td_space2016_montbeliarde-2 - Illustration SPACE 2016 / Portrait d’éleveurs : “Le National est un défi qui met la pression”

SPACE 2016 / Portrait d’éleveurs : “Le National est un défi qui met la pression”

Naisseur de plusieurs taureaux et président du syndicat de race de la Mayenne, Patrick Bruneau, du Gaec des Grands Cormiers à Bouère (53), est un ardent défenseur de la vache Montbéliarde. Il est impatient de retrouver la petite famille de la race au Space.

« La Montbéliarde, je suis tombé dedans quand j’étais petit », raconte Patrick Bruneau, installé en Gaec à Bouère (53). Comme dans beaucoup de fermes en Mayenne à l’époque, ses parents élevaient et trayaient des Maine Anjou, devenues aujourd’hui la Rouge des Prés réorientée vers la production de viande. « À la recherche d’une race plus laitière, mais ne voulant pas changer de couleur de vache, en 1978, mon père a acheté sur un marché sarthois deux Montbéliardes. J’avais 10 ans quand les premières sont arrivées. J’ai accroché tout de suite. » Trois voyages dans le Jura se sont ensuite succédé pour rapporter à chaque fois 10 animaux. « En 1981, tout le cheptel était passé en Montbéliarde… », raconte le passionné qui est, depuis 5 ans, président du syndicat départemental de race.

[caption id=”attachment_22017″ align=”aligncenter” width=”800″]Patrick Bruneau et Ikéa, préselectionnée pour le Space. Patrick Bruneau et Ikéa, préselectionnée pour le Space.[/caption]

Aujourd’hui, il continue d’apprécier la vache de Franche-Comté pour « sa rusticité, sa facilité de conduite et sa faculté d’adaptation aussi bien en bio qu’en système de traite robotisée à plus de 10 000 kg par an. » Une vache moderne dont « les points forts fonctionnels –longévité, reproduction et cellules– plaisent à tous ceux qui changent de race » pour l’adopter.

« Au Space, des liens se créent »

Ne ratant pas l’opportunité de promouvoir la race, le Gaec participera au Space pour la 4e année consécutive. « À mes yeux, ce n’est pas forcément le concours en lui-même le plus important. Nous sommes souvent débordés de boulot et c’est d’abord l’opportunité de s’évader un peu. Ensuite, c’est une occasion unique de rassembler les éleveurs de l’Ouest qui se croisent peu sinon. Nous sommes une petite famille. À Rennes, il y a aussi les équipes de l’OS Montbéliarde et des unités de sélection… Le soir, quand le salon a fermé ses portes, le moment est privilégié pour échanger. Des liens se créent… »

Cette année, sur le ring, l’élevage des Grands Cormiers sera représenté par Ikéa (Apollo JB x Mic Mac). La mamelle est le point fort de cette primipare qui a vêlé en juin. « Une attache forte et haute à l’arrière, et longue à l’avant », détaille Patrick Bruneau. Au départemental de Mayenne en juillet, elle présentait l’un des meilleurs pis du concours. Son propriétaire apprécie aussi son caractère « docile » malgré un pedigree paternel « à tempérament ».

Mais le Space sera surtout le théâtre d’un concours national qui n’avait pas fait étape en Bretagne depuis 2003. « Même si le contexte laitier n’est pas propice à en tirer des bénéfices à court terme, c’est un challenge qui met la pression. Une fierté d’accueillir les éleveurs du berceau de la race et des autres régions », relève Patrick Bureau qui est aussi trésorier de la Fédération Montbéliarde de l’Ouest (Fémo) qui rassemble en son sein les syndicats de race de Bretagne, Pays de la Loire, Normandie et Poitou-Charentes. « Tous les ans, le Space est l’événement n°1 pour nous. Et là, avec le National, le défi est encore plus beau. La race présentera 58 vaches contre 28 places habituellement à Rennes. » En marge des championnats, la Fémo organise également des animations comme la visite de l’EARL Dabo (70 laitières) mardi 13 septembre à Bourgon (53). Une section « jeunes présentateurs » devrait aussi être organisée par les Jeunes éleveurs Montbéliardes de l’Ouest (Jémo). »

Naisseurs d’Esprit JB

« Travailler pour la race, pouvoir participer à son évolution… » C’est une fierté, un leitmotiv pour les associés du Gaec chez qui plusieurs taureaux sortis sont nés. « Nous avions de la bonne génétique sur l’exploitation. Mais c’est le passage à la génomique qui nous a révélés. Son intérêt est l’exploration large des pedigrees à la recherche de nouvelles souches maternelles. C’est comme ça que les premiers taureaux « D » sont sortis d’ici il y a 8 ans comme Diablo JB. » Mais paradoxalement, « celui qui marquera le plus la race est certainement Esprit JB » (publié au catalogue en 2015) dont la sélection est passée par la voie du testage. « C’est un mâle « variable », issu d’une lignée peu utilisée, bon en morphologie et en lait. »

Des qualités qui résument la manière dont Patrick Bruneau appréhende les accouplements. « Personnellement, je me bats pour la variabilité, pour découvrir et maintenir de nouvelles souches. À l’heure des choix, je retire peu de taureaux de ma liste, préférant plutôt trouver une vache qui pourrait être complémentaire. Je laisse même une chance à des mâles négatifs en taux. On a intérêt à utiliser le plus large panel de taureaux possible et veiller, en s’appuyant sur les tableaux de parenté de l’OS, à ne pas tomber dans la consanguinité. »

[caption id=”attachment_22015″ align=”aligncenter” width=”800″]Toutes les génisses sont génotypées à la recherche de nouvelles souches, sources de variabilité génétique pour la race. Toutes les génisses sont génotypées à la recherche de nouvelles souches, sources de variabilité génétique pour la race.[/caption]

Génotyper pour aider la race

« Plus nous, éleveurs, génotypons les animaux, plus nous aidons la race à la recherche de pedigrees intéressants. Chez nous, certains veaux sont testés par les unités de sélection. Ensuite, de notre côté, nous testons le reste. On est parfois surpris : il arrive qu’il y ait des écarts de 25 à 45 points d’Isu entre deux jumelles ou deux femelles issues d’un transfert embryonnaire qui ont le même pedigree. »


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