« Nous travaillons sur le désherbage mécanique du maïs depuis plusieurs années », indique David Bouvier, conseiller à la Chambre d’agriculture de Bretagne (Crab). « Cette année, nous avons mis en place 5 plateformes d’essais pour comparer et tester des solutions plus poussées. Certaines, liées aux nouvelles technologies, permettent d’améliorer la précision du désherbage. »
Cela remplace un passage de glyphosate
Passer à l’aveugle
À Jugon-les-Lacs (22), l’une de ces plateformes a été implantée sur une parcelle de la SCEA Le Closset. La conduite culturale de l’exploitation est confiée à la Cuma de l’Avenir. « Nous avons semé le maïs le 28 avril à une densité de 95 000 grains », explique Jérémie Rehel, responsable de la structure. « Chez tous nos adhérents, le maïs est implanté sans labour. » Une semaine après le semis, une roto-étrille a été passée à l’aveugle sur une bande de la parcelle. Acheté en 2019, l’outil est aujourd’hui utilisé de cette façon chez la plupart des adhérents. « Quand les conditions sont bonnes, cela remplace un passage de glyphosate », estime Jérémie Rehel. « Cela permet aussi d’effacer les rangs. Nous avons d’ailleurs observé que cela réduisait les dégâts de sangliers et de choucas. Enfin la roto-étrille est très efficace contre les jeunes ray-grass. »
Finir par un binage
Le 22 mai, un rattrapage chimique (Calaris + Nisshin) a été réalisé sur l’ensemble de la parcelle. « Pour l’instant, il n’y a pas de différence significative entre les deux modalités en termes de levée des adventices », note David Bouvier. « Le passage de roto-étrille n’a pas non plus endommagé la culture. » Enfin, un binage est prévu dans les prochains jours.
Utiliser le drone
Trois semaines après le semis, un drone de la société Telespazio a survolé la parcelle pour cartographier les adventices. « 17 % du champ étaient occupés par les mauvaises herbes », raconte David Bouvier. « Malheureusement, le pulvérisateur de la Cuma n’est pas équipé de coupure buse à buse mais de tronçons de 3 mètres. Donc l’application ultra-localisée n’a pas été possible. Cette dernière aurait permis de traiter 17 % du champ contre 87 % avec les tronçons de 3 m ». Un second vol, réalisé fin mai, a mis en évidence la présence de foyers de ray-grass et de rumex. Un désherbage localisé sera réalisé dans quelques jours.
Alexis Jamet
Des journées dédiées au désherbage de précision
Une journée technique est organisée le mardi 17 juin à 14 h sur la plateforme de Jugon-les-Lacs (lieu-dit Les Rocailles). « Nous aborderons le désherbage durable au sens large », précise David Bouvier. « Il est toujours important de rappeler les bases : qualité d’implantation, rotation ou encore stratégies de désherbage. » Les visiteurs pourront découvrir des solutions de désherbage localisé, dont le système Carbon Bee utilisé par l’ETA Hamon et la cartographie par drones de Telespazio. La Cuma de l’Avenir et l’ETA Legalais exposeront leurs bineuses respectivement équipées d’un guidage par palpeur et d’un guidage par caméra. Enfin, l’entreprise Cyclair présentera son robot de binage autonome. Selon la météo et le stade du maïs, des démonstrations des différents matériels seront possibles. D’autres journées sur les autres plateformes sont prévues :• Le 10 juin à Saint-Évarzec (29), • Le 12 juin à la station de Kerguéhennec (56)• Le 26 juin à Plémet (22).
Les sangliers suivent la ligne ?
« Quand les sangliers entrent dans une parcelle, ils commencent par creuser pour trouver les graines », raconte Jérémie Rehel. « Une fois qu’ils en ont trouvé, ils remontent le rang. » Sur les parcelles de maïs où un passage de roto-étrille à l’aveugle a été effectué, les salariés de la Cuma de l’Avenir observent beaucoup moins de dégâts de gibier depuis quelques années. En plus de désherber, l’outil efface les rangs, ce qui rend possiblement le déterrage plus difficile pour les suidés. « De plus, le nivellement du sol empêche l’eau de raviner dans le rang et limite donc l’érosion », ajoute David Bouvier. Une piste à explorer…