Depuis début août, les cumuls de précipitations bretons oscillent entre 1 et 5 mm selon les stations (hormis les déluges localisés mardi sur les Côtes d’Armor et le Morbihan : 63 mm à Évellys). Les sols, déjà éprouvés par une forte évapotranspiration en juillet, sont aujourd’hui vides. « Les réserves utiles sont épuisées », confirme Daniel Hanocq, agronome à la Chambre d’agriculture de Bretagne.
Le maïs a soif
Avec une évapotranspiration quotidienne de 4 à 6 mm, le maïs est sous tension pour accumuler ses dernières réserves. « Sur le Sud-Morbihan et l’Est de l’Ille-et-Vilaine, les plantes ont souffert dès la floraison. Le Finistère a connu une situation plus favorable à la floraison, mais les zones côtières n’ont pas échappé au stress hydrique. Aujourd’hui, les épis peinent à accumuler leurs réserves et certaines parcelles des zones séchantes jaunissent déjà à la base », observe le conseiller agronomie de la Chambre d’agriculture. Et de relever qu’en « Bretagne centrale, notamment dans les Montagnes Noires, les cultures résistent mieux ».
Les pâtures en paillasson
À la mi-juillet, le rendement des prairies accusait déjà un recul moyen de 18 % par rapport à la période 2010-2024. Désormais, les pâtures sont à l’arrêt. La plupart des surfaces se sont transformées en paillasson, y compris en Bretagne centrale, sous l’effet combiné des vagues de chaleur et de l’absence de pluie. Seuls les bas-fonds et autres prairies humides conservent une teinte vert tendre. Pour préserver les stocks, la tentation est grande de prolonger le pâturage, mais le risque de dégrader durablement la flore reste élevé.
Les réserves utiles sont épuisées
Les besoins en eau sont estimés à 80 à 100 mm pour relancer une dynamique végétative des prairies. Les fortes pluies tombées localement mardi auront un effet limité : l’eau n’a pas eu le temps de s’infiltrer.
Restrictions en place
Sans pluie régulière dans les prochains jours, la sécheresse de 2025 risque de marquer un nouveau tournant dans les campagnes bretonnes, confirmant une tendance qui, semaine après semaine, s’inscrit dans le temps long.
Dans ce contexte, chaque préfet breton a signé un arrêté-cadre définissant les niveaux de sécheresse et les restrictions associées. Celles-ci peuvent impacter la production agricole, notamment en cas de limitation ou d’interdiction de l’irrigation. En revanche, l’eau destinée à l’élevage (abreuvement et hygiène) n’est pas soumise à restriction, sauf arrêté particulier.
Didier Le Du
Statut par département
À ce jour, les quatre départements sont placés en niveau « alerte ». Le Finistère est en alerte sécheresse depuis le 8 août, tout comme les Côtes-d’Armor à l’issue du dernier comité de gestion de la ressource en eau (CGRE). L’Ille-et-Vilaine reste également en alerte. Quant au Morbihan, il est placé en alerte sécheresse, avec un passage en alerte renforcée sur cinq bassins versants : Ellé, Scorff, Evel, Yvel et Ninian-Aff.