18194.hr - Illustration Un système d’autoguidage fabrication maison
Damien Blanchard, éleveur à Planguenoual (22).

Un système d’autoguidage fabrication maison

Damien Blanchard a mis 2 ans à fabriquer un système d’autoguidage pour le tracteur de l’exploitation. Il sème, épand de l’engrais, traite ses cultures en autoguidage tout  en profitant du réseau Centipède de balises RTK avec un signal gratuit.

Damien Blanchard est installé à Planguenoual (22) avec son frère David et sa belle-sœur Corine sur une exploitation laitière. En 2020, il découvre sur Internet le logiciel AgOpenGPS qui permet de fabriquer son propre système d’autoguidage et de bénéficier du signal gratuit Centipède, un réseau collaboratif gratuit à l’initiative de l’Inrae. « La motivation première ne doit pas être de réaliser des économies sur l’achat d’un système d’autoguidage proposé par les constructeurs de tracteurs ou autres marques spécialisées dans ce type de matériel car cela demande de nombreuses heures de travail pour faire aboutir le projet », met en garde Damien Blanchard. 

500 utilisateurs en France

Au départ, l’éleveur n’y connaissait rien sur le sujet et avoue que ces dernières notions d’électronique remontaient au collège lors des cours de technologie. « Je me suis lancé dans l’aventure avec Nicolas Jaglin, un collègue éleveur sur Saint-Glen. Nous avons rejoint la communauté française sur la page Facebook. Il y aurait déjà autour de 500 utilisateurs en France ayant fabriqué leur système d’autoguidage », indique Damien Blanchard. Les activités de l’exploitation tournées essentiellement sur la production laitière avec la moitié de la surface en pâture ne justifiaient pas d’investir dans un système d’autoguidage dépassant souvent les 10 000 € et pour lequel un abonnement est nécessaire. L’éleveur, de nature curieuse et bricoleur, s’est documenté, a suivi les tutos sur Internet et a commandé les différentes pièces électroniques et autres boîtiers pour démarrer le montage. 

18195.hr
L’agriculteur a créé les pièces du mécanisme du volant électrique à l’aide d’une imprimante 3D.

2 ans pour faire aboutir le projet

Le coût des différentes pièces nécessaires au montage de ce système d’autoguidage « maison » est de l’ordre de 1 500 €. « Ensuite c’est beaucoup de temps à passer, je l’ai fait le soir et sur certains temps morts. Il faut s’accrocher à certains moments et ne pas baisser les bras. C’est ça aussi l’avantage de partager cette expérience avec un collègue même si on le fait chacun dans notre coin, on se remotive l’un et l’autre. Entre le début du projet et le moment ou tout fonctionne sur le tracteur il s’est passé 2 ans. » Une fois la carte mère montée ce qui est le cœur du système, l’éleveur a commandé la carte qui gère la position GPS et la carte de guidage qui gère le volant électrique du tracteur. « J’ai acheté une imprimante 3D à 200 € pour fabriquer les pièces en plastique nécessaires pour l’entraînement du volant du tracteur à l’aide du moteur électrique. » La dernière étape est de tout installer sur le tracteur et dans la cabine. L’éleveur s’est équipé d’une tablette tactile achetée 300 € d’occasion et d’une antenne GPS qui a coûté le même prix. « Lorsque tout est installé et que cela fonctionne, la satisfaction de l’avoir fait soi-même est très grande. » L’utilisation première de l’autoguidage est aujourd’hui pour les semis : maïs, céréales, couverts végétaux. « C’est très confortable il n’y a plus besoin d’être hyperconcentré pour bien suivre les coups de semoir. C’est aussi une façon d’économiser du carburant et d’optimiser les intrants : semences, engrais, produits phytosanitaires. Je n’étais pas acheteur de ce genre de technologie mais aujourd’hui je ne m’en passerais plus et je me rends compte que cela s’amortit. »

Un réseau RTK avec un signal gratuit

Pas besoin d’abonnement spécifique pour profiter de l’autoguidage précis à 2 cm. Il suffit de passer en partage de connexion avec le téléphone portable sur la tablette dans le tracteur pour profiter d’Internet. « Nous avons aussi accès au réseau Centipède de balises RTK avec un signal gratuit. Chaque agriculteur peut installer une balise fixe chez lui et faire profiter la communauté, il y en a une située à 2,5 km de mon exploitation. En 2-3 ans le nombre de balises s’est multiplié en France. » 


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article