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Baisse des surfaces de maïs semées

La région va connaître une baisse de la part réservée au maïs cette année. Cette tendance, plurifactorielle, contraste avec une culture maîtrisée et stable en rendement.

Dans les campagnes, la fourmilière s’active. Les épandages de matières organiques se terminent, les outils sont attelés, les semences sont arrivées. Les semis de maïs, culture essentielle à bon nombre d’éleveurs, démarrent. Toutes les attentions sont portées pour une bonne mise en terre, car les récoltes de grain ou d’ensilage viendront assurer un stock nourricier tout au long de l’année. La Bretagne sème des variétés très précoces à demi-précoce, et par son climat particulier, évitant souvent les pics de sécheresse, s’en sort bien. Pourtant, la sole de maïs de la ferme bretonne diminue cette année, de l’ordre de 4 %.

La sole de maïs de la ferme bretonne diminue cette année, de l’ordre de 4 %.

Tous les acteurs du marché de la semence tirent les mêmes conclusions. « Les surfaces de maïs grain dégringolent de 7 à 8 %. Le marché du fourrage devient étale voire est en légère baisse. Les rendements corrects de l’automne dernier, additionnés d’une période de pâturage plus longue font que les stocks sont importants », explique Benoît Renoult, de chez Advanta. Rémy Guého, de chez KWS, ajoute que « les éleveurs ont anticipé leurs semis, avec plus de céréales d’hiver. Le regroupement des exploitations et le progrès génétique des variétés ont aussi tendance à faire baisser les surfaces de maïs : 150 kg de MS/ha et par an sont gagnés en France depuis 15 ans. Les variétés qui produisaient 13 tonnes de MS/ha en 2000 en produisent aujourd’hui 17 », chiffre-t-il. La Bretagne s’apprête à semer 440 000 ha de maïs, soit 20 000 ha de moins que l’année passée.

Un séchage coûteux

Selon Michel Le Friant, responsable du pôle céréale chez Caliance, « 70 % des maïs ont pour destination un ensilage. Les 30 % restant alimentent les unités de fabrication d’aliments à la ferme (Faf) ou sont livrés chez des collecteurs. C’est cette portion qui diminue le plus ». En cause, une rentabilité de la culture qui n’est pas au rendez-vous : des intrants et des semences coûteuses, et surtout des frais de séchage conséquents dans la région, « quand l’Aquitaine, l’Ukraine ou la Russie récoltent des grains secs. Nous sommes pénalisés par des frais de séchage de 30 €/t. Un point d’humidité de plus à la récolte, c’est immédiatement 1,5 € /t de frais supplémentaires », chiffre le responsable.

Les semis démarreront la semaine prochaine, autour du 25 avril. La portance des sols et la fraîcheur des terrains ont repoussé d’une huitaine de jours les chantiers de semis par rapport à l’année dernière. Les surfaces de maïs sous plastique diminuent, du fait du retard engendré par les conditions humides. Peu d’agriculteurs livrent leur maïs grain dans le secteur, et préfèrent semer des céréales à l’automne, d’autant plus que les conditions étaient bonnes en 2015. De nouvelles cultures apparaissent, comme le pois. Pour le maïs, nous travaillons sur des itinéraires techniques qui, sans changer le système de production, améliorent les teneurs en protéines du grain, afin de réduire les consommations de soja en élevage laitier.Pierre-Henri Hamon, Entrepreneur en travaux agricoles à Guer (56)

Paradoxe des fabricants d’aliment

Le séchage forcé réalisé par les fabricants d’aliment a des conséquences sur les qualités technologiques des grains de maïs. « La collecte de grain est concentrée entre la dernière semaine d’octobre et le 15 novembre, pour que les producteurs trouvent le meilleur compromis entre stade de maturité du maïs et date optimale pour les semis de céréales à paille. Conséquence : les points de collecte connaissent des périodes courtes et intenses, avec une marchandise qu’il faut sécher rapidement. L’air chaud des séchoirs, à 110 °C, dégrade la digestibilité des grains pour les porcs et volailles, avec une altération des sucres et des protéines. En changeant de pratique, comme sur notre site de Plouisy (22), avec une température plus douce de 90°C, la qualité de séchage s’améliore et mieux, laisse augurer des coûts de séchage moindres pour le producteur, grâce à une consommation d’énergie plus faible ». Déficitaires en grain, les fabricants d’aliments font venir de la marchandise d’autres régions, notamment pour le secteur avicole, gourmand en maïs dans ses formulations d’aliments.

La Chine, grenier du monde

Les faibles cours mondiaux dissuadent les producteurs de semer du maïs, la culture n’étant pas synonyme de rémunération. Pourtant, la forte volatilité du marché a donné de bonnes surprises. « La Chine détient la moitié des stocks mondiaux de grain, à hauteur de 109 millions de tonnes. Avec une politique d’incitation aux producteurs, avec des garanties de prix élevés mis en place par l’État, les fabricants chinois sont venus chercher des céréales en Europe… C’est maintenant le soja qui est entré dans une politique de production », explique le responsable.

Cette forte dépendance aux politiques mondiales bouscule parfois le marché du maïs. « 2009 peut être comparée à cette année : les cultures se présentaient très bien dans le monde, notamment aux USA, puis les forts incendies de Russie ont conduit ce pays à stopper ses exportations. Les cours ont enregistré un pic spectaculaire. Il peut se produire un incident majeur qui aura forcément des répercussions sur les cours », rappelle Michel Le Friant. Sur un marché qui donne le sentiment d’une offre pléthorique, la Bretagne a peut-être une carte à jouer avec une espèce qui valorise très bien les fertilisations organiques.


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