Prix annuel du lait payé au producteur - Illustration Chute de la rentabilité de l’élevage laitier en 2015
Prix annuel du lait payé au producteur.

Chute de la rentabilité de l’élevage laitier en 2015

Après un niveau record en 2014, le prix du lait plonge en 2015. Conséquences : les éleveurs doivent faire face à une forte baisse de la rentabilité. L’impact de cette mauvaise conjoncture est d’autant plus préjudiciable pour les exploitants n’ayant pas pu dégager de marge de sécurité l’an passé.

Depuis la fin 2014, l’équilibre offre-demande est rompu. D’un côté on assiste à la progression de la production mondiale et de l’autre au ralentissement de la demande, freinée par l’attentisme des acheteurs chinois et l’embargo russe. Les stocks de produits laitiers s’accumulent. Malgré un récent tassement de collecte chez les principaux exportateurs, notamment USA et Nouvelle-Zélande, les cours des produits industriels restent sous pression.

Chute du prix du lait

Le marché français des produits de grande consommation (plus de la moitié de la collecte) est morose avec une consommation en baisse. Au final, la conjoncture se retourne et le prix du lait payé aux producteurs chute depuis un an malgré l’accord du 24 juillet dernier. Déjà perceptible dans les trésoreries, la baisse va se ressentir progressivement dans les résultats comptables. Le prix payé aux producteurs devrait plafonner à 315/320 euros les 1 000 litres sur l’année 2015 soit une baisse de près de 60 euros par rapport à 2014. Cette dégradation s’explique par la baisse du prix A, la chute du prix B (223 euros en prix de base sur l’année 2015) et la présence de lait C (entre 66 euros et 80 euros en prix de base).

[caption id=”attachment_10592″ align=”aligncenter” width=”800″]Prix annuel du lait payé au producteur Prix annuel du lait payé au producteur.[/caption]

Une rentabilité  en berne

Globalement les coûts ont été couverts et les éleveurs ont dégagé en moyenne une marge nette d’autofinancement positive en 2014. Ce n’est plus le cas depuis le début de l’année 2015. La rentabilité fléchit avec un EBE qui chute de plus de 30 euros / 1 000 litres à un niveau insuffisant pour faire face aux annuités bancaires et aux besoins privés. La marge de sécurité devient quasiment nulle, voire négative. Les charges opérationnelles sont cependant bien maîtrisées sur cette même période. Le coût alimentaire affiche une baisse de 7 euros pour se situer à 94 euros  les 1 000 litres. Ce repli s’explique à la fois par la baisse du coût de concentré et du coût fourrager. Le coût de la surface fourragère reste stable mais le chargement à l’hectare a nettement progressé à 1,66 UGB/ ha suite à la bonne campagne fourragère de 2014. Les autres produits de l’atelier lait (réformes, veaux de huit jours) affichent également un repli. Dans le même temps, les producteurs ont dû faire face à une diminution des marges des cultures de vente 2014. Par contre, la campagne 2015 s’annonce meilleure notamment en céréales à paille. À noter que les aides Pac sont aussi en baisse. Les charges de structure se stabilisent et la hausse du volume livré (+ 10 % en 2 ans) permet de limiter leur impact. Au final les laitiers spécialisés vont voir leur revenu baisser de 10 à 15 000 euros /UTHF sur l’année 2015.

Faire face à la volatilité des cours

Les trésoreries sont donc mises à mal. Le point d’équilibre moyen (entre 355 et 360 euros) n’est plus couvert. Ces chiffres sont d’autant plus préoccupants qu’ils recouvrent des situations très contrastées d’un éleveur à l’autre. Les éleveurs les plus fragiles qui n’ont pas pu dégager une marge de sécurité en 2014 doivent déjà faire face à une situation financière délicate.  Au vu de la variabilité des résultats, il sera de plus en plus nécessaire de raisonner en « pluriannuel ». La gestion de la trésorerie et la maîtrise des coûts restent des facteurs déterminants pour accroître sa capacité de résistance lorsque les prix décrochent. Il faut cependant espérer une remontée rapide des prix du lait pour  renouer avec les perspectives annoncées sur un marché mondial structurellement porteur. Geneviève Audebet


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