prix-lait-commercialisation-industriel-grande-distribution-producteur-negociation - Illustration À la table des négociations

À la table des négociations

Bras de fer et guerre de communiqués dans les négociations sur le prix du lait entre industriels et grande distribution qui devaient s’achever ce jeudi 27 février. Les éleveurs décident de s’inviter dans les discussions.

« Les producteurs en ont marre d’être la variable d’ajustement ! ». Ce « coup de gueule » de la FDSEA et de JA 35 reflète bien l’ambiance qui règne depuis quelques semaines autour des négociations commerciales sur le prix du lait. « Le prix du lait ne se décrète pas. Il doit refléter la réalité des marchés. Pour cela, la référence aux indicateurs économiques publiés par le Cniel, et prévue aux contrats, doit être absolument respectée », poursuivent les syndicalistes d’Ille-et-Vilaine. Même son de cloche pour JA Bretagne qui dit «  stop aux annonces des laiteries qui trouvent toujours une bonne excuse pour ne pas faire profiter leurs producteurs des embellies de marché au niveau mondial ».

Respect des contrats

De son côté, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) a décidé de « s’inviter » dans les négociations commerciales qui se déroulent actuellement entre les industriels laitiers et les grandes surfaces, notamment Leclerc et Carrefour. « Nous allons nous inviter dans les boxes de négociation des transformateurs et de la grande distribution, dès mardi matin et jusqu’à jeudi soir, pour voir s’ils tiennent le même discours qu’à l’extérieur », a prévenu dès lundi Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, au Salon de l’agriculture à Paris. « Nous ne pouvons pas passer à côté de ces négociations qui sont vitales pour nous », a-t-il justifié. « Personne n’a intérêt à ce qu’on n’y soit pas, c’est assez sain que l’on soit autour de la table »,explique aussi André Bonnard, trésorier de la FNPL. « L’enjeu est le respect des contrats qui lient le prix du lait aux indicateurs de l’interprofession », souligne Thierry Roquefeuil.

Le geste d’Intermarché

Dans un communiqué du 25 février, l’enseigne Intermarché, qui est aussi transformateur à travers sa Laiterie Saint-Père, explique qu’elle « a décidé d’appliquer dès le 1er mars les tarifs des industriels intégrant une revalorisation du prix du lait payé aux producteurs sur la base de 365 euros les 1 000 litres ». Le distributeur répercutera ce qu’il estime être une « aide à la production laitière » dans les prix publics. Il en appelle « à la responsabilité de tous les distributeurs pour suivre cette voie et demande à l’ensemble des industriels que cette hausse accordée soit intégralement reversée aux éleveurs ».

Médiateur

L’Organisation des producteurs de lait (OPL), adhérente de la Coordination Rurale a appelé pour sa part à une intervention du médiateur des rapports commerciaux dans les négociations, de peur qu’un prix « scandaleusement bas » ne soit fixé à l’issue des discussions entre fournisseurs et grandes surfaces. « Nous demandons au médiateur d’organiser une table ronde entre les différents acteurs de la production laitière, producteurs, distributeurs et les transformateurs, pour savoir qui nous mène en bateau et quelles sont réellement les bases de leurs négociations », a expliqué à l’AFP Véronique Le Floc’h, présidente de l’OPL. Un avis non partagé par la FNPL qui ne fera pas appel au médiateur cette année, car elle veut « rester sur une lecture économique du prix du lait ».

Si les discours lors des négociations ne sont pas conformes aux discours publics, « on aura des réponses beaucoup plus syndicales, même si on n’est pas du tout dans cet état d’esprit », prévient le syndicat, à l’adresse aussi bien des distributeurs que des industriels. Le syndicat souhaitait profiter du Salon de l’Agriculture pour rencontrer les distributeurs et les politiques, « pour qu’ils soient conscients qu’ils sont responsables de ce qui se passe ». Le ministre de l’Agriculture a pour sa part assuré qu’il était mobilisé sur la question du prix du lait, affirmant intervenir – sans en dire plus – tout en reconnaissant que l’Etat n’a pas beaucoup de moyens de pression. AT (avec agra)


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