Partant du constat que la majorité de ses clients éleveurs ne souhaitait pas conditionner leur fourrage, Sébastien Robin, entrepreneur à Saint-Vran dans les Côtes-d’Armor, a investi en 2020 dans une faucheuse double sans conditionneur Krone EasyCut B 950 Collect, capable d’andainer grâce à des vis sans fin. « Auparavant, j’utilisais une faucheuse latérale associée à une frontale, équipées toutes les deux d’un conditionneur. Désormais, je l’ai conservé uniquement sur la frontale pour ne pas déposer l’herbe à plat, de façon à la reprendre plus facilement avec le pick-up de la presse enrubanneuse ou de l’ensileuse. » Les deux lamiers arrière sont chacun suivis par une vis de 450 mm de diamètre. Les 9,45 mètres de coupe sont ainsi rassemblés sur un andain de 2,50 mètres de large.
La qualité du fourrage préservée
« Dans nos petites parcelles irrégulières, la largeur effective est plutôt de 9,10 mètres. Je fais aussi attention dans les courbes, car la frontale de 3,20 mètres offre un recroisement tout juste suffisant avec les lamiers arrière. Une machine de 3,60 mètres serait préférable, mais c’est trop contraignant sur la route. Krone propose aussi un modèle de 4 mètres repliable. À voir si la fiabilité est au rendez-vous et si le tarif n’est pas trop salé ! » Sébastien Robin utilise l’andainage sur trois quarts des 600 hectares fauchés chaque année par le combiné Krone.
un débit de chantier moyen de 5,5 ha/h
« Par rapport aux machines à conditionneurs et tapis groupeurs, le système à vis préserve mieux la qualité du fourrage et confectionne des andains plus réguliers. L’herbe est laissée deux jours en andains avant le passage de la presse ou de l’ensileuse. Cette méthode permet d’économiser un fanage et un andainage. Elle réduit aussi le risque d’incorporer de la terre et des cailloux dans le fourrage », observe l’entrepreneur.

Attention au gros méteils
Mise en œuvre par l’escamotage hydraulique des tôles déflectrices placées à l’arrière des vis, la fauche à plat se limite aux coupes de foin et de certaines dérobées. « Des situations dans lesquelles le client souhaite accélérer le séchage. L’accompagnement du fourrage par les vis procure une dépose à plat aérée, idéale dans ces conditions. » L’andainage à vis montre toutefois ses limites dans les méteils très développées. « Les vis n’arrivent pas à absorber le volume de matière. Dans ces rares situations, il serait peut-être intéressant de pouvoir accélérer la vitesse de rotation des vis, un réglage qui n’est pas proposé par le constructeur », regrette l’entrepreneur. « Mais ces très gros méteils donnent aussi du fil à retordre aux faucheuses à tapis. La meilleure solution reste la coupe directe sur l’ensileuse. »
Un besoin de puissance modéré
La faucheuse triple est attelée à un tracteur de 230 chevaux. « 200 chevaux suffiraient, mais cela me permet de maintenir une vitesse de travail régulière aux environs de 10 km/h. De quoi obtenir un débit de chantier moyen de 5,5 ha/h en comptant les déplacements et en considérant que l’on intervient majoritairement dans des petites parcelles. Dans les plus grandes, j’atteins facilement les 8 ha/h », estime l’entrepreneur.
Il apprécie aussi la maniabilité de ce groupe de fauche compact et pas trop lourd (une tonne à l’avant et trois tonnes à l’arrière).Ces performances permettent à Sébastien Robin de facturer sa prestation 185 euros par heure en moyenne.
« Cette combinaison de fauche vieillit bien et ne demande pas beaucoup d’entretien. Les disques sont protégés individuellement par une sécurité à goupille. Il n’y a que les articulations, les cardans et les paliers des vis à graisser. La cinématique est simple et n’utilise que des cardans et des boîtiers pour entraîner les deux lamiers, puis les deux vis. »


Simplicité de mise en œuvre
La prise en main de la machine est rapide, grâce à un nombre réduit de réglages. « La faucheuse arrière est branchée sur les prises hydrauliques power beyond et sur deux distributeurs. L’ensemble des fonctions est piloté à l’aide d’un petit boîtier de sélection et des deux distributeurs. Les machines plus récentes peuvent recevoir le pilotage Isobus, qui réduit encore le nombre de connexions hydrauliques. »


Outre l’ajustement de la pression au sol, le chauffeur peut relever indépendamment les deux lamiers et désactiver l’andainage sur toute la largeur ou sur un seul côté.« Avec ces fonctions, j’arrive à bien m’adapter aux nombreuses configurations de parcelles. En revanche, je me passe pour l’instant du GPS. »
Michel Portier
En Chiffre
600 ha de fauche par an
9,45 m andainés sur 2,50 mètres
5,5 ha par heure (déplacements compris)
185 € par heure, montant facturé en moyenne
77 000 € d’investissement en 2020 (dont 17 000 € pour la faucheuse frontale)
Quatre constructeurs proposant l’andainage à vis
Krone et Pöttinger étaient les deux seuls constructeurs à proposer des faucheuses sans conditionneur capables d’andainer grâce à une vis de convoyage, jusqu’à l’arrivée récente de Claas puis Kuhn sur ce segment. Krone se limite à un seul modèle avec son groupe de fauche EasyCut B 950 Collect. Celui-ci a récemment évolué, accédant en option à des volets déflecteurs coulissant latéralement pour ajuster la largeur de l’andain de 1,80 à 4 m. Pöttinger se distingue par une offre plus étoffée avec deux modèles de faucheuses arrière Novacat 302 CF et 352 CF (3,04 et 3,46 m de large) et deux combinaisons Novacat V 9200 CF et V 10000 CF (8,95 à 10 m de large). Le dispositif Cross Flow de l’Autrichien utilise des vis de 500 mm de diamètre entraînées par des courroies à l’extrémité des lamiers. Leurs tôles déflectrices disposent de cornières réglables pour s’adapter aux différents types de fourrage. Claas s’en tient pour l’instant à une seule machine : la combinaison Disco 9300 Direct Swather de 9,10 m de large. Celle-ci reçoit des vis inclinées très rapprochées du lamiers. De forme conique, leur diamètre augmente vers le centre, facilitant le transport de fourrages volumineux. Claas réduit les risques de bourrages en intégrant un couteau et un contre-couteau en bout de vis. Entraînée mécaniquement par leur extrémité extérieure, chaque vis pivote vers le haut pour réaliser une fauche à plat en accompagnant le flux de matière. Dernier arrivant, Kuhn dévoilera au salon de l’herbe les 21 et 22 mai 2025 son nouveau groupe de fauche à vis GMD 9530 RV. Offrant une largeur de travail comprise entre 9,10 et 9,50 m grâce à des supports de lamier télescopique, cette machine confectionne des andains de 1,50 à 2 m de large. Ses vis d’andainage sont entraînées par cardan séparément des lamiers. Les tôles déflectrices se relèvent hydrauliquement pour passer en fauche à plat sur toute la largeur ou un seul côté.