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Porc : ce mardi, le marché au cadran est reparti

Mardi 18 août, une séance au marché du porc de Plérin s’est tenue malgré l’absence des acheteurs des groupes Cooperl et Bigard. Pour autant, rien n’est réglé pour la filière.

A la Maison du porc, mardi 18, les transactions n’ont pas débuté immédiatement. La soixantaine de producteurs de porc présents ont d’abord été rassemblés dans la salle des visiteurs pour une réunion à huis clos au cours de laquelle les Finistériens Michel Bloc’h et Daniel Picart, respectivement président de l’UGPVB et du MPB, ont notamment rendu compte des échanges de la veille au ministère. Pendant ce temps, scène très inhabituelle, de nombreux journalistes et caméramans se massaient pour filmer ou observer le rassemblement à travers les vitres depuis la salle des marchés ou  de l’extérieur…

À la sortie, Daniel Picart, président du MPB, a rapidement pris la parole pour assurer que le marché allait démarrer. « Nous allons tenir un marché « normal » avec une barre de retrait pour commercialiser l’ensemble des lots d’animaux qui auraient dû l’être la semaine dernière. Bien sûr, en l’absence de deux acteurs importants du cadran, il va nous rester des cochons invendus pour lesquels nous n’avons pas de solution actuellement. Le MPB peut continuer à fonctionner. Il reste la référence » en matière de fixation du prix. Le Finistérien n’a pas non plus manqué de rappeler que les deux groupes d’abattage absents s’étaient mis à la faute : « Ils sont liés au cadran d’une part par un contrat écrit, dont la dernière mouture qu’ils ont signée date de mars 2015, et d’autre part par un contrat moral vis-à-vis des éleveurs français… Ils ne les respectent pas. »

Kermené et JPA achètent à 1,4 €/kg

Le marché a donc repris avec seulement quatre abatteurs présents à l’achat : Kermené, Bernard Jean Floc’h / SAS Charles, Josselin Porc Abattage et Abéra. 49 389 porcs étaient inscrits à la vente. « Les transactions se sont déroulées avec tout de même un sentiment d’excès d’offre dans la mesure où Bigard, Socopa et Cooperl étaient toujours absents », ont commenté les responsables du MPB alors que la séance a été bouclée « à un cours moyen de 1,389 € / kg, soit une baisse de 1,5 cent. 33 641 porcs ont été vendus en séance, 15 748 porcs n’ont pas trouvé preneur aux enchères. » Si Kermené et JPA ont décidé de s’approvisionner en enchérissant à 1,4 € / kg, les autres acheteurs se sont escrimés à ne se placer qu’à peine au-dessus du prix de retrait fixé à 1,37 € : « Les uns ont des magasins pour retomber sur leurs pattes, les autres vivent dans le monde réel face à la vérité du secteur de l’abattage-découpe », commentait un observateur.

Le ministre admet les distorsions de concurrence fiscales et sociales

Après les deux séances de marché annulées la semaine précédente en l’absence des acheteurs des groupes Cooperl et Bigard-Socopa, il n’y a pas eu non plus de cotation à Plérin lundi 17 août. Les acteurs du Marché du porc breton, représentés par Daniel Picart (MPB), Michel Bloc’h (UGPVB), Paul Auffray (FNP) et Guillaume Roué (Inaporc), étaient ce jour-là, reçus en urgence par Stéphane Le Foll à Paris. Objectif : aboutir à la remise en marche du cadran à Plérin. Au sortir de la réunion, le ministre s’est félicité de l’annonce de la reprise des cotations dès le lendemain.

Du côté de la profession, on estime que le ministre qui avait nier, ou du moins minimiser, il y a quelques jours les avantages stratégiques de la filière allemande notamment en termes de coût du travail, « avait enfin reconnu les distorsions de concurrence sociales et fiscales vis-à-vis de certains pays producteurs voisins. Il aurait aussi concédé qu’il faut trouver des solutions pour soutenir l’export français quand on voit le dynamisme de l’Espagne sur le créneau. »

« Une baisse des cours, un très mauvais signal »

Au final, cette moyenne en baisse est « un très mauvais signal », regrettaient certains syndicalistes présents. Certains éleveurs s’avouaient « perdus », presque « sonnés », confrontés à une situation « totalement inconnue auparavant de marché et même de filière pris en otage ». L’un d’eux expliquait la perversité de la situation : « Nous sommes dans une bulle avec un prix d’1,4 € / kg. D’un côté, il faudrait éclater la bulle car ce prix est artificiel, pas réaliste pour la filière, par rapport à la concurrence… Et de l’autre, en dessous de 1,40 €, on crève… » Plus loin, on parlait à demi-mot des actions qui pourraient avoir lieu sur le terrain visant notamment les maillons de l’aval qui ne jouent pas le jeu : « Les éleveurs sont à bout. Voilà un moment qu’ils se retiennent. Mais il y a un moment où l’hypocrisie, nous ne pourrons plus l’accepter… » Toma Dagorn


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