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Porc : comment retrouver un prix rémunérateur ?

Confrontés à des pertes économiques de l’ordre de 20€ depuis l’automne, les éleveurs de porcs sont à nouveau dans la tourmente. Dans ce contexte, les pistes pour retrouver une rentabilité étaient au cœur des 3 assemblées générales du groupement porc Triskalia.

À Ploërmel (56), Langueux (22) et Chateauneuf-du-Faou (29), Michel Bloc’h et Stéphane Berthelot, respectivement président et directeur du groupement, ont exposé leurs pistes pour la rentabilité des élevages. La première est de reconquérir le marché intérieur, grignoté un peu plus chaque année par nos concurrents européens qui profitent de distorsions sociales. Pour cela il faut obtenir l’étiquetage de l’origine des pièces. L’idée est que le « consom-acteur » puisse faire son choix d’achat en toute connaissance. « On avance à petits pas, analyse Michel Bloc’h, sur les viandes fraîches, nous avons obtenu gain de cause : le 1er avril 2015, cette mention sera obligatoire partout en Europe. En revanche, il faut continuer à se battre sur le marché des produits transformés qui représente 75 % des débouchés du porc. Le Parlement européen s’est exprimé favorablement, à une forte majorité début 2015. Reste à convaincre la commission qui écoute pour l’instant le lobby des grands industriels de la transformation. Il ne faut rien lâcher, en mettant la pression sur nos politiques ».

Les opérations de stickage « viande de nulle part » lancées par les Jeunes Agriculteurs sont très positives. Elles ont pour but de gêner les grandes marques de salaison qui n’affichent pas l’origine de la viande. Michel Bloc’h encourage chacun à participer localement à ces actions, « c’est facile, non conflictuel et bien compris par les consommateurs ». Pour une efficacité nationale, il souhaite que la Fédération nationale porcine (FNP) s’associe à cette action de stickage.

Rééquilibrer les offres au MPB

La majorité des apporteurs au Marché du porc breton (MPB) est située dans le Nord-Finistère. Depuis l’arrêt de l’abattoir Gad de Lampaul, ces porcs intéressent moins les acheteurs du fait de leur distance aux outils. Cela contribue à un cours moindre. Il faut donc rééquilibrer l’offre en trouvant de nouveaux apporteurs au cadran, dans les autres départements, en diminuant le direct abattoir dans ces zones favorables. La pression professionnelle exercée ces dernières semaines sur les acheteurs au cadran a certainement contribué à la remontée des cours en février, aidé en cela par un cours allemand à la hausse. « Il faut cependant éviter les dérapages qui conduiraient à l’arrêt du cadran. Sans ce lieu de fixation publique du prix du porc, il n’y aurait plus d’équité et de transparence. Les porcs d’un grand élevage à proximité d’un abattoir seraient payés mieux que ceux d’un élevage moyen plus éloigné. Ne cassons pas cet outil de négociation collective ! », prévient Michel Bloc’h.

Compenser les effets désastreux de l’embargo russe est une autre nécessité. « Le marché russe représentait 3 % de la production européenne, et 3 %, c’est la différence entre le bonheur et le malheur », constate-t-il au regard de la chute de prix de 10 % en 2014. L’Europe doit mettre en place une vraie aide au stockage privé. Pas la mouture actuelle, trop peu généreuse et qui ne permet pas que les pièces congelées soient destinées à l’export sur pays tiers. Il faut aussi que les administrations française et européenne aident à obtenir à nouveau l’agrément sanitaire russe afin d’être prêt à commercer lorsque l’embargo politique sera levé.

L’appui du groupement et de Triskalia

« Nous avons proposé une aide de trésorerie en 2015 », déclare Stéphane Berthelot. Ce prêt d’un montant maximum de 40 000 € au taux de 1 % a été rendu possible grâce au soutien de Triskalia. Pour les récents installés, le contrat nouvel investisseur a complété de 3 centimes le prix moyen perçu en 2014. 26 jeunes en ont bénéficié.

Outre ces mesures financières, Triskalia, avec l’appui de son partenaire Socopa, développe les filières qualité porteuses de plus-values pour les éleveurs. Les segments Label Rouge et Oméga 3 se développent et représentent dorénavant plus de 7 000 porcs par semaine. Devant le succès de ces vraies différenciations consommateur, Triskalia recherche de nouveaux producteurs, en particulier en Label Rouge. Ces segments qualité contribuent à débanaliser la viande de porc et à tirer la valeur, et donc le prix du porc, vers le haut.

Le groupement est aussi très actif via ses innovations : création des « mauls » pour résoudre plus vite les problèmes d’élevage, lancement de la semence Stargen dont la grande vigueur en maternité est confirmée par les chiffres, audits cochettes pour exprimer le potentiel des jeunes reproducteurs, SAS Porc Avenir et appui de Labeliance pour conforter le haut de bilan des candidats à l’installation, informatique embarquée pour économiser du temps et du carburant… Ce dynamisme contribue à rendre le groupement attractif comme l’attestent ses gains de part de marché : 1,5 % de mieux qu’Uniporc en 2014.

Pascal Fourchon / Triskalia

Ils ont dit…

Michel Bloc’h, Président du groupement porc Triskalia
Un prix de moins de 2 euros pour le kilo de côtes de porc en promotion est un véritable scandale ! On ne respecte pas notre produit et on désoriente le consommateur avec un prix qui varie du simple au triple.

Stéphane Berthelot, Directeur du groupement
Nous avons proposéune aide de trésorerie en 2015 : un prêt à 1 % plafonné à 40 000 €. Nous soutenons aussi la production par nos innovations qui s’inscrivent dans la durée, comme le Stargen, l’audit cochette ou la gamme porcelet « confort ».

Jean-Jacques Gougeon, Responsable de la région Est
31% de nos producteurs ont moins de 40 ans sur la région Est.

Pierre-Yves Lariven, Président des Côtes d’Armor
Plus de 5 000 porcs par semaine en Label rouge et 2 000 porcs en Oméga 3 : ce ne sont plus des niches, mais de vrais segments de production qui tirent la valorisation de la viande de porc.

Bernard Poilvet, Responsable Côtes d’Armor
En 2014, nous avons accueilli 13 nouveaux naisseurs-engraisseurs sur les Côtes d’Armor et notre production a progressé de +1,7 %.

Didier Piron, Président de la région Est
Nous avons installé 3 jeunes en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan en 2014. C’est important pour le renouvellement des générations. Nous avons des solutions pour conforter les candidats à l’installation et nous proposons le contrat nouvel investisseur afin de sécuriser les 5 premières années.


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