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Porc : cap au zéro antibio

Après la vulgarisation du « mâle entier » chez ses adhérents, la Cooperl entame le prochain chantier de sa « montée en gamme » avec la production de porc sans antibiotique après sevrage.

« Notre stratégie reste la même : s’adapter à un monde qui change. En innovant, en investissant encore plus que par le passé et en montant en gamme pour se différencier du standard », attaque bille en tête Emmanuel Commault, directeur de la Cooperl à l’approche de l’assemblée générale vendredi 13 juin. À propos du « porc bien-être », lancé officiellement il y a 18 mois, le dirigeant parle « d’une innovation majeure en situation d’être validée avec un excellent recul et qui ne sera pas remise en cause. »

75 % de la production en mâle entier fin 2014

Son président, Patrice Drillet, lui emboite le pas sur les bénéfices de l’arrêt de la castration des mâles : « Nos simulations se sont vérifiées. Aucun éleveur n’a fait marche arrière. C’est une réponse sociétale, environnementale, technique et économique. Avec en moyenne 7 % de rejets azotés en moins, le porc bien-être chez nous représente déjà 8 000 ha de terres d’épandage libérées. Les cochons sont également plus robustes, présentent un indice de consommation et une croissance significativement meilleurs. Avec un taux de muscle supérieur, la qualité bouchère de la viande, plus maigre, est accrue… »

Reste la fameuse question de l’odeur de la viande de certains animaux. Emmanuel Commault affirme « avoir réussi à totalement régler le problème de ce risque grâce à l’investissement en R&D, au travail sur la génétique, l’alimentation, le suivi d’élevage, la salaison… ». Et le président Drillet d’abonder : « Il y avait un enjeu d’odeur. Nous avons su trouver des solutions. Et la méthode a été validée par un bureau indépendant. » Deux responsables qui rassurent et montrent à quel point le mâle entier est le socle du projet d’entreprise pour demain. « Ce n’est pas une niche, martèle le directeur. L’essentiel des élevages sont déjà engagés en porc bien-être. Fin 2014, cela devrait concerner 75 % de notre production. Et déjà on constate que cette stratégie génère de la valeur économique pour la coop et pour l’adhérent puisque les résultats 2013 sont meilleurs qu’en 2012 dans un contexte pourtant difficile. C’est le reflet de notre différenciation, de notre recherche de valorisation… »

Et déjà, le groupe annonce la  suite. « Parallèlement au plan gouvernemental Écoantibio 2012-2017, Cooperl a réduit fortement son recours à l’antibiothérapie en élevage. Mais l’antibiorésistance demeure une préoccupation majeure de santé publique », rappelle Emmanuel Commault. Suite à une décision l’année dernière, le groupe « démarre aujourd’hui une partie concrète et significative de la production sans antibiotique après le sevrage. » Le défi est grand. « Le porc bien-être était la première marche, la clé d’entrée. Maintenant, les éleveurs devront être techniquement encore plus performants. » Sur le terrain, la première étape opérationnelle « pour obtenir le passeport vers la démédication » est la réalisation d’un audit d’élevage approfondi où tout est passé au crible : alimentation, eau, état des installations, niveau de biosécurité, bien-être des animaux… « Et de notre côté, nous avons déjà développé des solutions thérapeutiques alternatives. »

Démédication, bonus face à la distribution

150 000 porcs seront ainsi issus de ce mode d’élevage sans antibiotique en 2014. Objectif : « 10 % de la production de la coop courant 2015 et un tiers sous trois ans. Identifiée sous étiquette sans OGM et sans antibio, les produits seront vendus sous notre marque à vocation viande et charcuterie Brocéliande. La grande distribution regarde d’ailleurs ce projet avec grand intérêt. » Et Emmanuel Commault de conclure : « Et comme l’antibiorésistance est un problème mondial, le porc sans antibiotique est une ouverture vers des clients potentiels sachant que nous réalisons 35 % de notre chiffre d’affaires à l’étranger. » Toma Dagorn


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