Le président du Cerafel Marc Kerangueven « tire la sonnette d’alarme. Depuis mon installation en 1988, je n’ai jamais vu une telle crise, qui concerne tous les produits de plein champ », représentés par différents choux, des poireaux, de la mâche, des échalotes et des oignons. En cause, un effet ciseau, avec des prix bas et « des charges qui ont explosé depuis 3 ans. Main-d’œuvre, énergie, assurance… certains postes ont triplé, c’est le cas du matériel. Ces hausses sont sans doute justifiées, mais nous les subissons de plein fouet ». Et le responsable d’évoquer un sentiment de limite atteinte par la filière : « La génétique et la productivité ont permis de récolter plus de choux à l’heure. Aujourd’hui, il n’y a plus de gains, on plafonne et les charges continuent d’augmenter ».
L’Europe continue de produire
La douceur de la météo a donné de l’avance aux cultures de chou-fleur. « Au 5 décembre, nous avions récolté le tiers des volumes de la campagne, alors que nous aurions dû être à seulement 25 % ». Sur une campagne complète, le territoire couvert par le Cerafel produit 90 millions de têtes. Et cette avancée est encore plus prononcée dans des secteurs géographiques « comme celui de Saint-Malo, où la moitié des choux sont déjà coupés ».
À cela s’ajoute la présence sur les marchés de l’origine allemande ou hollandaise, pays qui habituellement sont aux abonnés absents à cette période de l’année, quand le froid met normalement un terme à leur production. Mais la douceur gagne aussi le nord de l’Europe, « il y a eu récemment du chou-fleur polonais à Rungis. La situation est très difficile à vivre pour nos producteurs bretons ». Du côté du Royaume-Uni, « ils sont noyés sous leurs choux. Les pays habituellement importateurs ont de la marchandise ».
Un appel à la solidarité
Le responsable a « alerté et sollicité tout le monde, pour les informer de la conjoncture. Les maires savent que des légumiers sont en difficulté sur leur commune, certains d’entre eux mettent du chou-fleur au menu des cantines ». Marc Kerangueven salue « l’action des négociants et des GMS qui jouent le jeu, les grandes surfaces mettent en avant nos produits, prennent même des risques. Beaucoup de choux ont été écoulés le week-end dernier, il y a eu un élan de solidarité », constate-t-il.
Fanch Paranthoën
Redonner de la valeur à l’alimentation
« À 2 € la tête de chou-fleur, on perd de l’argent. Le consommateur a perdu la valeur des choses, il faut lui réexpliquer ». Un légume présent sur l’étal d’une grande surface « a été récolté, conditionné, stocké au froid… On a fait croire que l’alimentation était gratuite. Le vrai prix d’une tête de chou, c’est 4 € ». Marc Kerangueven estime que ce légume « coche toutes les cases : c’est un produit de saison, local, sain, riche en vitamine C, abordable pour un repas de 4 personnes ».

