Consommation de viande volaille qui augmente, manque d’investissements dans les élevages et chez les industriels, marchés en croissance alimentés par les importations. Quels enjeux pour la filière avicole française.
La production mondiale de viande a progressé de 4,2 % entre 1992 et 2012 que ce soit en porc, bœuf ou volaille. Les prévisions montrent que cela va encore augmenter de 2,4 % à l’horizon 2022. La viande de volaille va contribuer fortement à cette tendance car c’est une viande peu grasse, qui n’a pas d’interdits religieux et qui coûte relativement peu cher. Lors de la journée volaille de chair organisée par l’Itavi à Pacé (35), Pascale Magdelaine, du service économie de l’Itavi, a commenté : « Entre 1994 et 2012, on note un net recul de l’Europe dans les échanges mondiaux de viande de volailles. Ils sont passés de 20 % à 10 %, alors que dans le même temps, le Brésil est passé de 14 % à 32 % et la Chine de 0 % à 12 %. »
Au sein de l’Union Européenne, il y a des dynamiques de production bien contrastées d’un pays à l’autre. L’Allemagne a multiplié sa production de poulet par trois en 20 ans. Pendant ce temps, en France, la production baissait d’un quart entre 1998 et 2006, pour repartir à la hausse ensuite poussée par le marché de la volaille export (grâce aux restitutions) mais sans retrouver les tonnages de 1998. « Les facteurs explicatifs sont multiples, le cadre réglementaire, social et fiscal n’est pas du tout le même d’un pays à l’autre de l’Europe. Les structures et les organisations de filières ne se ressemblent pas non plus », décrypte Pascale Magdelaine.
Dans l’Hexagone, la production de poulet standard et label est stable depuis 2007. Le poulet export, avec restitutions, après avoir perdu des volumes de 2001 à 2006 est reparti en flèche les années suivantes avant de subir un léger recul en 2011 et 2012. Cela a permis de maintenir une progression sur le total de poulets produits. D’autre part, sur 2012 le solde des échanges français de viandes et préparations de poulet avec l’Union Européenne a chuté de 270 kilo tonne équivalent carcasse (Ktec), représentant – 445 millions d’euros.
[caption id=”attachment_12528″ align=”aligncenter” width=”800″] Des évolutions du modèle alimentaire : l’enjeu de la praticité[/caption]
L’importation alimente les marchés en croissance
En France, la consommation de viande de volaille est de 25 kg/habitant/an, la part du poulet étant de 15 kg/habitant/an. « Sur 2013, les achats des ménages en viande de volaille ont augmenté de 2,6 %, avec une hausse de 5,8 % sur les découpes et de 5,4 % sur les produits élaborés. Sur la même période, les prix ont grimpé de 3,5 % (hors produits élaborés). » Les évolutions du modèle alimentaire se portent de moins en moins sur du poulet entier mais plutôt sur des produits élaborés et de découpe. Par conséquent, ce sont les importations qui sont favorisées sur ce marché en croissance. Ce constat démontrant une fois de plus l’intérêt d’un étiquetage de l’origine des viandes, même dans les produits élaborés.
[caption id=”attachment_12530″ align=”aligncenter” width=”800″] Synthèse des débouchés et du taux d’importation en poulet.[/caption]
Enjeux de la filière
Depuis 10 ans il n’y a pas eu de réels investissements que ce soit du côté des élevages ou des industriels. Afin de déclencher ces investissements et favoriser l’innovation, il faudra assurer la rentabilité des différents maillons de la filière. « Il y a des antagonismes apparents entre performance économique, acceptabilité sociétale et protection de l’environnement. Mais une réflexion globale intégrant ces trois paramètres est incontournable. Ceci afin de répondre aux demandes du consommateur et du citoyen, assurer la viabilité et de l’activité sur notre territoire, permettre les évolutions structurelles et techniques nécessaires, créer de la valeur et des emplois en France », analyse Pascale Magdelaine. Elle conclut en insistant sur la nécessité d’un dialogue entre acteurs des filières, pouvoirs publics et société civile pour disposer d’une vision partagée de l’avenir et construire un modèle d’élevage et de filière compétitif et durable. Et de terminer sur une question qui pourrait être posé aux écologistes et défenseurs des animaux : quel élevage veut-on demain, un élevage chez nous ou essentiellement des volailles d’importation ?