Les lapins de la vallée du Scorff cherchent de nouveaux maîtres

lapin-elevage-cunicole-vallee-du-scorff-morbihan - Illustration Les lapins de la vallée du Scorff cherchent de nouveaux maîtres

Jeannie et Gilbert Jambou sont bien connus sur les marchés de l’Ouest du Morbihan. Ils proposent des produits de leur élevage cunicole en production Label Rouge. Jusqu’à l’an prochain.

Les vaches laitières ont quitté la ferme de Guernandalen , sur les coteaux du Scorff, pour une étable voisine, en décembre dernier. Les éleveurs ont conservé la lapinière qui compte 140 mères et leurs petits. Pendant quelques mois encore. Le temps de trouver un repreneur pour une activité calibrée pour deux personnes grâce à des débouchés assurés sur les marchés locaux. « Nous sommes quasiment les seuls en Bretagne à produire et transformer de la viande de lapins Label Rouge. Sur nos sites de vente, nous n’avons que très peu de concurrence », assure Jeannie, qui gère cet atelier depuis l’orientation vers un type d’élevage label, il y a une quinzaine d’années.

[caption id=”attachment_5867″ align=”aligncenter” width=”201″]Jeannie, dans le laboratoire de transformation Jeannie, dans le laboratoire de transformation.[/caption]

De toutes couleurs

Au début des années 2000, l’élevage cunicole comptait 300 mères. « Nous ne nous retrouvions plus dans l’orientation de cette production. Nous n’avons conservé qu’un bâtiment, réduit le nombre de lapines et misé sur une production de qualité. En parallèle, nous avons effectué des essais d’élaboration de terrines et sondé quelques magasins fermiers ». Essais réussis. L’élevage s’est coloré. Si le pelage blanc et les yeux rouges n’ont pas totalement disparu, les lapins affichent désormais une grande diversité de couleurs : gris, noirs, jaunes, marrons et bicolores.

Foin à volonté

Les bases de l’élevage restent les mêmes. « Le métier d’éleveur n’a pas changé. Les lapines font simplement moins de portées dans l’année ; la mise à la reproduction n’intervient que 18 jours après la mise bas, et l’abattage des issus est effectué vers 110 jours, à 1,8 kg, contre 70 jours à 1,2 kg, en élevage conventionnel ». L’aliment label est moins riche en protéines qu’un aliment conventionnel. Les lapins disposent de foin à volonté. « Un ray-grass anglais, produit sur la ferme, pour sa finesse de brins », précise Gilbert. Les souches utilisées ont une croissance plus lente. « Nous achetons des grands-parentaux de race pure et les accouplons pour produire les mères. Celles-ci sont accouplées à des mâles, d’une autre race, également achetés. L’objectif de ces croisements est d’élever des petits plus résistants ». La reproduction se fait en saillies naturelles, sans groupage des mises bas. Chaque lapine assure entre dix et quinze portées dans sa carrière. Une dizaine de lapereaux naissent, en moyenne, par portée. Sevrés à 40 jours, ils sont ensuite engraissés sur le site.

Le Label Rouge représente environ 1 % de la production totale

La production mondiale de lapins de chair est à la hausse ces dernières années. La Chine est le 1er producteur avec 700 000 TEC (Tonnes équivalent carcasses) par an. La France est le 5e producteur mondial de lapins de chair, derrière la Chine, le Venezuela, l’Italie et l’Espagne. La production française qui s’élève à 60 000 t est en déclin depuis les années 1980 (150 000 TEC en 1980). La filière cunicole française est divisée en deux systèmes de production : le système familial ou traditionnel (18 % de la production), et le système dit « rationnel » (82 % de la production). Cette baisse de production est corrélée avec la consommation de lapins par les Français qui a diminué de 37 % en 15 ans et n’est plus que de 0,95 kg/hab/an. La production de lapin Label Rouge représente environ 1 % de la production totale.

Des débouchés à proximité

Les lapins sont abattus sur place après étourdissement électrique, trois à cinq fois par semaine, selon les besoins. Une centaine de carcasses est vendue chaque semaine, en frais ou transformée en terrines, pâtés ou rillettes dans le laboratoire de la ferme. Toujours les mêmes recettes pour satisfaire une clientèle d’habitués. « Les deux-tiers de la production sont quand même vendus en frais », reprend Jeanine. Les peaux sont exportées en Chine. Avec son mari, elle consacre ses matinées à l’élevage ou à la transformation. « Des matinées de 6 heures », précise-t-elle, dans un sourire. Les après-midis sont plus calmes. Il faut quand même livrer, une fois par semaine, les magasins
fermiers « Pleine campagne » et « Saveurs paysannes » d’Auray, de Quimperlé et de Lanester et assurer une permanence dans le magasin de producteurs du lycée du Gros
Chêne à Pontivy. Côtés marchés, les époux Jambou se limitent à ceux d’Hennebont et de Pontivy, une fois par semaine, toute l’année. Ils vendent également à l’Abbaye de Bon Repos, les dimanches, de mars à octobre, et au marché des producteurs de Guidel, les mercredis soirs, en été. Les ventes sont régulières sur l’année ; la baisse de ventes estivales du frais est compensée par l’augmentation des ventes de produits transformés.

[caption id=”attachment_5868″ align=”aligncenter” width=”300″]Produits issus de l'élevage cunicole de la vallée du Scorff Produits issus de l’élevage cunicole de la vallée du Scorff.[/caption]

« Nous avons été sollicités pour faire le marché de Carhaix, par exemple, mais nous n’en voyons pas l’intérêt en fin de carrière ». Avis aux éventuels repreneurs. « La viande de lapin conventionnelle n’a pas bonne presse mais il y a  suffisamment de consommateurs pour des produits de qualité ». Reprise ou pas, Jeannie et Gilbert feront valoir leurs droits à la retraite l’année prochaine. Bernard Laurent

Contact
Lapins de la vallée du Scorff – Langoëlan (56). Tél. 02 97 39 96 90


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