets… – sont produits sur des parcelles irriguées. Aucune baisse de rendement n’est constatée.

Risques de refus à l’usine

Sur les 850 producteurs de la Cecab, 260 arrosent leurs légumes. Généralement les plus gros fournisseurs. En haricot et flageolet, l’irrigation ne concerne que 56 % des surfaces. Cette année, les industriels n’ont donc pas reçu les volumes escomptés. « Nos clients ont été informés de la sous-réalisation qui pointait », poursuit Alain Le Colleter. « Ils s’adaptent en faisant des choix de fabrication en fonction de leurs stocks et de leur demande ». La vingtaine de techniciens de la coopérative qui sillonnent la campagne en été procèdent à des échantillonnages pour estimer la qualité des récoltes à venir.

« Pour respecter le cahier des charges défini avec les clients, nous avons dû, chez les non-irriguants, anticiper les dates de récolte pour éviter la présence de fils dans les haricots ou contenir le taux de matière sèche en flageolets (grain trop mûr) qui sont autant de causes de refus à l’usine ». Cette anticipation préserve une certaine qualité mais entraîne la baisse des volumes récoltés. « Les producteurs raisonnent sur plusieurs années ; il ne faudrait pas une ou deux années comme celle-ci à suivre. Le risque de les voir abandonner la production de légumes transformés est réel. Nous aurions un sérieux problème d’approvisionnement ».

Atteindre 80 % de surfaces irriguées.

Les bassins de production concurrents assurent plus facilement leurs rendements. Le Sud-Ouest et les plaines du sud de la Beauce irriguent à 100 % leurs parcelles. Dans les Hauts de France, la proportion atteint 90 à 95 %. La Bretagne a tout intérêt à augmenter les surfaces arrosées pour assurer l’avenir de cette filière. « Il faudrait atteindre rapidement 80 % de surfaces pour assurer la qualité des produits et les contrats passés avec nos clients ». La capacité des réserves existantes est, en moyenne, de 25 000 m3 soit 1 000 à 1 500 m3 par hectare irrigué. Les projets actuels sont dimensionnés à 40 000 m3, voire plus. Le coût est de 2 à 4 € par m3 stocké avec des matériaux naturels. En géomembrane, ce coût atteint 10 à 12 € par m3. La filière demande simplement la création de retenues collinaires avec remplissage hivernal par ruissellement. « Cela représente 0,2 % de la lame hivernale… ».

Rien qui ne puisse porter atteinte à l’environnement. Cette demande est pourtant bloquée pour des raisons écologiques. Le lieu de création (interdit en zone humide fonctionnelle) et le mode de remplissage sont sujets à controverse. Actuellement, treize projets sont dans les tuyaux chez les adhérents de la Cecab. Ils attendent le déblocage des subventions de la Région, indispensables pour assurer la rentabilité de l’investissement.

L’espoir renaît depuis 15 jours
Le dossier de demande de subventions pour la création de réserves, réalisé par l’UOPLI (Union des organisations de producteurs de légumes industrie), circule entre la Région et la commission de l’Union européenne depuis 2014. Début octobre, la commission a transmis un avis favorable à la Région. Celle-ci peut désormais débloquer des fonds pour aider financièrement les producteurs lors de la création ou de l’agrandissement des réserves. Elle juge que l’opération n’enfreint pas les règles de concurrence entre pays. Ces aides sont nécessaires pour assurer une rentabilité. La balle est donc dans le camp de nos élus. Jean-Yves Le Drian a rappelé récemment, lors d’une visite dans nos usines, qu’il était favorable au soutien de la filière légumes. Nous avons bon espoir d’un déblocage de la situation. La création de réserves est vitale pour assurer l’avenir de notre filière. Jean-Claude Orhan, président OP Cecab


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