Engraissement : reconstruire pour gagner en performances

Jean-François Mathurin est naisseur-engraisseur à Pleyben (29). Suite à l’agrandissement de son élevage en 2014, il décide de reconstruire une partie de son engraissement. Retour sur des choix techniques récompensés par une nette amélioration des performances. Depuis 2003, Jean-François Mathurin élève 140 truies, avec son salarié Philippe, et dispose de 1 180 places d’engraissement. Lorsque son voisin naisseur-engraisseur part à la retraite, l’éleveur rachète la structure. « Nous devions augmenter le cheptel pour viabiliser le système. En achetant cette exploitation en 2014, j’ai fait un pari sur l’avenir », explique l’éleveur. « En revanche, il n’était pas question de continuer à travailler avec mes vieux bâtiments. Nos conditions de travail et le vieil engraissement ne répondaient plus aux exigences. L’ambiance était mauvaise, les indices de consommation trop élevés. Je devais allumer le chauffage en hiver pour dépasser les 15°C dans les salles », déclare l’éleveur. 778 places reconstruites C’est donc naturellement qu’il se tourne vers Olivier Podeur, technicien bâtiment Triskalia, pour dessiner les plans du nouvel engraissement. Objectif : construire un bâtiment autonome de 778 places pour gagner en performances et en confort de travail. L’éleveur lance un appel d’offres, remporté par Elibat, pour l’étude de faisabilité du projet et les démarches administratives. Pour son plan d’épandage, il a la chance de pouvoir compter sur son voisin, éleveur laitier, qui lui met des terres à disposition. Dès l’obtention du permis, le terrassement commence : « Nous avons fait appel à Nicolas Espern, de Combrit (29). Nous avons profité de ce moment pour construire une plateforme de stockage du matériel à proximité des bâtiments », explique-t-il. Ensuite, la société Avry Le Corvaisier a pris en charge les travaux de maçonnerie, Pigeon Préfa pour les élévations, suivis par Rose-Eludis pour la charpente, la couverture et l’isolation, Fournier pour les aménagements et CST pour la ventilation et soupe. Et le résultat final est très satisfaisant : « Le bâtiment est aussi fini qu’une maison individuelle. Nous avons réalisé nous-mêmes une partie des aménagements individuels et notamment la pose des caillebotis », déclare l’éleveur. Ventilation à trappes En visitant un élevage à Plonévez-Porzay (29), Jean-François Mathurin a été séduit par un système de ventilation à trappes. Véritable innovation pour son exploitation, ce dispositif, marginal au départ, se développe de plus en plus dans les élevages bretons. Proposé par la société Tuffigo, il permet aux éleveurs de piloter le climat des salles indépendamment de la température extérieure. Dans un premier temps, l’éleveur paramètre les consignes de température qu’il souhaite obtenir dans chaque salle. Ensuite, sonde de température et dépressiomètre fonctionnent de concert pour piloter l’ouverture ou la fermeture des trappes. « Par rapport à un système classique, l’éleveur pilote le climat des salles au plus près des besoins des animaux. Cela permet également un bon brassage de l’air, ce qui évite les zones mortes », explique Olivier Podeur. Les ventilateurs sont à économie d’énergie ce qui permet de réaliser une économie de 80 % par rapport à un ventilateur standard. Aides PCAE Pour l’éleveur et son salarié, c’est une révolution, une autre façon de travailler. À noter que cet investissement entre dans le cadre du Plan pour la compétitivité et l’adaptation des exploitations (PCAE) à hauteur de 25 % (volet 411b). « Grâce à ces choix techniques, la rénovation du bâtiment nous a coûté 300 €/ place. Je n’intègre pas ici le terrassement un peu particulier car il a fallu aplanir 7 mètres de dénivelé », détaille l’éleveur. C’est un bâtiment totalement autonome, qui ravit l’éleveur. Lui et son salarié ont optimisé leur temps de travail. Et pas seulement : « Les résultats techniques se sont nettement améliorés. Nous avons gagné 10 jours d’âge à l’abattage et 0,3 point d’indice. Aujourd’hui, les charcutiers pèsent 1,5 kg de plus. Et il faut dire aussi qu’au niveau sanitaire c’est le jour et la nuit : je ne connais plus de grippe ni de mycoplasmes. » Malgré ces bons résultats, Jean-François Mathurin n’est pas serein face à la conjoncture. « C’était un projet qui était dans les tuyaux en 2013. Si la situation ne se redresse pas d’ici la fin de l’été, cela risque d’être très difficile », explique-t-il. Son conseil : savoir s’entourer. « Il est indispensable de pouvoir compter sur le soutien des partenaires et des familles. Ils sont en mesure de nous apporter beaucoup et de nous soutenir. J’ai toujours gardé l’esprit coopératif, cela m'a permis d’avancer même dans les situations délicates », conclut l’éleveur.

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