tracteur - Illustration Le semis direct de maïs pas encore dans les mœurs

Le semis direct de maïs pas encore dans les mœurs

André Jouanolle a une double casquette, entrepreneur de travaux agricoles et producteur de céréales sur 240 ha à Bourgbarré (35). Tout son maïs, il le sème en direct comme chez une partie de chez ses clients, pourtant cette pratique peine encore à entrer dans les mœurs.

Avec le retour du beau temps et le réchauffement des sols, les semoirs à maïs vont commencer à débarquer dans les champs. Globalement les prévisions annoncent une baisse des surfaces semées en France liée au faible prix du maïs grain la saison dernière. En Bretagne, cela ne devrait pas varier par rapport à l’an dernier, du fait de la forte valorisation de la culture en ensilage, mais aussi de son importance dans la rotation. André Jouanolle, entrepreneur de travaux agricoles à Bourgbarré (35) et agriculteur avec 240 ha de terres confirme : « Le maïs est très important dans une rotation, son désherbage se faisant avec des matières actives différentes que celles que nous utilisons sur les céréales à paille permet de casser le cycle de certaines adventices. »

Une expérience de 20 ans de semis sans labour

L’entrepreneur a donc une double casquette, gérant d’une ETA mais aussi producteur de céréales. Lorsque André Jouanolle parle de ses cultures et de la terre, on entend le passionné, et ne lui parlez pas de charrue, c’est un mot qu’il a retiré de son vocabulaire. « Je suis un spécialiste du semis direct, cela fait 20 ans que mes terres n’ont pas été labourées. » Pour semer les 650 ha de maïs, l’entreprise de travaux agricoles est équipée de 4 semoirs : un solo en 6 rangs, un combiné en 4 rangs, un 4 rangs et un 6 rangs en strip-till avec fissurateur. « Je ne suis pas pour le petit strip-till qui descend à 15-20 cm de profondeur. Ici, on utilise de grandes dents équipées d’ailettes qui descendent à 35 cm ce qui permet de bien fissurer et décompacter sans bouleverser le sol. Derrière, il y a un rouleau pour bien rappuyer et ensuite, on sème. »

En disposant l’engrais en profondeur, l’entrepreneur a arrêté de mettre du starter. De plus, une fertilisation azotée localisée à 10-15 cm sous le rang de maïs a une efficacité de 90 à 95 %, alors que la même fertilisation réalisée en plein a une efficacité de 50 %. Il avoue tout de même que, la première année, il a eu peur : « Mon maïs au stade 6 feuilles était d’un vert très pâle, mais en l’espace d’un week-end, il est passé au vert foncé, les racines venaient de trouver l’urée. » C’est à ce stade précis, c’est-à-dire autour de 7 à 8 feuilles, que le maïs a réellement besoin d’azote.

Les cultures victimes d’une sous-fertilisation

Sur les 650 ha de maïs semés par l’ETA Jouanolle, 450 ha se font avec l’équipement Strip-till et fissurateur qui permet de semer jusqu’à 20 ha par jour en parcelles avantageuses. « Les surfaces des clients habitués et utilisant ce système tous les ans représentent 250 ha, les autres le font coup par coup. Je trouve que le semis direct met du temps à entrer dans les mœurs. Certains s’entêtent et pensent encore qu’il est obligatoire de sortir sa charrue pour semer du maïs. » Pourtant, l’entrepreneur ne manque jamais de prouver à ses clients ou aux techniciens que les résultats sont aussi bons voire meilleurs que des semis après labour : « En maïs grain, l’an dernier, j’ai fait un rendement moyen sec de 105 quintaux/ha. » Par contre André Jouanolle soulève un problème : « Il y a 40 ans, on battait déjà du maïs à 100 quintaux/ha et aujourd’hui ce n’est pas mieux alors que nous avons à disposition des variétés à fort potentiel.  Il y a bien un souci. Pour moi, nos sols manquent cruellement de matière organique et nos cultures sont victimes d’une sous-fertilisation. »

Pour l’entrepreneur, la clé de la réussite est dans l’anticipation. Par exemple, pour semer du maïs en direct après une prairie, il faut faire un glyphosate dès fin février pour un semis fin du mois d’avril. La prairie est alors bien morte ce qui donne une qualité de semis extraordinaire. « Nous semons directement sans détruire ce paillage naturel ce qui permet de réaliser des économies de désherbant puisque cela empêche en partie les levées de mauvaises herbes. » Nicolas Goualan

L’avis de Louis Le Roux, Conseiller agronomie Chambre d’agriculture du Finistère

Souvent, le top départ des semis est autour du 15 avril. Mais ce n’est pas forcément la date qui prime, il faut surtout une terre suffisamment réchauffée pour favoriser un bon démarrage du maïs. L’idéal est d’avoir une levée au bout d’une dizaine de jours, car un maïs qui a du mal à démarrer et qui végète va être sensible aux attaques de ravageurs comme les taupins, les mouches du semis, les corbeaux…  Le gros des semis sera réalisé entre la dernière semaine d’avril et le 10 mai, si les conditions météo restent favorables. Nous conseillons aux agriculteurs ayant beaucoup de surface à semer et souhaitant tout récolter en même temps, de semer les variétés plus tardives en premier et de terminer par les plus précoces. Puis, les semis à peine finis, il faut déjà avoir en tête sa stratégie de désherbage. Les parcelles présentant beaucoup de véroniques de perse et de graminées estivales doivent être désherbées en prélevée. Ce mode de désherbage doit être fait sur un sol frais et humide pour obtenir une efficacité maximale. Sur sol sec, cela ne fonctionne pas. L’idéal est de traiter le plus vite possible après le semis pour profiter de l’humidité ramenée en surface au moment du travail du sol. Si les conditions sont trop sèches, il faut plutôt intervenir en post-levée précoce.


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