Un projet à 800 brebis

Marion Papin et Gaël Le Souef ont repris une ferme de 110 hectares à Langonnet. L’objectif est d’atteindre 800 brebis et de valoriser les agneaux à l’herbe.

Un couple dans une bergerie - Illustration Un projet à 800 brebis
Marion Papin et Gaël Le Souef, dans leur bergerie.

Après un BTS Acse, Marion est partie en woofing, avec l’idée de faire un tour de France de fermes bio. Elle a débuté en Bretagne, dans un élevage de moutons, et y est restée. Gaël était responsable d’un parc animalier et avait un projet d’élevage en tête. Une bergerie de préférence. « Quand on s’est rencontrés, on s’est rendu compte qu’on avait les mêmes envies, les mêmes idées et le même projet. Alors on s’est lancés ». Gaël a obtenu un BPREA.

Un contrat avec Terrena

« On a commencé à chercher une ferme en 2023, pendant le parcours 3P (Plan de professionnalisation personnalisé), passeport pour les aides JA. On a visité plusieurs lieux, mais avec notre projet ovin, on était souvent perçus comme atypiques. Certains ne voulaient même pas nous laisser visiter. Finalement, en avril 2024, on a visité une ferme de bovins viande à Langonnet. En juin, on s’est décidé à la reprendre ».

En janvier 2025, ils ont pris les rênes de l’exploitation, pour produire des agneaux.

Financement du foncier solidaire

Auparavant, il a fallu trouver le financement. « Tout était à vendre : foncier, maison, bâtiments, matériel et nous devions acheter les animaux, à savoir 400 brebis pour démarrer ». Impossible pour les porteurs de projet d’investir à hauteur du million d’euros. « L’agence qui nous a proposé la ferme nous a parlé de Fève (Fermes en Vie), une foncière solidaire qui achète les terres grâce à l’épargne citoyenne et les loue aux agriculteurs. Cette solution nous a permis de démarrer sereinement, tout en gardant la possibilité de devenir propriétaires plus tard, et ça, c’était très important pour nous ». La contrepartie était de s’engager en agriculture biologique. « L’équipe de Feve a été super. Les techniciens sont venus sur la ferme, ils ont été présents, ça s’est toujours très bien passé ». L’étude économique a été réalisée avec la Chambre d’agriculture et le centre comptable.

« Nous avons un contrat pour la vente de nos agneaux avec Terrena. Ils ne seront pas valorisés en bio, peut-être, plus tard, en Label rouge ». La banque a financé l’installation, hors foncier.

Autonomie alimentaire

La ferme est actuellement en conversion. Les éleveurs qui bénéficient de l’engagement de la foncière ont cinq ans pour passer en bio. À terme, le troupeau comptera 800 mères. L’alimentation sera entièrement produite sur place : vingt hectares de méteil et d’orge et le reste en prairies. « Nous avons fait le choix de races rustiques. Les brebis ne resteront en bâtiment qu’au moment des agnelages ».

Les éleveurs sont équipés de matériel de fenaison et adhèrent à la Cuma intégrale locale. Ils envisagent de créer un verger et de planter des haies pour « s’offrir un cadre de vie agréable ».

À terme, Gaël pourrait développer une activité d’élevage et de vente de volailles d’ornement, histoire de renouer avec son passé de responsable de parc animalier.

Bernard Laurent

Cinquante installations facilitées par Feve en 3 ans

Créée en 2021, la foncière utilise l’épargne citoyenne pour acquérir des fermes puis les loue, avec option d’achat, à des agriculteurs qui s’engagent en agriculture biologique. Depuis le lancement, plus de 50 agriculteurs et agricultrices se sont installés sur 37 fermes (65 hectares de SAU, en moyenne) essentiellement dans l’ouest de la France, grâce à plus de 2 500 investisseurs. La foncière s’assure de la viabilité économique du projet et de la compétence des porteurs avant de s’engager. La location sur 25 ans est reconductible mais les agriculteurs peuvent racheter progressivement le foncier. Aucun abandon de projet n’a été enregistré à ce jour et 100 % des loyers ont été payés. En cas d’abandon, un autre porteur de projet serait recherché. Des nouveaux bâtiments peuvent aussi être financés par la foncière (avec panneaux photovoltaïques, par exemple). Les investisseurs peuvent revendre leurs parts au bout de 7 ans.


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