De gauche à droite : Jean Cabaret, Thérèse Fumery, Dominique Raulo, Yvon Cras, Didier Massiot et Jean-Marc Thomas. - Illustration « D’autres voies que l’agrandissement existent »
De gauche à droite : Jean Cabaret, Thérèse Fumery, Dominique Raulo, Yvon Cras, Didier Massiot et Jean-Marc Thomas.

« D’autres voies que l’agrandissement existent »

La Confédération paysanne souhaite maintenir un maximum de sièges d’exploitation et d’emplois agricoles en Bretagne. Elle plaide pour un retour à la régulation au niveau européen.

« Les crises actuelles des productions animales étaient prévues du fait de la libéralisation des volumes. Depuis longtemps, nous défendons les mécanismes de régulation », ont déclaré les responsables bretons de la Confédération paysanne à l’issue de leur assemblée générale, le 1er juillet à Romillé (35). Reste que ces messages semblent toujours très difficiles à faire passer au niveau de l’Europe, engagée dans une voie très libérale, comme l’a rappelé Thierry Pouch de l’APCA (Assemblée permanente des Chambres d’agriculture) lors de son intervention.

Le prix de l’indépendance

« Alors que les cours laitiers baissent, on entend souvent au niveau français que les prix d’intervention sont trop bas. Mais certains pays du Nord de l’Europe ne sont pas d’accord avec ça. L’efficacité des outils de régulation restants va être mesurée pour l’après-2020, mais les orientations sont encore très floues. Certains parlementaires européens commencent à réagir sur la protection des agriculteurs.  “Quel prix veut-on payer pour notre indépendance alimentaire ?” est une question qui revient. »

Rapatrier de la valeur ajoutée

Le maintien des producteurs sur les territoires est un autre cheval de bataille de la Confédération paysanne. « La compétitivité ne s’arrête pas aux coûts de production, il faut plutôt regarder l’emploi, alors que le chômage est aujourd’hui massif », souligne Dominique Raulo, porte-parole de la Confédération paysanne Bretagne. C’est d’ailleurs un des messages délivrés par Thierry Pouch : « Il y aura toujours quelqu’un qui sera plus compétitif en coûts de production. La Bretagne dispose d’autres atouts : son savoir-faire, l’organisation des filières, l’innovation… »

Politique plus protectrice aux USA

Comme l’a montré Thierry Pouch dans sa présentation, les paysages américains et européens sont très différents en matière d’agriculture. Les USA comptent 2,1 millions d’exploitations, avec un SAU de 172 ha/UTA (unité de travail annuel), alors que l’Union Européenne dénombre encore 11,7 millions d’exportation, avec 15 ha/UTA en moyenne (chiffres 2012). En France, le nombre d’exploitations se situe à 507 000 (SAU de 57 ha et 38 ha/UTA). Et le différentiel de revenu entre les agriculteurs américains et français s’accroît fortement depuis 2004.
Les agriculteurs sont globalement protégés dans ce pays chantre du libéralisme. « Les Etats-Unis font peu de cas de la compatibilité de leurs mesures avec l’OMC », note l’économiste. Le Farm Bill a placé au centre de ses soutiens des outils assurantiels. « Mais les dépenses font fi du déficit budgétaire fédéral encore très élevé. »
Revenant également sur l’accord commercial transatlantique en cours de négociation, Thierry Pouch précise que l’Allemagne se mobilise actuellement sur ce dossier. « La possibilité de classer des produits dans la catégorie “sensibles” existe. Ce pourrait être le cas de la viande bovine dont les producteurs seraient très touchés par cet accord. »

Les membres de la Conf’ souhaitent le maintien de tous les sièges d’exploitation et l’accès des jeunes au métier. « En porc, la logique d’investissement pour s’agrandir a prévalu. Nous ne voulons pas de la même dérive en lait. Un autre choix que l’agrandissement et l’endettement est possible. » Le syndicat va organiser un colloque en janvier 2016 sur les systèmes à taille humaine qui fonctionnent en Bretagne, et des rencontres sont prévues dans les écoles d’agriculture.
Les syndicalistes souhaitent aussi que la profession agricole et les filières travaillent ensemble pour créer davantage de valeur ajoutée en Bretagne. « Nos carcasses partent dans d’autres régions pour revenir sous forme de produits élaborés. Nous devons conserver cette transformation pour maintenir des emplois. » Agnès Cussonneau


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