De la féverole de printemps semée en hiver

Moins riche en composés allergènes que la féverole d’hiver, la féverole de printemps présente un double intérêt en élevage : elle peut nourrir les animaux, et son surplus être valorisé en alimentation humaine. Semée en hiver, elle pourrait aussi mieux résister aux aléas climatiques.

Champ de féverole - Illustration De la féverole de printemps semée en hiver
© Paysan Breton

« La féverole de printemps peut être utilisée pour l’alimentation humaine », introduit Thomas Méar, ingénieur développement chez Terres Inovia. « Contrairement à la féverole d’hiver, elle est faible en vicine et en convicine, des tanins susceptibles de provoquer des allergies. » De plus, cette légumineuse est une alternative au soja qui, si consommé en trop grandes quantités, peut avoir des effets nocifs sur le système reproducteur. Concernant l’alimentation animale, la féverole de printemps pourrait être moins contraignante car non limitée à 20 % dans la ration comme son homologue hivernale. Cette dernière est d’ailleurs sensible à l’hydromorphie, avec des risques d’asphyxie racinaire pendant l’hiver. « Cette année, il a plu 540 mm entre octobre et fin mars », rappelle Soazig Perche, conseillère bio à la Chambre d’agriculture de Bretagne (Crab). « Les normales sont plutôt autour de 380 mm. »

Cette technique est une voie de progrès

« Dans les élevages bretons, l’introduction de féverole de printemps pourrait avoir un double-usage. », lance Thomas Méar. « Une fois les animaux nourris, le surplus pourrait être vendu pour la consommation humaine. Il y a environ 50 €/t de différence entre les deux débouchés. »

À Bais (35), la Crab mène un essai en partenariat avec Terres Inovia. « Nous voulons savoir s’il est possible de semer de la féverole de printemps en hiver », indique Soazig Perche. « Son cycle plus court la rendrait moins sensible au froid et aux maladies, et la semer plus tôt pourrait réduire le risque d’avortement des fleurs dû au stress thermique. »

Un essai encourageant

Plusieurs bandes ont été semées le 17 décembre 2024, sur les parcelles de Jean-Hugues Tiriau, éleveur de porcs bio. La féverole d’hiver a été implantée à 25 graines/m2 et celle de printemps à 35, 45 et 55 graines par m2. « Les variétés de printemps sont plus avancées dans leur cycle, mais elles ne sont pas plus malades pour autant », note Thomas Méar. « Il faut bien sûr attendre la récolte et les résultats, mais l’aspect de la parcelle aujourd’hui laisse à penser que cette technique est une voie de progrès. » En comparaison, la féverole de printemps semée à la mi-mars était déjà en fleur et donc possiblement sensible à une perte de rendement en cas de période de sécheresse. Alexis Jamet

Matinales cultures le 12 juin

Ces essais de semis à l’automne seront également visibles lors des Matinales Cultures, le 12 juin à Bignan (56). Avec 3 ateliers (maladies telluriques, desherbage de précision, légumineuses), la Chambre d’agriculture-Bretagne dévoilera les résultats des expérimentations menées à Kerguéhennec. De 9 h à 12 h 30. Gratuit. Repas : 15 € sur réservation. Inscription : urlr.me/tfUmQA

Viser l’autonomie alimentaire

Installé en 2018 à Bais, Jean-Hugues Tiriau élève 120 truies naisseur-engraisseur en bio. Son système est basé sur l’autonomie alimentaire. Le méteil représente une grande partie de l’assolement (70 ha sur 170).« Je fais des mélanges blé-pois et triticale-féverole d’hiver. Cela permet de répartir les risques en cas de problème. Le maïs grain vient compléter la ration. », indique-t-il. L’éleveur cultive aussi colza, orge brassicole et sarrasin.


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