La volaille a encore du pain sur la planche

Ces 15 dernières années, les filières avicoles ont beaucoup consommé d’antibiotiques. Les premiers progrès se constatent enfin.

En volaille, l’Agence du médicament constate une « légère diminution des ventes d’antibiotiques entre 2010 et 2012 », rapportait Claire Chauvin, de l’Anses lors de la  rencontre à l’Ispaïa, en attendant les chiffres 2013 publiés le mois prochain. On note également une tendance à la baisse de l’exposition des lots, exprimée en jours de traitement antibiotique : « En 2012, la moyenne est de 3 jours en poulet, 13 jours en dinde. Contre respectivement 7 et 18 jours en 2007 », rapporte la spécialiste, qui estime « qu’aujourd’hui un lot sur deux en poulet ne reçoit pas d’antibiotique, un lot sur quatre en dinde. » Des chiffres à prendre avec des pincettes : « Je pense que nous n’en sommes pas encore là », lâchait d’ailleurs un vétérinaire dans l’assemblée. Car des approximations peuvent exister liées aux déclarations de vente des laboratoires de spécialités multi-espèces, aux posologies ou durées de traitement pas toujours respectées à la lettre, aux importations non comptabilisées de médicaments venus d’Espagne ou de Belgique, à « l’absence des données couvoirs »…

Des progrès à faire partout en Europe

Au cours de son exposé, Claire Chauvin de l’Anses s’appuyait sur des résultats d’études récentes pour comparer les pays européens. En France, un poulet recevrait en moyenne « 3 jours de traitement antibiotique, contre 10 en Allemagne et 5 en Belgique. » Toujours en France et en poulet, la proportion d’élevages sans exposition antibiotique serait « de 28 %, contre 15 % aux Pays-Bas, 27 % en Autriche et 22 % en Belgique. » La spécialiste soulignait également « des particularités thérapeutiques indéniables entre les pays » : la France a davantage recours aux macrolides, la Belgique au fluoroquinolones, l’Autriche aux bétalactamines…

Claire Chauvin concédait d’ailleurs que « la filière avicole est celle qui a mis le moins de choses en place, la moins tangible sur les diminutions d’antibiotiques. Si on compare les situations en 1999 et 2012, les niveaux d’exposition des chiens, chats, lapins et porcs ont diminué. » En volaille, au contraire, l’exposition a très fortement augmenté sur cette période et commence seulement à baisser depuis 2010. D’autant que les filières avicoles « utilisent, entre autres, les antibiotiques dits « critiques » comme les fluoroquinolones » sur lesquels les pouvoirs publics attendent des progrès importants. En fait, « il y a beaucoup d’aviculteurs « faibles utilisateurs », précisait Julie Puterflam de l’Itavi. « Mais de forts utilisateurs peu nombreux concentrent plus de 50 % des usages dans 10 % des lots. Notons aussi que l’appartenance au groupe « fort » ou « faible » est variable dans le temps. » Toma Dagorn


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