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Lait : Profiter de l’image française vendeuse

La bonne cuisine, le bocage, les produits haut de gamme. Parce qu’aujourd’hui on vend autant l’image d’un terroir que le produit, la France laitière a des atouts indéniables.

On croit rêver. Ou plutôt cauchemarder : « La Nouvelle-Zélande veut vendre du camembert en surfant sur l’image de la France ». Cette anecdote, qui sent le plagiat comme un fromage bien fait, a été lancée jeudi 21 mai, à Rennes, par Katrine Lecornu. Présidente de la branche française du réseau European dairy farmers (EDF), elle participait au débat « l’après-quotas laitiers : opportunités ou menaces pour la Bretagne », organisé dans le cadre de l’assemblée de la Caisse de Bretagne de Crédit Mutuel Agricole. Son message laisse pantois une salle acquise à la haute valeur des produits agricoles français, forgée par des générations de travail dans l’honnêteté paysanne.

Avoir de l’audace

Patrick Ferrère, délégué général de la société des agriculteurs de France, l’avait dit en introduction du débat : « Il faut surfer sur l’image de la nourriture française pour trouver des marchés rémunérateurs. Car la palette des possibles n’a jamais été aussi grande ». Le comble serait de se faire voler la vedette parce que notre pays manque d’audace. Ou de volonté « de se regrouper pour aller conquérir les marchés extérieurs », dit-il. Et Patrick Ferrère de citer des exemples français d’organisation réussie : le champagne, le comté, le reblochon. « Pourquoi ont-ils réussi ? Parce que ce sont les producteurs qui maîtrisent les volumes mis sur les marchés. À l’inverse des productions en crise qui vont réclamer au ministre de l’Agriculture de gérer la situation ».
Katrine Lecornu abonde en soutenant que « ce ne sont pas les pouvoirs publics qui vont mettre de l’huile dans les rouages du marché laitier mais bien les producteurs et les industriels entre eux ». Elle parle là de la volatilité des prix du lait. Pas des fondamentaux du marché qui sont « positifs sur le long terme », assure-t-elle. Du moins quand on met en parallèle la demande mondiale et la production européenne. Une production européenne d’après-quotas qui n’a – et n’aura –  rien à voir avec le flot de lait parfois annoncé : « Le quota européen était de 150 milliards de litres avant la suppression du contingentement ; la production européenne a été de 143 milliards de litres en 2014, soit une sous-réalisation nette de 7 milliards de litres. Les perspectives pour 2022 font état d’une production de 147 milliards de litres : ce n’est donc pas le grand choc annoncé ».

Flambée des coûts de production

Si l’Europe ne doit pas crouler sous la production laitière, elle risque cependant d’être confrontée à une augmentation de ses coûts de production. En l’occurrence parce que la production se concentre dans un croissant du Nord-Ouest européen. Ce qui générera une concurrence sur les moyens de production. Un phénomène qui a déjà commencé, fait observer Katrine Lecornu qui cite le loyer moyen de 800 €/ha de terre dans le réseau EDF.
Sans compter que chaque pays a ses contraintes propres : « Concurrence de la méthanisation en Allemagne ; endettement colossal au Danemark (20 000 €/VL) ; producteurs irlandais limités par le potentiel de l’herbe pour atteindre leur objectif », liste Katrine Lecornu, comme pour montrer, s’il en est encore besoin, que la Bretagne a des atouts indéniables au regard de ses voisins laitiers. Mais aussi des faiblesses tempère José Jaglin, responsable lait des Jeunes Agriculteurs de Bretagne : « Les organisations de producteurs (OP) ont du mal à se constituer ; à l’inverse de l’Allemagne qui a 40 ans d’organisation derrière elle ». Autrement dit, « la France a un potentiel énorme, mais n’arrive pas à mettre tout cela en perspective », résume le syndicaliste qui en appelle à l’implication individuelle des producteurs pour avancer unis. Didier Le Du


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