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Opération vérité sur les antibios

La filière volaille de chair a été pointée du doigt dans une émission télévisée sur l’utilisation abusive d’antibiotiques. Gilles Salvat, de l’Anses, a répondu à ces accusations en rappelant le plan Écoantibio 2017 et en présentant les efforts réalisés par les éleveurs pour diminuer l’usage d’antibiotiques.

L’émission Capital diffusée sur M6 le 6 avril 2014, intitulée « Poulet : révélations sur la viande la moins chère », pointait du doigt les élevages standard de volailles. « La promiscuité et le manque d’hygiène provoquent des infections à répétitions, disait le commentateur. Pour soigner leurs volailles, les éleveurs utilisent des quantités massives d’antibiotiques. » Et un éleveur breton, bien loin des réalités de l’élevage actuel, témoignant à visage masqué rajoutait : « Chez nous les antibiotiques c’est systématique. » Mais comme d’habitude dans ce genre d’émission, aucun chiffre n’a été donné. Gilles Salvat, directeur de la santé animale et du bien-être des animaux à l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), est intervenu lors de l’assemblée générale des interprofessions volailles de chair, qui s’est déroulée à Angers le 16 avril. Il est venu présenter les tendances concrètes chiffrées sur l’évolution de l’utilisation d’antibiotiques en volaille.

État des lieux de l’antibiorésistance

Chaque année depuis 2006, le Résapath étudie la prévalence des bactéries E. Coli résistantes aux céphalosporines C3G / C4G. Les données 2012 montrent une baisse notable de la proportion de résistance au Ceftiofur chez les poulets par rapport à 2011 (de 17 % à 8 %). Cette baisse s’inscrit en continuité de celle amorcée entre 2010 et 2011 et doit être considérée comme un résultat positif. Chez la dinde et le canard le taux de résistance est abaissé à 2 %.

Étude de l’Anses sur les traitements antibiotiques

Gilles Salvat a tenu à rappeler : « La prescription d’antibiotiques par les médecins et les vétérinaires a conduit à l’apparition de résistances. Empêcher leur propagation est désormais une priorité dans le monde. Pour enrayer ce phénomène la France a lancé un plan national de réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire en 2011 nommé Écoantibio. L’objectif est de diminuer de 25 % l’utilisation d’antibiotiques entre 2012 et 2017. » Les Comités interprofessionnels de la dinde française (Cidef) et du poulet de chair (CIPC) ont sollicité l’Anses pour réaliser un état des lieux des traitements antibiotiques pratiqués dans les élevages de dindes et de poulets au cours de l’année 2102. « Le protocole de l’étude comportait : un échantillon d’élevages tirés au sort (537), un recueil rétrospectif de l’intégralité des fiches d’élevage pour l’année 2012 et une analyse des données des traitements administrés. »

[caption id=”attachment_9361″ align=”aligncenter” width=”300″]Comparaison des caractéristiques d’utilisation des antibiotiques Comparaison des caractéristiques d’utilisation des antibiotiques dans les lots de poulets et de dindes (enquête ANSES)[/caption]

Des efforts réalisés en poulets et dindes

Les résultats de cette étude ont été comparés aux chiffres sortant de l’observatoire mené dans l’Ouest de la France en 2008 sur 1 263 lots de poulets et 765 lots de dindes. « Les résultats montrent que le pourcentage de lots sans traitement antibiotique s’est amélioré depuis 2008, de 12 % chez les dindes et de 18 % chez les poulets. Ils illustrent les efforts réalisés par les éleveurs afin de réduire la prise d’antibiotiques et donc les risques d’antibiorésistance. »

Mis à part le nombre de traitements par lot qui a légèrement augmenté (+ 3 %) en dindes entre 2008 et 2012, dans les deux productions tous les leviers sont activés pour atteindre l’objectif fixé par le plan Écoantibio 2017. « Le nombre de traitements par lot baisse de 25 % en poulets, le nombre moyen de jours de traitement baisse significativement dans les deux productions et le premier traitement se fait de plus en plus tard sur les animaux. Enfin, la durée moyenne d’administration d’antibiotiques stagne en poulets et passe de 5,4 jours à 4 jours en dindes. » Nicolas Goualan


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