Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle (à gauche), et Olivier Allain, vice-président du Conseil régional de Bretagne en charge de l’agriculture. - Illustration L’adaptation d’Ecophyto bientôt sur les rails
Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle (à gauche), et Olivier Allain, vice-président du Conseil régional de Bretagne en charge de l’agriculture.

L’adaptation d’Ecophyto bientôt sur les rails

Face à un échec d’Ecophyto sur les consommations de pesticides, Dominique Potier, député PS, souhaite donner un nouvel élan au plan. Il a évoqué ses propositions lors d’une réunion au Rheu.

Certes, on peut se dire que l’augmentation de l’utilisation des produits phytosanitaires est plus importante dans d’autres pays, que les cultures étaient bien payées poussant les agriculteurs à aller chercher le dernier quintal, que la météo n’était pas favorable… Force est de constater que « le bilan d’Ecophyto n’est pas bon », a souligné Dominique Potier. En 2014, la consommation de pesticides a augmenté de 9,4 % par rapport à 2013 qui avait déjà connu une hausse de 9 %. En moyenne, l’accroissement est de 5,8 % entre 2011 et 2014. « Un autre facteur favorise leur consommation : l’agrandissement massif des exploitations qui a provoqué un retournement de milliers d’ha de prairies ».

« Une révolution culturelle »

Agriculteur, député de Meurthe-et-Moselle, et auteur du rapport « Pesticides et agro-écologie, les champs du possible », il était l’invité d’une réunion-débat organisée par la Fédération d’Ille-et-Vilaine du Parti socialiste, le 30 mars au Rheu. Rappelons que le plan Ecophyto avait été lancé dans le cadre du Grenelle de l’environnement en 2009 et visait une réduction des produits phytosanitaires de 50 % à l’horizon 2018. « Une bonne initiative qui a provoqué une révolution culturelle, en particulier chez les agriculteurs qui ont vraiment pris conscience des enjeux pour leur santé. » 200 000 agriculteurs ont obtenu le Certiphyto.

Suite au bilan à mi-parcours, une adaptation du plan, Ecophyto 2, va sortir prochainement, devant repousser l’échéance des – 50 % à 2025. « Ce n’est pas de l’utopie », pour le député qui s’appuie sur les bons résultats obtenus sur les fermes Dephy. Certains agriculteurs ont réussi en 3 ans à baisser leur utilisation de 10 %, 20 %, voire plus selon les productions, en conservant leur revenu.

Intensif avec peu d’intrants

Également présent au débat, Olivier Allain, vice-président du Conseil régional de Bretagne en charge de l’agriculture, souligne que « des systèmes très intensifs sont possibles avec peu d’intrants, en développant les processus naturels, avec des rotations adaptées, des couverts, des légumineuses… Ils sont en plus économiques. » Sur son exploitation de 110 ha, le chargement est de 2,3 UGB/ha, « avec très peu de chimie. Vu les cours du marché, un bon producteur de vaches allaitantes est d’abord un bon producteur de fourrages de qualité à pas cher. »

Moins de gaspillage

À court terme, « une baisse de 20 à 25 % est envisageable. Elle représente le gaspillage qui a été chiffré par les instituts techniques. L’optimisation est possible, même si elle n’est
pas si simple : elle demande de la technique, du matériel adapté… » Pour aller au-delà, le député évoque des solutions comme le biocontrôle – « la France est avancée sur cette thématique » -, les nouvelles technologies (robotisation…) et la génétique, en allant puiser dans les collections de variétés anciennes. « Le rallongement des rotations est également un levier conséquent qui peut s’appuyer sur le Plan protéines. »
Ecophyto 2 devrait aussi voir le nombre de fermes Dephy passer de 2000 à 3000, pour que leurs actions puissent rayonner plus largement. Le contrôle du foncier et le dialogue avec les consommateurs sont d’autres pistes évoquées.

Faisant référence au rapport de l’Inserm qui pointe du doigt les dangers de l’exposition aux pesticides (cancers, maladie de Parkinson…), certains participants parlent « d’urgence à agir. » Mais sans harmonisation européenne, « des filières pourraient s’effondrer et des aliments d’importation, avec moins de contrôles sanitaires, arriveraient sur nos marchés », note Dominique Potier qui souhaite renforcer la politique de transition.


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