christophe-rivalain-grand-troupeau - Illustration Lait : cohérence et rentabilité

Lait : cohérence et rentabilité

Au Gaec des Roches, la production de lait a presque doublé en 10 ans. Seule évolution par rapport à la structure initiale, la salle de traite est passée d’une 2×6 à une 2×12. Un salarié est toutefois venu étoffer l’équipe de Christophe Rivalain et Philippe Christien, mais il y a seulement 4 ans. Dans la gestion d’un grand troupeau, la main-d’œuvre est LA variable d’ajustement qui ne doit pas être sous-estimée.

Productivité par les fourrages, efficacité alimentaire, optimisation du bâtiment, du matériel et surtout rentabilité sont des valeurs que porte le Gaec des Roches à Locunolé (29). « Chaque mois, j’effectue un ratio économique en comparant le nombre de litres de lait vendus et les achats. C’est notre fil conducteur » précise Christophe Rivalain.

Repères

  • Gaec des Roches à Locunolé (29)
  • Christophe Rivalain et Philippe Christien
  • 1 salarié
  • 110 vaches

Niveau d’étable :

  • 11 000 kg en moyenne
  •  TB : 40
  • TP : 33
  • SAU : 160 ha dont 60 ha de maïs, 35 ha de céréales à paille et le reste en herbe.

La productivité par les fourrages

Avec des terres peu portantes et une surface directement accessible anecdotique, les associés du Gaec des Roches ont combiné plusieurs méthodes avant d’obtenir un système fourrager en cohérence avec leur système laitier. « Par exemple, nous nous sommes rendu compte que nous étions trop justes avec 50 ha de maïs. Nous avons donc converti 10 ha supplémentaires cette année en recherchant, sur la totalité de la surface, un maximum de grains (indice de 400 et plus). Et  nous avons un très bon rendement », souligne l’agriculteur. Pour l’apport de protéine dans la ration, les associés travaillent sur la luzerne pure et en mélange depuis 8 ans. « Nous avons constaté que la luzerne est très bien adaptée pour de l’affouragement en vert. Sur 5 coupes avec un rendement de 12 tonnes, les analyses Capinov pointent 24 de MAT et 1 UF. En parallèle, toutes les dérobées sont mises en colza fourrager ou en RGI trèfle après de l’orge ». Du ‘vert’ est distribué dans la ration toute l’année. Actuellement composée de 3 à 4 kg de matière sèche d’herbe, la ration en sera bientôt couverte au 2/3. Une distribution est effectuée 2 à 3 fois par jour, ce qui nécessite 50 minutes de temps de travail. « La commune étant petite, nous rayonnons sur 3-4 km environ pour rejoindre 110 ha de la surface. C’est aussi pour cela que notre schéma fonctionne. »

Qui dit 110 vaches dans un bâtiment saturé, dit gestion particulière… Deux lots ont été constitués pour gérer les coûts de production et la relation à l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE), tout en adaptant la ration à la qualité des fourrages. La logique économique est bien présente à tous les niveaux : « l’annuité EBE s’élève à 80 € des 1 000 L et, en 2015, nous aurons presque tout amorti. Cependant, nous devrons envisager des travaux d’aménagement dans les  bâtiments existants et non des travaux d’extension… »

[caption id=”attachment_4770″ align=”aligncenter” width=”300″]Christophe Rivalain, à gauche, et Patrick Le Delliou, son technicien nutrition et lait Triskalia Christophe Rivalain, à gauche, et Patrick Le Delliou, son technicien nutrition et lait Triskalia, font le point tous les mois sur les rations, les performances et l’état des animaux.[/caption]

La gestion en 2 lots reste donc une bonne formule dans ce cas de figure. Ainsi, un lot de 55 vaches fraîche vêlées et un lot de 55 vaches en 2e partie de lactation ont été constitués. « Le premier lot ne sort pas et reste dans le bâtiment principal. Nous équilibrons la ration à 35 kg de lait par jour. Le deuxième lot sort autant que possible avec une ration équilibrée à 20 kg par jour toute l’année. Une troisième ration est préparée pour les vaches taries, gérées sur un autre site ». Les deux associés restent toutefois attentifs à la compétition à l’auge qui pourrait altérer l’efficacité alimentaire de la ration distribuée, et surtout les performances des vaches, en particulier des primipares. « La valorisation du concentré est primordiale. J’avais demandé à Patrick Le Delliou, en début d’année, d’augmenter la production de 4 kg par jour. L’aliment de mon précédent fournisseur ne répondait plus à mes attentes. L’objectif a été atteint très rapidement ». Patrick Le Delliou, technicien Triskalia, complète : « Nous analysons tous les fourrages, faisons le point sur  les rations et les performances tout comme sur l’état des animaux, chaque mois, pour coller aux objectifs de production fixés par l’éleveur ».

Les rations des vaches laitières

Chaque ration est calée sur les critères suivants (Ingestion Totale UFL, MAT, PDIA, Amidon (rapide et lent), Cellulose) par kg de MS afin d’être le plus précis possible en fonction des objectifs de chaque lot.

Lot 1 – Ration hivernale équilibrée à 35 kg de lait

  • 14-15 kg MS maïs
  • 3-4 kg MS herbe
  • 3 kg Adéliamix
  • 500 g  Bovin maïs
  • 500 g Adélie Blé
  • 300 g Minadélys flex
  • Paille + 1 produit tampon

Lot 2 – Ration hivernale équilibrée à 20 litres

  • 14 kg MS maïs
  • 3 kg Adéliamix
  • 300 g Minadélys flex
  • + herbe à volonté

La main-d’œuvre au cœur des reflexions

Christophe est intarissable sur le sujet ! Avec l’arrêt des quotas et peut-être la possibilité de produire des volumes supplémentaires chez certains producteurs, la main-d’œuvre va vite se retrouver au cœur des réflexions. « En Bretagne, nous avons tous les ingrédients pour produire du lait : le climat, les structures et la motivation. Cependant, de moins en moins de jeunes s’installent et la main-d’œuvre qualifiée devient rare. L’automatisation est une option, mais à quel prix ?  Employer du personnel a également un coût. Il faudra être plus que jamais économiquement rentable. »

Le cap des 110 vaches n’est visiblement pas anodin. Le Gaec des Roches n’investira pas sans un prix du lait compétitif. «  Nous devons avoir une structure rentable. Avec des perspectives très positives, on peut y croire et foncer. Si on préfère jouer la sécurité, il va falloir redescendre sur une structure humainement adaptée. Pour l’instant, et au vu des perspectives, on opterait pour la deuxième option. » Carole Perros / Triskalia


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article