truie porcelet - Illustration Les trésoreries restent préoccupantes en porc

Les trésoreries restent préoccupantes en porc

En 2015, les éleveurs de porc ont redoublé d’efforts pour diminuer les coûts de production. Les résultats sont encourageants mais restent insuffisants pour sécuriser la rentabilité. Analyse.

En France, en 2015, le prix de kilo de carcasse de porc a reculé de 6,7 % par rapport à 2014 dont le prix moyen était déjà en repli. Fixé à 134,84 €/ 100 kg, le prix 2015 reste dans la moyenne décennale. En revanche, il régresse respectivement de 7 % et de 12 % par rapport aux moyennes quinquennale et triennale. Cependant, cette dépréciation du prix payé s’accompagne d’une baisse du coût de production qui passe de 148,8 € à 139,8 €/100 kg de carcasse. Cette diminution est notamment due à de meilleurs résultats techniques dans les élevages et à des coûts alimentaires plus bas.

25,5 porcs par an

Face à une crise conjoncturelle et persistante, la productivité des élevages est en constante amélioration. De meilleurs résultats techniques qui reflètent les efforts entrepris par la filière sur la génétique porcine et la valorisation alimentaire. En 2015, les cheptels français se composent de 214 truies en moyenne. Ces dernières produisent 25,5 porcs par an, soit une hausse non négligeable de 0,47 porc depuis 2014 et de 3 porcs depuis 10 ans. La productivité augmente et la performance alimentaire s’améliore fortement. Ainsi, en 2015, un kilo de porc produit nécessite 2,88 kg d’aliment contre  2,93 kg en 2014.

-6% de coût de production

En parallèle, le prix de l’aliment enregistre une baisse de 5 % par rapport à 2014, et de 17 % par rapport à 2013, pour se fixer à 254 € par tonne. Les économies réalisées sur l’aliment ont permis de compenser en partie le prix très bas payé au producteur. Le coût alimentaire moyen s’établit à 89 €/100 kg de viande produite et représente 68 % du coût de production. Toutefois, on remarque une variation de 24 €/ 100 kg entre le groupe des 25 % meilleurs et celui des 25 % inférieurs. Cette différence correspond à des écarts de productivité de 1,55 porc par truie et par an et d’indice de consommation de 0,21 point. Malgré tout, la diminution du coût alimentaire et l’amélioration de la productivité ont permis d’amortir  les charges fixes et certaines charges liées aux cheptels  reproducteurs. Le coût de production en est impacté positivement puisqu’il baisse de 6 % pour s’établir à 139,8 €/100 kg.

80 % de taux d’endettement

Si le prix de l’aliment fait reculer le point d’équilibre de 12 €/ 100 kg, le prix payé ne permet toujours pas d’atteindre les 143 €/ 100 kg nécessaires avec pour conséquence un solde de trésorerie négatif. L’Éxédent brut d’exploitation (EBE) de 18,31 €/100 kg permet difficilement aux producteurs de prélever de l’argent pour vivre une fois les annuités remboursées. Le taux d’endettement de 80 % reste préoccupant notamment au regard des grandes disparités entre les élevages. En effet, seuls 26 % d’entre eux ont un endettement inférieur à 60 % tandis que 37 % ont un endettement supérieur à 100 %. De plus, la part de dettes à court terme reste élevée.

Inversement de tendance

2015 a été marquée par la perte de certains marchés tels que la Russie qui représentait 25 % des exportations de viande porcine et l’augmentation de la production européenne. Par conséquent, le prix rémunérateur français, fixé sur une tendance mondiale, a chuté de 6,7 % par rapport à 2014. Il a été pourtant maintenu à 1,40 € pendant plusieurs semaines suite aux mouvements de protestation entamés par les producteurs français. Cependant, il semble que la tendance s’inverse grâce au repli de la production chinoise. La Chine, le plus gros consommateur de viande de porc du Monde, est dans l’obligation d’en importer une quantité non négligeable en provenance de l’Union européenne. Une aubaine pour les producteurs français si toutefois les prix restent rémunérateurs sur le second semestre 2016.

Jean Christophe Séité / Cogedis


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