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Orientation, trouver sa voie en agriculture

Les filières agricole et agro-alimentaire bretonne totalisent 134 920 emplois directs répartis entre la production agricole (41 %), les industries en amont et en aval de la production (49 %), ainsi que les services directs à la production (10 %), d’après une étude récente de la Chambre d’agriculture de Bretagne. Et pour répondre à cette large panoplie d’emplois, il existe des formations pour l’ensemble des filières de la production agricole : production végétale, élevage, horticulture, maraîchage, services, commerce… L’agriculture offre des opportunités pour tous, quel que soit l’âge, les goûts, le niveau de qualification ou d’expérience.

S’engager dans la voie de l’agriculture, faire le choix d’un métier ou vouloir changer d’orientation après quelques années de vie professionnelle est un acte important. Aussi, les portes ouvertes dans les établissements de formation sont une étape importante pour découvrir l’environnement scolaire, les moyens pédagogiques utilisés, questionner les formateurs, et les élèves présents… pour valider que le ou les métiers qui vous intéressent sont en adéquation avec vos centres d’intérêt et la formation que vous souhaitez suivre.

Carole David[nextpage title=”De nouvelles compétences attendues en agriculture”]

L’agriculture continue son adaptation face aux évolutions de la société : c’est un secteur qui flirte avec la technologie, qui requiert de la technique pour diversifier ses modes de production et de commercialisation… Profils techniques ou commerciaux, l’agriculture offre de belles perspectives d’emploi.

Avec le renouvellement des générations, des perspectives s’ouvrent dans la gestion des exploitations avec le départ à la retraite de nombreux agriculteurs (l’âge moyen des agriculteurs bretons est de 50 ans). En 2014, la région Bretagne a maintenu le 2e rang national avec 484 installations (9,6% des installations nationales).

Un secteur diversifié… qui recrute

Et autour des chefs d’exploitation gravitent une multitude de métiers pourvoyeurs d’emplois. Malgré les crises, « 2014 a été une bonne année en terme d’emplois, avec +15 % d’offres proposées en Bretagne, contre une augmentation de 9 % au national », relève Annie Jestin, responsable de l’Apecita Bretagne. Et cette structure l’affirme : « Des métiers peinent à recruter. Ils exigent des compétences techniques pointues. Un certain nombre de postes reste difficile à pourvoir, malgré des conditions favorables proposées (postes en CDI). Certains postes exigent des capacités de management avec une bonne connaissance du métier (chef de culture, chef d’élevage par exemple). Des compétences techniques doublées de compétences relationnelles et commerciales sont nécessaires pour les fonctions de technico-commerciaux ».

Les secteurs de l’agrofourniture et de l’agroéquipement restent très dynamiques. L’agrandissement de la taille des exploitations, la diminution de la main-d’œuvre familiale, la modernisation des équipements, contribuent au développement des métiers de conseil et du secteur para-agricole qui sont friands de jeunes diplômés et de personnes expérimentées. L’apprentissage très présent dans ces secteurs permet d’acquérir une expérience en entreprise très appréciée. Pour preuve, leur insertion professionnelle est rapide et pérenne. Au niveau des postes de conseillers dans les organismes professionnels agricoles, de chargé de mission auprès des collectivités publiques, on recrute surtout des Bac + 3 à + 5 (Licence professionnelle/Master/Ingénieur).

Chercher son établissement sur Internet

Le Ministère de l’Agriculture a la tutelle de l’enseignement agricole. Son site internet donne la liste de tous les établissements de France, dont les 11 établissements bretons (http://www.educagri.fr/). Localement, vous pouvez contacter le site du service Formation de la Draaf (http://draaf.bretagne.agriculture.gouv.fr/Les-formations-de-l-enseignement) ou sur le site plus général du Gref Bretagne (http://www.seformerenbretagne.fr/). Certains diplômes de l’enseignement agricole sont aussi accessibles à distance (http://eduter-cnpr.fr/). De plus, les établissements privés bretons, scindés en trois fédérations, disposent de sites d’information.

Se démarquer par son savoir-être

« Si les métiers exigent de plus en plus de compétences techniques et une connaissance de la filière, les employeurs requièrent aussi – et de plus en plus – des aptitudes transversales ». Entendons par là, le sens de l’écoute, d’analyse, de synthèse, d’animation… « C’est le savoir-être qui fait la différence dans les entretiens d’embauche », insiste Annie Jestin. À travers ces compétences personnelles, les employeurs recherchent aussi des candidats possédant des capacités d’intégration dans une équipe ou d’évolution dans une entreprise.

Carole David[nextpage title=”La pratique professionnelle pour développer l’autonomie”]
À la maîtrise des gestes de base dans les exploitations s’ajoutent de nouvelles compétences requises par le milieu professionnel. Le lycée agricole du Nivot, à Lopérec (29), valorise ses outils de production pour développer chez les élèves ces nouvelles exigences du marché de l’emploi.

Au lycée professionnel agricole Le Nivot, à Lopérec (29), avant même la fonction de produire, les ateliers de production de l’exploitation mixte lait-porc et agroforesterie jouent la carte pédagogique. « Un point essentiel pour préparer les jeunes au marché de l’emploi, qu’ils soient demain salariés ou responsables d’entreprise », précise Marc Le Guyader, directeur de l’établissement privé. « Savoir conduire le tracteur ne suffit plus », précise-t-il. Avant de poursuivre : « C’est la fin du salariat “primaire”. On en demande plus aux jeunes formés, comme de s’engager pleinement dans leur métier, d’être polyvalent, pour mener un atelier de manière autonome, en intégrant les évolutions technologiques présentes et acquérir la capacité de s’adapter à celles à venir. »

La maîtrise des gestes quotidiens

Pour cela, les jeunes réalisent les travaux quotidiens dans les ateliers de production de l’exploitation, pour maîtriser les gestes techniques et l’utilisation des outils qui les entourent. L’objectif est de pouvoir appliquer ces pratiques de BA. ba à bon escient dans les exploitations, en stage et lors du premier emploi. Dans l’atelier laitier de 50 vaches normandes, les secondes de bac pro se relaient tous les matins à la traite. Les BTS Production animales sont dégagés de cours à tour de rôle pendant une semaine pour y travailler à temps complet. Idem, en porcherie dans l’atelier de 100 truies naisseur-engraisseur. En agroforesterie, des stages école d’une semaine permettent aux bacs pros de travailler comme de vrais professionnels.

Des ateliers performants et attractifs

Si les ateliers de production de l’exploitation se veulent être à taille pédagogique, ils se doivent d’intégrer les nouvelles technologies d’aujourd’hui. Des projets sont en cours au LPA Le Nivot, à Lopérec (29). En porc, la maternité construite dans les années soixante-dix permet d’obtenir de très bons résultats techniques (30,5 porcelets/truie/an). Elle va néanmoins être remplacée par un nouveau bâtiment de 100 places. La modernisation de l’atelier forêt, avec la création de nouvelles voiries sur les 250 ha et la mise en place d’une filière bois énergie est également en projet. Des évolutions constantes, avec le soutien du Conseil Régional de Bretagne, qui permettent aux outils de rester performants et attractifs pour former au mieux les futurs salariés du milieu agricole et forestier.

Acquérir de nouvelles valeurs ajoutées

Passer de la théorie à la pratique… Un moment très attendu par les apprenants et qui permet de développer en même temps « des notions vitales pour leur avenir, à savoir au niveau de la technologie, du management et de leur ouverture d’esprit », précise le directeur. Trois axes de travail qui ont été intégrés dans les différentes options des formations. En ce qui concerne le premier point, la connaissance de la technologie apporte une réelle valeur ajoutée au savoir-faire d’un élève. Et les exemples ne manquent pas. Que ce soit en lait ou en porc, le jeune doit acquérir des compétences en électronique, électricité et en mécanique, savoir repérer un éventuel problème et y pallier…

[caption id=”attachment_2541″ align=”aligncenter” width=”300″]Atelier pratique de fouille en vue des inséminations dans l’élevage laitier Atelier pratique de fouille en vue des inséminations dans l’élevage laitier au Lycée agricole du Nivot, à Lopérec (29).[/caption]

Mais l’acquisition des compétences techniques ne doit pas faire oublier l’importance de la maîtrise de la gestion du temps. Le nombre de salariés agricole tend à dépasser celui des agriculteurs. Ces derniers doivent donc développer de nouvelles aptitudes en management : avoir des notions de base en droit du travail, savoir comment fidéliser un salarié, l’aider à s’épanouir dans l’entreprise… « Si ces notions sont enseignées en formation, elles seront plus facilement reproduites sur le terrain », espère le chef d’établissement.

Découvrir d’autres corporations professionnelles, d’autres filières agricoles et d’autres systèmes de production, et ce, en Bretagne, en France ou à l’étranger… Le centre et le temps de formation sont aussi un lieu et un moment idéal pour s’ouvrir sur le monde. « Tout est prétexte à sortir des classes, pour aller au contact des différentes branches professionnelles », préconise Marc Le Guyader. Un bon moyen « pour faire bouger les a priori dans les têtes ». Au retour de ces expériences, les apprenants prennent confiance, acquièrent une meilleure estime d’eux-mêmes et voient qu’il est possible de changer les choses. Une qualité indispensable pour pouvoir s’adapter aux évolutions agricoles de demain.

Carole David[nextpage title=”L’agroforesterie, une filière méconnue en Bretagne”]

Les portes ouvertes dans les établissements de formation peuvent être l’occasion de découvrir des filières, comme l’agroforesterie.



Sous la pluie, munis d’une tenue complète de sécurité, les élèves de seconde Aménagement forestier abattent et façonnent les épicéas de la forêt de l’établissement du Nivot, à Lopérec (29), dans les conditions réelles d’une commande de chantier professionnel. Les gestes sont précis et réfléchis, car les vêtements de protection ne font pas tout et ne remplacent pas la maîtrise de la technique de travail, nécessaire avec le maniement de la tronçonneuse. C’est le premier chantier école d’une semaine, tant attendu depuis la rentrée scolaire, pour ces lycéens qui se sont engagés dans une formation professionnelle, organisée sur trois années, et qui préparent au baccalauréat « forêt ».

[caption id=”attachment_2543″ align=”aligncenter” width=”300″]Des chantiers, en cours de formation ou lors de stages, permettent d’acquérir les techniques de façonnage des arbres Des chantiers, en cours de formation ou lors de stages, permettent d’acquérir les techniques de façonnage des arbres, dans les conditions réelles d’une commande de chantier professionnel.[/caption]

Des débouchés diversifiés

État des lieux, inventaire, évaluation des peuplements, préparation de la mise en marché du bois, conducteur d’engins… L’ouvrier ou le technicien forestier peut occuper des fonctions d’entretien d’un patrimoine forestier ou de gestion d’un massif. Mais l’agroforesterie ne se limite à la production de bois. Le métier revendique la légitimité de s’inscrire dans la filière bois énergie et surtout dans l’écoconstruction, sans parler des activités dérivées en lien avec les loisirs (chasse, pêche, sport nature…). Un panel de métiers de producteurs, de transformateurs, de commerciaux et d’experts, en passant par l’animation, le conseil et la formation, ouvre des débouchés diversifiés. Et cette tendance devrait perdurer, avec l’étendue de la forêt française de 40 000 ha par an impliquant, d’après le ministère de l’Agriculture, 80 000 emplois à créer d’ici 2025.

Des formations dispensées par 2 établissements bretons

Le bac professionnel « Forêt », qui peut être poursuivi par un Brevet de technicien supérieur agricole (BTSA) « Gestion Forestière », est assuré par deux établissements en Bretagne. Le lycée agricole privé Le Nivot à Lopérec (29) met à disposition son domaine forestier de 250 ha. Et, à partir de la rentrée 2015, la Maison familiale rurale (MFR) de Loudéac (22) dispensera les formations Agroforesterie enseignées jusqu’alors par la MFR d’Arradon (56). La MFR de Loudéac propose ce Bac pro en alternance et le BTSA par apprentissage.

Des métiers à (re) créer

Les abatteurs et les débardeurs exploitent actuellement des forêts bretonnes de résineux, plantés il y a 30 à 50 ans. Ces activités, qui se sont développées il y a quelques années, vont demander de se repositionner, à terme, dans les 10 prochaines années, sur certains métiers comme la sylviculture (qui assure la gestion des peuplements). À titre d’exemple, il n’existe plus qu’un seul sylviculteur dans le Finistère. De même, en Bretagne comme ailleurs, de nouveaux métiers apparaissent. Une grande part des massifs forestiers n’est pas accessible par le matériel. Des débardeurs à câble viennent alors organiser l’évacuation du bois, après leur abattage.

 Si certains métiers dans la filière offrent des services très utiles, ils n’offriront cependant que quelques postes régionalement. Outre la motivation, la mobilité est un critère nécessaire pour « percer » dans cette filière, car tous les emplois ne seront pas bretons…

Carole David




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