« L’Europe ne pourra atteindre ses objectifs climatiques sans s’appuyer sur son agriculture, et notamment son élevage », pose d’emblée Yves Madre, de Farm Europe, association de réflexion qui fédère des acteurs agricoles et agroalimentaires de 15 pays de l’Union européenne (UE). Intervenant lors de l’assemblée générale d’Interbev Bretagne, le 24 juin à Langueux (22), il montre que le retournement des prairies sur les dernières années provoque un recul environnemental du bilan carbone. « Une vache émet des gaz à effet de serre mais apporte aussi du stockage carbone et d’autres bénéfices qui doivent être reconnus. »
Les bénéfices doivent être reconnus
L’économiste dénonce la délocalisation de la production agricole de l’UE qui, depuis les années 90, a vu 10 millions d’hectares agricoles disparaître. « En parallèle, on estime que les importations européennes ont entraîné la déforestation de 11 millions d’hectares, principalement liée à nos achats de soja. »
Mobiliser l’ensemble des acteurs
En Bretagne, la décapitalisation du bétail se poursuit avec une chute de plus de 2 % des cheptels allaitants et laitiers sur un an. « Le risque est social avec une perte d’emploi, il est aussi environnemental. 30 000 ha de prairies en moins d’ici 2030, c’est l’équivalent de 2,2 millions de t de CO
« Faut-il l’accepter, se résigner, alors que la demande est là, aussi bien en Europe que sur de nouveaux marchés ? », souligne Frédéric Chauvin, président de l’interprofession. « Alors qu’une souveraineté alimentaire est demandée, dans un contexte géopolitique instable, notre filière souhaite mobiliser l’ensemble des acteurs publics et privés autour de notre modèle. » Un plan a été élaboré autour de 4 grands piliers : l’attractivité (redonner l’envie et les moyens de s’installer), la recapitalisation, la production et la défense-promotion de la consommation.
Rester une région d’élevage
« La Région partage ce sujet. Nous devons rester une terre d’élevage pour plusieurs raisons : son rôle face au réchauffement climatique, la force de notre organisation, de notre savoir-faire et de notre écosystème permettant recherche et développement et décarbonation », déclare Arnaud Lécuyer, vice-président de la Région Bretagne. À la rentrée, les élus vont annoncer plusieurs mesures en faveur de l’élevage breton qu’elle « soutient déjà fortement ».
Agnès Cussonneau
« Aller vers plus d’Europe »
Yves Madre alerte sur le risque de délitement de la Pac et du marché commun, si davantage d’arbitrages sont laissés aux États dans la prochaine programmation. Dans les PSN (plans stratégiques nationaux), « l’argent communautaire serait alors employé pour contrer les pays voisins. Il faudrait plutôt aller vers davantage de stratégie commune européenne, produire davantage dans le sens de la durabilité, de l’environnement, pas faire moins d’Europe. »