paturage-herbe-climat-vache-bovin-prairie-prim-holstein - Illustration Une saison d’herbe atypique et contrastée

Une saison d’herbe atypique et contrastée

Dernier rendez-vous de l’herbe de l’année. En Bretagne, les situations ont été très différentes selon les zones pédoclimatiques.

Petit retour en arrière : « L’hiver dernier a été relativement doux. Il y avait donc de l’herbe à exploiter dès la fin de l’hiver mais les conditions de portance ont été un frein à la sortie des vaches, qui a été plus tardive. Il a fallu exploiter au mieux les prairies selon les conditions de portance pour assurer un bon déprimage ».

Pas de pic de production en mai

Par ailleurs, les températures froides du printemps ont fortement freiné le démarrage de l’herbe. Contrairement aux années précédentes, pas de pic de croissance de l’herbe observé début mai mais une pousse décalée fin mai – début juin. À la mi-mai, tous les paddocks étaient à même hauteur, rapporte-t-on dans le sud Morbihan. Heureusement que l’année précédente avait en général permis de faire du stock, car il a fallu faire face à un hiver prolongé. La fin de la distribution de stocks a été décalée de trois bonnes semaines pour les vaches laitières, et les génisses ont été mises à l’herbe plus tardivement.

La suite de la saison a été plus contrastée selon les zones. Ainsi pour le Sud de l’Ille-et-Vilaine, à l’image de chez Jean-Marie Gaigeot, l’année a été très bonne : « Habituellement pour nous, en zone séchante, l’été est synonyme de consommation de stock. Cette année ça n’a pas été le cas ». Pour le reste du département, ceux qui ont bénéficié d’orages très localisés durant l’été ont pu prolonger longuement le pâturage estival. Les autres se sont trouvés plus rapidement en difficulté.

Dans les Côtes d’Armor, comme dans le Morbihan et le Finistère, les cas d’orage ont été plus isolés et l’été a globalement été sec. La persistance du pâturage a alors largement été dépendante de la réserve utile des sols, et aussi de la quantité d’herbe disponible par vache : « le fait de disposer de 60 ares par vache a fait toute la différence », témoigne Yann Le Merdy du Trégor, qui a ainsi pu prolonger le pâturage seul jusqu’au 15 août. Certains herbagers ont néanmoins dû affourager dès la fin juillet et étaient en ration hivernale début septembre. Moins d’herbe récoltée que l’an passée donc, mais de bonne qualité, grâce à des fenêtres météo aux moments opportuns.

Heureusement l’arrière-saison est bonne, à très bonne, surtout si l’on compare à l’année dernière où les pluies abondantes avaient obligé les éleveurs à rentrer tout le monde bien trop tôt. L’herbe est certes arrivée tardivement, à la mi-octobre, après un début septembre peu arrosé, mais elle est venue en quantité et en qualité. « Le pâturage a été très bon en octobre et aussi en novembre, et l’herbe représentera jusqu’au 15 décembre encore 1/3 de la ration, souligne un éleveur du Mené. Ça nous permet aussi d’avoir une complémentation azotée très faible ».

L’herbe peut pousser toute l’année

Les leçons de l’année ? Il convient d’abord de profiter au maximum de cet atout des prairies d’être un fourrage qui peut pousser toute l’année, si les conditions de température et d’humidité le permettent : « Il faut être opportuniste et profiter de chaque fenêtre météo pour aller chercher l’herbe et ainsi économiser les stocks », insiste un éleveur du Centre-Bretagne. Avoir un stock de sécurité pour tamponner les périodes de creux apparaît tout aussi incontournable. Pour cela, les éleveurs herbagers tendent à prévoir plus de surface fourragère par UGB, soit en ajustant le chargement au potentiel de la ferme (limiter le nombre de génisses, renoncer à engraisser les réformes, viser des vêlages plus précoces…), soit en limitant les surfaces de cultures de vente. Objectif : assurer ainsi l’autonomie en fourrage même les années difficiles… voire en concentrés.

L’avis de :

Yann Le Merdy, Louargat (22) en Zone humide

Les vaches sortent toujours en journée. On change de parcelle tous les jours : il s’agit maintenant de bien nettoyer les parcelles. Les vaches ont du maïs ensilage (7 kg maxi de MS), de la betterave (2 kg de MS), de l’enrubannage (3 kg) et du pâturage. Je ne donne pas de concentré azoté : je me fie au taux d’urée (correct) et à l’aspect des bouses. Restent encore à l’herbe les vaches taries et les génisses à vêler : l’an passé tout le monde était rentré dès le début novembre. Comme on annonce du sec, je vais pouvoir pâturer au moins jusqu’à mi-décembre, y compris la nouvelle parcelle semée après le mélange céréalier. C’est idéal : la prairie sera nettoyée des plantes annuelles et le trèfle aura de la lumière. Cedapa : 02 96 74 75 50

Pierre-Yann Brique, La Croix-Hélléan (56) en zone séchant

Il reste encore de l’herbe à pâturer. Les 48 vaches dorment toujours dehors et produisent 23 L/j (42 TB et 33 TP). La ration est composée de 7 kg MS de maïs, 4 kg MS d’enrubannage, 0,9 kg de correcteur azoté, 1,5 kg de mélange céréalier aplati pour les fraîches vêlées et le reste d’herbe pâturée (4 kg MS). Cependant avec les gelées, je suis contraint de sortir les vaches un peu plus tard, vers 11h. Elles resteront une journée ou deux, dans l’objectif de bien gratter les parcelles. Entre Noël et le jour de l’an, les vaches rentreront au bâtiment et j’augmenterai le maïs, l’enrubannage, avec du foin et un peu plus de correcteur azoté. Quant aux génisses, elles sont toujours au pâturage, avec du foin ; il me reste 11 paddocks à faire pâturer. Civam AD 56 : 02 97 66 32 62.

Jean-Marie Gaigeot, Martigné-Ferchaud (35) en zone séchante

Ce début d’hiver est très favorable au pâturage, les vaches sortent encore en journée. Je limite les quantités d’ensilage d’herbe distribuées à l’auge pour favoriser le pâturage et la consommation de l’herbe apportée à l’auge (affouragement vert). Mes craintes exprimées en octobre liées à l’importante pluviométrie ne se sont pas confirmées ; j’ai pu faire un premier passage sur mes nouvelles prairies ce qui permettra de contrôler les repousses de céréales et sera profitable à leur implantation. La production se maintient (22 kg) avec de très bons taux (45 ; 33,7). Les génisses profitent aussi de cet automne qui se prolonge ; un lot est toujours dehors et tourne pour finir de nettoyer les parcelles. Civam Adage 35 : 02 99 77 09 56

Jean-François Glinec, Saint-Urbain (29) en zone humide

Quel bel automne ! Les vaches laitières en production sont ressorties depuis une dizaine de jours, à raison de 50 ares/ jour. Leur ration est complétée d’enrubannage. Le litrage moyen se maintient à 10 L/ VL / j avec des taux très élevés : TB à 48 et TP à 34. On estime qu’elles auront pâturé 10 à 15 ha sur les mois de novembre et de décembre. Cela va permettre de bien nettoyer les parcelles pendant la trêve hivernale. Le reste de la surface pâturable est déjà gardé en repos jusqu’au début des 1ers vêlages. Les grandes génisses poursuivront leur pâturage en plat unique pendant encore 4 à 5 semaines. Malgré une sélection génétique sur les mammites, quelques vaches se sont révélées positives. Elles seront traitées au moment du tarissement. Civam 29 : 02 98 81 43 94


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article