« En créant une savonnerie, je savais que je partais sur un projet sans gros investissement, ni besoin de recrutement. Ma priorité, c’était de trouver et de consolider un système où l’on s’entende bien, parce que pour Jeroen, habitué à travailler seul, mon arrivée a été un vrai changement : ‘Salut, c’est moi, la tornade Laurie, je fais du savon !’ Non, il fallait y aller étape par étape. C’est ce qu’on a fait ».
Deux ans après son installation, Laurie Poussier tire un premier bilan de son parcours, celui d’une productrice laitière partageant son temps entre les vaches, la gestion administrative de l’exploitation et l’activité d’agrotourisme (savonnerie artisanale, gîte à la ferme).
Si mon parcours peut inspirer d’autres femmes à trouver leur place
Á son sourire, on comprend que cela a fonctionné. Pourtant, au-delà du succès rencontré, ce qui fait l’originalité de sa démarche réside dans la motivation de départ : « Elle n’était pas économique, notre ferme marchait et marche bien. Nous venons d’investir dans une stabulation équipée de deux robots de traite et j’en suis fière. Ce qui m’importait avant tout, c’était ma légitimité d’agricultrice. Créer mon activité – ma bulle – était sans doute le meilleur moyen d’y parvenir ».
Confinement révélateur
Et Laurie rembobine le film : « Ingénieure agronome de formation, j’ai d’abord travaillé pour une coopérative. J’ai aussi été consultante, puis chef produit en nutrition animale… Quand Jeroen s’est installé début 2018, il n’était pas prévu que je le rejoigne sur la ferme. Le confinement a tout changé… Je me suis retrouvée en télétravail. Là, j’ai réalisé que non seulement je me sentais bien à la maison, mais je m’y retrouvais professionnellement ». Au même moment, elle assiste à la remise comptable de Jeoren : « Cela a été la révélation. Il avait de super résultats… en plus du cadre de vie sympa ! Alors pourquoi aller chercher ailleurs ce que j’avais sur place ? ».
Néanmoins, pas question pour Laurie de devenir sa ‘‘simple’’ collaboratrice. Elle est bien décidée à valoriser une partie de la production fermière.

Vendre aussi son histoire
Mais en quoi transformer le lait : yaourts, glaces, fromage ? « Cela se faisait déjà beaucoup dans notre secteur, très dynamique en vente directe. J’ai vu que l’on pouvait également faire des savons avec du lait d’ânesse, de chèvre, de jument… alors pourquoi pas au lait de vache, d’autant que son taux de matière grasse est très intéressant pour les savons ».
Elle entame une formation sur les cosmétiques naturels, puis part en Provence apprendre à fabriquer du savon… Autrement dit, elle se donne les moyens de son ambition : « Je ne voulais pas me lancer à la légère, mais dans un projet à long terme avec des bases solides ». En deux ans, elle met au point une première gamme, commence à faire les marchés, teste la vente en magasins de producteurs… Finalement, elle réoriente sa stratégie commerciale vers les entreprises avec un argument qui fait mouche : vendre son histoire avec ses produits. « Bien sûr, j’ai misé sur la qualité et l’originalité d’un savon fabriqué au lait de vache, mais si on m’en achète c’est aussi parce qu’il est fabriqué artisanalement, à la ferme et que j’y mets tout mon cœur, et cela je le dis ».
Autre réussite de la jeune femme : avoir su miser sur l’aloe vera, plante aux vertus médicinales qu’elle cultive elle-même sous serre : « J’ai mis au point plusieurs savons, un shampoing solide et une crème de jour qui en contiennent et plaisent beaucoup à la clientèle ».
Pierre-Yves Jouyaux
Retrouvez Groupama sur le Space : Hall 5, allée B
Repères : Gaec des deux Pays, La Chapelle-Fleurigné (35) ; 120 VL ; 1 200 000 L ; UTH : 2,5 ; Robotisation juillet 2025 ; SAU 90 ha ; 50 % de la ration en herbe ; Temps de travail de Laurie : 50 % du temps sur l’élevage : soins aux animaux, gestion administrative des différentes sociétés ; 50 % du temps sur la partie agrotourisme : savonnerie artisanale, culture d’aloe vera, gîte fermier…
Des savons locaux plutôt que des goodies jetables
Les visiteurs du Space pourront découvrir, sur le stand Groupama, les savons de l’Atelier du Tilleul mais aussi d’autres productions locales. Groupama Loire Bretagne illustre ainsi concrètement son engagement en faveur de la durabilité et des circuits courts. En choisissant de remplacer les traditionnels goodies (stylos, casquettes ou porte-clés) par des créations issues du savoir-faire de ses sociétaires, l’assureur mutualiste affirme son rôle d’acteur du territoire. Ce geste, à la fois simple et porteur de sens, valorise les productions agricoles locales tout en réduisant l’impact environnemental lié aux objets promotionnels classiques. Plus qu’un simple cadeau, ces produits deviennent le symbole d’un engagement fort : soutenir l’économie rurale, donner de la visibilité aux agriculteurs qui innovent et incarner les valeurs de proximité qui animent Groupama.