Arrêter le lait pour les cultures ?

 - Illustration Arrêter le lait pour les cultures ?

À l’occasion du départ d’un membre de l’exploitation, les associés peuvent se poser la question de l’arrêt de l’activité laitière au profit des cultures. Est-ce un bon calcul ?

Faut-il abandonner la production laitière au profit des cultures ? Prenons l’exemple de M. Dupré, en Gaec avec son père qui doit partir en retraite. Avec un salarié, ils exploitent une SAU de 280 ha, avec 600 000 litres de lait produits par 75 vaches avec un total de 110 UGB. 73 ha sont réservés pour la surface fourragère de l’activité laitière. Le reste de la SAU est destiné aux cultures de vente. Sur les 73 ha de terre consacrés aux fourrages jus-qu’à présent, 3 seront conservés au titre des bandes enherbées. Concernant la répartition de la surface fourragère, 60 % étaient cultivés en prairies temporaires et 40 % l’étaient en maïs ensilage. Cette surface fourragère serait remplacée par : 35 ha de blé, 30 ha de maïs grain et 5 ha de colza. Dans cet exemple, la conversion de l’ancienne surface de maïs ensilage est envisageable. Pour les prairies, par contre, mieux vaut se montrer plus prudent. En effet, les prairies permanentes ne pourront être travaillées que si elles se situent hors « zones prairies sensibles ». De plus, si le ratio régional diminue, les exploitants ayant retourné des prairies permanentes peuvent être amenés à remettre ces surfaces dans leur état initial.

Perte de 19 000 €

Selon les hypothèses retenues pour la simulation, l’abandon du lait entraîne une perte avant impact social et fiscal d’environ 19 000 € par an en moyenne lissée sur 5 ans. Si l’on retient une tranche moyenne de prélèvements obligatoires à 40 %, la dégradation du revenu net de M. Dupré serait atténuée puis-qu’elle passerait alors à 11 370 €. Si le choix du maintien du lait est fait, il faudra alors songer à une nouvelle organisation du travail comp-te tenu de la sortie de l’associé. La rémunération de l’associé sortant doit alors servir de base économique aux options qui seront envisagées. Si celles-ci dépassent le budget des 30 000 € retenus dans notre simulation, cela viendra amoindrir l’avantage économique du maintien d’une activité laitière sur l’exploitation.

Réfléchir sur la durée

Dans un contexte très fluctuant, tant sur les marchés du lait que sur celui des céréales, les variations de revenus se creusent très rapidement. Il faut donc veiller à bâtir les hypothèses de prix, de rendement, en fonction de constatations moyennes sous peine d’arriver à des conclusions trop hâtives qui pourraient se révéler exactes à un instant T, mais pas sur la durée. Mieux vaut se baser sur l’étude du passé avec des moyennes sur 3 ans, voire 5 ans, qui permettent de mieux appréhender la réalité « moyenne ». Avec la fin des quotas laitiers, la volatilité des prix, la main-d’œuvre, les astreintes liées au métier d’éleveur, l’arrêt de l’activité laitière peut être tentant. Attention car certaines contraintes risquent de subsister comme le maintien des prairies permanentes, le potentiel agronomique des terres, ou encore les bâtiments d’élevage qu’il va falloir « recycler ». Quid des charges de structure liées à l’élevage qu’il va falloir continuer à financer si tout n’est pas amorti ? Emmanuel Étesse/Cogedis


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