Le souvenir est resté gravé dans sa mémoire. « J’avais huit ans, se rappelle Karim Ganaï. Nous vivions en appartement dans le quartier brestois de Pontanézen. Mes parents, par précaution, ne me laissaient pas sortir jouer seul. Et puis un jour, ils ont eu rendez-vous à l’agence du Crédit Mutuel de Bretagne de Guipavas. Une relation de confiance s’est établie avec le conseiller et ils ont obtenu un accord pour leur prêt habitat. Mon père m’a alors dit : à partir d’aujourd’hui, ta vie va changer ». Prémonitoire.
« Nous avons une feuille de route ambitieuse et je suis convaincu que nous allons réussir tous ensemble »
À Guipavas, commune tranquille de l’est de l’agglomération brestoise, le jeune Karim s’épanouit dans un nouvel environnement scolaire et gagne en autonomie au quotidien. « Je pouvais sortir, aller me promener et m’amuser avec les copains ». Là, il fréquente le collège local puis intègre le lycée de Kerichen, à Brest. Son bac scientifique en poche, il décroche ensuite un diplôme universitaire de technologie dans la cité du Ponant avant de mettre le cap sur une école supérieure d’agriculture pour y suivre un master en ingénierie agricole. « J’ai toujours été attiré par l’agriculture. Le Guipavas de mon enfance était encore très rural. Gamin, j’ai ramassé les pommes de terre et les échalotes pour gagner un peu d’argent de poche. Et j’ai aimé cette ambiance ».
Retour au pays
Plus attiré par le volet végétal, il effectue ses premiers pas professionnels au sein de la Cana, coopérative de la région des Pays de la Loire qui fait maintenant partie du groupe Terrena. Durant cinq années, il se spécialise dans le suivi des cultures. Mais le manque de perspectives d’évolution professionnelle et l’envie de revenir au pays de son épouse guipavasienne viennent rebattre les cartes. « Je me suis demandé comment voir autre chose tout en continuant à accompagner l’agriculture. J’avais identifié deux pistes : les centres comptables et le secteur bancaire. La première option n’était pas assez orientée vers le commercial à mon goût, alors je me suis tourné vers la seule banque que j’aie jamais connue : le CMB ! »
Le 2 janvier 2003, le voici qui débute officiellement sa carrière au Crédit Mutuel de Bretagne comme chargé de clientèle agricole. Responsable de bureau, directeur de Caisse locale, responsable de pôle d’expertise, il gravit les échelons et se frotte au terrain avant de prendre, en 2012, la responsabilité du marché de l’agriculture pour la fédération bretonne. « Avec la Caisse de Bretagne de Crédit Mutuel Agricole, vous êtes au cœur du réacteur. J’ai passé quatre années exceptionnelles en binôme avec le Président de la CBCMA de l’époque, Christian Péron, pour qui j’ai un profond respect ». Désireux de se confronter au management d’une équipe étoffée, il retrouve le réseau en 2016, comme directeur de l’unité territoriale de Saint-Renan, entité forte d’une cinquantaine de collaborateurs. Fin 2020, en pleine période Covid, il est nommé directeur départemental du CMB en Ille-et-Vilaine. Après avoir envisagé un temps de s’installer avec son épouse et leurs trois enfants sur l’agglomération rennaise, il se ravise. « Je me suis vite rendu compte que j’avais beaucoup de réunions le soir et pas vraiment le temps de rentrer déjeuner à la maison le midi. Mon aîné avait alors 17 ans, et mes filles respectivement 14 et 11 ans… Par rapport à leur scolarité et à la vie de famille, ce n’était pas pertinent ».
Une construction progressive
Côté professionnel, l’expérience se révèle des plus enrichissantes. « En tant que directeur départemental, j’ai intégré le comité exécutif du CMB. J’ai également découvert la gestion des ressources humaines, le dialogue avec les syndicats lors des négociations salariales à l’échelle du groupe où je représentais les réseaux du Crédit Mutuel de Bretagne et du Sud-Ouest ». Elu en janvier 2024 Président du comité régional des banques de la Fédération Bancaire Française, il regagne le Finistère un an plus tard pour un rapide passage à la direction commerciale de la Fédération. Puis succède à Philippe Rouxel à la direction générale, en août dernier. « Ce poste n’a jamais constitué à mes yeux un but en soi. Il est le fruit d’un parcours qui s’est construit progressivement et où j’ai eu la chance d’être toujours très bien entouré. Et c’est à nouveau le cas avec ce comité exécutif composé de femmes et d’hommes de talent. Cette nouvelle mission est enthousiasmante mais aussi très engageante. Je l’aborde avec humilité et responsabilité. C’est un vrai honneur pour moi que d’être à la tête de la formidable équipe de plus de 3 000 salariés du CMB et de travailler de concert avec Julien Carmona, le Président de la Fédération. Nous avons une feuille de route ambitieuse et je suis convaincu que nous allons réussir tous ensemble ».

Pour s’aérer l’esprit, cet athlétique quinquagénaire – 3h01 au marathon ! – aime chausser sa paire de running et parcourir les routes de la campagne de Saint-Thonan où il réside. « Je ne m’entraîne plus autant qu’auparavant mais je continue à courir deux fois par semaine ». Amateur de vitesse et de sensations fortes, l’homme apprécie aussi de tourner, de temps à autre, sur les circuits de France et d’Espagne au guidon d’une moto sportive. Mais, dans l’immédiat, c’est sur le pilotage du Crédit Mutuel de Bretagne qu’il se concentre. Avec énergie et beaucoup d’envie. « Notamment sur le marché de l’agriculture ! »
Jean-Yves Nicolas