« Cette femelle Alaska a remporté un prix d’honneur », explique Fabien Deshayes. - Illustration Il agit pour la conservation de lapins rares
« Cette femelle Alaska a remporté un prix d’honneur », explique Fabien Deshayes.

Il agit pour la conservation de lapins rares

Passionné par les lapins, Fabien Deshayes contribue à la conservation de races pures peu répandues. L’éleveur amateur sélectionne aujourd’hui quatre races et participe régulièrement à des concours.

Comment ne pas craquer devant ces adorables boules blanches ? Les grandes oreilles rosées contrastent avec leurs yeux bruns entourés d’un trait noir épais, tel du « eyeliner » sur des stars de hard rock. « Ce sont des lapins Blanc de Hotot, une race rare originaire de Normandie. En Bretagne, nous sommes seulement deux éleveurs recensés pour cette race », souligne Fabien Deshayes, 25 ans. Dense et soyeuse, la fourrure de ce lapin était très prisée autrefois pour confectionner des manteaux.
Dans son élevage situé en Ille-et-Vilaine, le jeune homme élève aussi de l’Alaska, originaire d’Allemagne. Sa fourrure noire intense et unie ressemble à celle du renard d’Alaska. Sur l’Argentré anglais, Fabien Deshayes recherche davantage la couleur crème. Il détient aussi une race plus répandue, le Fauve de Bourgogne, dont les sujets sont massifs, avec une belle couleur rousse.

Un coup de cœur, il y a une dizaine d’années

L’histoire a commencé par le don d’un lapin fait par une voisine agricultrice il y a une dizaine d’années. Une race fermière basique destinée à l’alimentation. Fabien en prend soin et se prend au jeu. Un peu plus tard avec sa famille, il se rend à l’expo/concours avicole de Rennes, où sont présentées de nombreuses espèces chaque année en novembre : pigeons, volailles, palmipèdes, lapins. « J’y ai acheté un couple de lapins Fauve de Bourgogne, pour commencer à sélectionner… Au départ, j’ai « hérité » de quatre cages qui appartenaient à mon grand-père. Des voisins m’ont aussi donné des clapiers que j’ai rénovés, équipés. J’ai essayé certaines races que j’ai arrêtées comme le Bleu de Vienne ou le Géant des Flandres. »

Fabien Deshayes adhère à deux structures agissant pour la conservation des espèces et la biodiversité : l’Association avicole de la Baie du Mont Saint-Michel et de ses environs, basée à Avranches (50), et la SBAL (Société bretonne d’aviculture de loisirs) à Rennes. Il est aussi inscrit dans quatre clubs spécialisés de races au niveau régional. « Cette année, nous allons organiser le prestigieux concours du Vase de Sèvres à Avranches, les 21 et 22 octobre. »

Des « standards » à cibler

Dans ses choix génétiques, il tente de répondre au mieux aux standards – définis pour chaque race recensée en France. « Le standard décrit la forme, la masse, la fourrure et fournit des descriptions précises allant de la couleur à la pointe des griffes. » Depuis 7 ans, l’éleveur participe en général à 12 ou 13 concours par an, partout dans l’Hexagone. Des déplacements qui peuvent durer 5 jours. « Parfois, des gens de ma famille, des amis m’accompagnent. Pour réduire les coûts, nous organisons des camions remorques en commun avec d’autres éleveurs. »

Champion à Paris

Cette année pour la troisième fois, il s’est déplacé au Salon de l’agriculture pour le réputé Concours général agricole, où se réunit la crème de la crème, pour les lapins aussi. Il y a décroché un titre de Champion régional en race Alaska. Il a aussi obtenu plusieurs « sujets excellents » ou « très bons sujets » dans ses différentes races. Parmi ses autres belles récompenses, l’éleveur met en avant son Grand prix d’honneur Femelle en Argentré anglais à Challans en 2016, et son Grand prix d’exposition à Valognes en 2015, qui récompense l’ensemble des lapins présentés.

lapins-medailles

Lors de ces manifestations, les éleveurs partagent et font des échanges de spécimens. « Je n’acquièrs pas forcément des lapins qui ont eu des prix. Je regarde s’ils sont tatoués et ont une carte d’origine, stipulant le père et la mère, ce qui permet d’éviter les consanguinités. Les meilleurs animaux sont ceux ayant un legs racial de cuniculiculture, donné par les juges. »
Dans les 80 cages de l’élevage, environ 32 couples de reproduction (8 à 9 par race) sont conservés. Ici, les prolifiques lapins sont restreints à une portée par an, « car j’envoie souvent des femelles en concours. Il faut qu’elles soient en forme… Beaucoup d’animaux partent rapidement, certains peuvent être gardés 6 – 7 ans, voire jusqu’à 9 ans. » La saison de reproduction va de janvier à juin et les concours se passent plutôt en hiver, d’octobre à février.

Une passion débordante

Travaillant comme salarié dans le transport, Fabien Deshayes consacre beaucoup de son temps de loisirs à sa passion. « Cela me demande 2 heures par jour pour l’alimentation, plus 16 heures tous les 15 jours pour le curage des clapiers. Je vais voir mes lapins matin et soir, et je me lève même la nuit pour les mises bas… Des vaccins sont faits pour réduire les risques de maladies. » À ses yeux, le plus difficile dans ce type d’élevage est l’alimentation. « Elle diffère selon les âges, les stades et les races. J’utilise un tableur Excel que j’ai réalisé moi-même pour faciliter les rations. Tous les aliments sont pesés. Je donne un aliment spécial pour lapins, de l’orge, de l’avoine, du maïs, du foin et de la betterave. » Différents investissements ont été réalisés par l’éleveur : une remorque, un silo à grain, un hachoir à betterave, un chariot de manutention et un moulin à grain. Aujourd’hui, il cherche un petit bâtiment près de chez lui pour mettre ses lapins à l’abri et au chaud l’hiver.


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