Dehors les vaches

Enfin. Enfin, la pluie s’est arrêtée et le soleil de mars brille. Les vaches peuvent sortir et nettoyer les pâtures. À condition que la portance suive, ce qui n’est pas encore le cas partout.

Cette semaine, rendez-vous à Mahalon, commune du Pays du Cap Sizun qui enregistre 900 mm de pluie par an. Chez Alain Normant et Anne Quinquis, les vaches laitières savourent le soleil en pâturant les pousses de ce début de printemps. Les prairies sont restées au repos pendant 3 à 4 mois. Les 45 vaches laitières en production (sur les 66) ont commencé le déprimage depuis le 15 février. « Habituellement, les vaches débutent plus tôt, vers le 1er février. Nos terres portantes (limono-sableuses) le permettent. Mais avec les pluies, 430 mm depuis janvier, nous avons dû repousser l’entrée dans les pâtures ».

Entrée à 6 cm d’herbe

Depuis son évolution de système il y a plus de 10 ans, le découpage des paddocks est resté le même : des paddocks de 1,2 ha environ qui sont consommés en 2 jours actuellement pour le troupeau des vaches en lactation. Équipé de son herbomètre néozélandais pour se donner des repères au début de chaque saison, Alain apprécie l’état de pousse avant de prendre la décision d’y faire entrer le troupeau : « L’entrée dans la parcelle est conditionnée à une hauteur de 6 cm aujourd’hui (8 cm en pleine pousse). Au-delà, les parcelles seront débrayées pour réaliser les ensilages ».

La sortie se fait lorsque l’herbomètre indique 3 cm. Actuellement, les vaches sortent après la traite du matin pour rentrer à 18 h. « Tant que les vaches ne sont pas 100 % à l’herbe, je limite le pâturage avec un fil avant », complète Alain. L’herbe pâturée représente ainsi 1/3 de la ration. Progressivement ce sera la moitié. Puis elle sera en plat complet normalement à la fin du mois. En plus du pâturage, les vaches reçoivent 5 kg MS d’ensilage de maïs et environ 5 kg d’enrubanné de luzerne. Du foin est laissé à leur disposition dans la stabulation. Le litrage plafonne à 12 L/ VL à 45,7 de TB et 34,4 de TP. Au fur et à mesure de l’avancée du troupeau, le lisier de vache sera épandu à raison de 20 unités/ ha.

La ferme

  • 1 chef d’exploitation + 1 salariée
  • 71 ha SAU
  • 302 000 L quota lait (235 000 L réalisé sur 2012-2013)
  • 55 ha accessibles aux vaches
  • 66 vaches (2/3 croisées et 1/3 prim’holstein)
  • 4 300 L/ VL (en 2012-2013)
  • 4 ha triticale
  • 5 ha de maïs ensilage
  • 5 ha de luzerne
  • Chargement : 1,50 UGB/ha de SFP
  • Atelier d’engraissement de porcs à façon
  • Certifiée agriculture biologique depuis 2011

Autonomie et efficacité économique

La recherche d’autonomie et d’efficacité économique continue de guider Alain dans ses choix : « En 2000, ce qui m’a fait évoluer, c’est l’adhésion à des groupes de réflexion. Les rencontres et les échanges avec d’autres paysans et techniciens ont été décisifs dans la transformation de mon système d’exploitation. Et ça l’est toujours aujourd’hui ». La mise en place des prairies multi-espèces et du pâturage tournant a donné des résultats tant au niveau économique par une réduction des charges qu’au niveau du temps de travail. Depuis 2006, Alain pratiquait la monotraite d’avril à juillet. Depuis 2013, c’est désormais une pratique quotidienne. Apportant du coup une meilleure qualité de vie, elle a aussi des bénéfices sur la fécondité du troupeau.

L’éleveur réalise également des croisements de races (Prim’Holstein, Jersiais, Rouge scandinave, Montbéliard), qui renforcent la rusticité, la fertilité et limitent les pertes aux vêlages (3 % en 2013). Les veaux gardés pour le renouvellement grandissent pendant 6 mois auprès de vaches nourrices, vaches sélectionnées pour des raisons leucocytaires ou trop longues à traire. « Je compte 3 veaux pour 1 vache au printemps et 2 veaux par vache en hiver. Ces vaches et ces veaux sortent aussi au pâturage », complète Alain. Civam 29 : 02 98 81 43 94

L’avis de :

Jean-François Orain, Saint-Malo-des-trois-fontaines (56) en zone séchante (56)

Cette semaine ça s’est mal passé ! L’excès d’eau m’a contraint à ne sortir les vaches que 3 jours. Elles sortent à midi et rentrent à 17 h pour la traite. Les 43 vaches reçoivent une ration composée de 8 kg MS d’ensilage d’herbe, 3 kg MS de maïs, 3 kg MS de foin et 2 kg MS d’herbe pâturée. Elles produisent 19,3 L par jour avec des taux à 40,6 de TB et 30,5 de TP. L’herbe ne pousse plus beaucoup, les vaches continuent à tourner et rentrent dans les parcelles sur une herbe assez basse. Mais, dès qu’elles consomment ce peu d’herbe, le lait est au rendez-vous. Côté stock, pas de souci pour le moment. Au 15 mars, j’aurai fini mon silo composé de ¾ ensilage d’herbe et ¼ maïs, et il me restera un autre tas d’ensilage d’herbe, pour un mois encore. Civam AD 56 : 02 97 66 32 62

Marcel Tuaux, Montours (35) en zone Humide (35)

Mes vaches laitières sont restées en stabulation pendant 15 jours (du 31 janvier au 17 février). Depuis, elles sont de nouveau dehors jour et nuit mais je veille à la portance du sol pour éviter le piétinement. La ration est composée de 2 kg de MS de foin, de 4 kg de MS d’ensilage maïs et de 4 kg de MS d’ensilage herbe RGH-TV. 5 kg de MS d’herbe pâturée sont consommés par les vaches. Par rapport au mois précédent, elles produisent 5 kg de lait en plus (16 kg de lait, TB 44, TP 30,5). Avec 60 ares d’herbe accessibles/VL, il me reste encore 10 jours de déprimage. J’espère bien sortir les génisses de + 2 ans à la mi-mars à raison d’une génisse/ha. Puis, j’épandrai du fumier sur les paddocks d’herbe récemment pâturés. Adage 35 : 02 99 77 09 56

Jérôme Oizel, Le Foeil (22) en zone humide (22)

Peu d’évolution depuis un mois. Les vaches sont toujours à l’étable et les vêlages de printemps ont commencé. Fin février, j’ai réussi à épandre du compost et du fumier sur 25 ha de prairies. Pour les autres parcelles pas suffisamment portantes, c’est désormais trop tard et on attendra l’automne. Les animaux ne vont pas sortir avant la fin mars. En vache allaitante, il faut non seulement que les prairies soient ressuyées, mais aussi que la quantité d’herbe sur pied soit suffisante. Pas question de mettre les râteliers au champ au printemps ; il ne faut pas risquer de tourner trop vite sur les parcelles dès le début de la saison, sinon on se retrouve vite à court d’herbe. Dans l’attente, je mets les clôtures à jour pour être prêt. Cedapa : 02 96 74 75 50


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