La table de la salle de pause est bien entourée à l’heure du casse-croûte de 10 h. À la SCEA Conq-Salaun, les 250 vaches à la traite sont déjà parties dans les parcelles d’herbe. Ici, la salle de traite en 2 x 16 en traite par l’arrière de chez Boumatic permet de recueillir le lait rapidement, mais c’est surtout une organisation hors pair et une main-d’œuvre abondante qui est à souligner.
Daniel Conq a « démarré seul sur la ferme en 1987. Nous sommes aujourd’hui 14 salariés », aime-t-il rappeler. L’exploitation produit 2,4 millions de litres de lait par an, et dispose aussi d’un élevage de porc (naisseur-engraisseur). Sur les 14 personnes présentes, 8 le sont à temps plein, 6 viennent occasionnellement.
Quand on est 4 à intervenir le samedi et le dimanche, le travail reste agréable
Matin et soir, « il y a toujours 2 trayeurs. Je suis là tous les matins », précise Romain Salaun. À chaque début d’année, le planning est réalisé, les vacances de chacun des intervenants sont planifiées. 4 équipes sont ainsi inscrites sur le papier. « Nous sommes toujours 4 par week-end : 2 pour la traite et les soins aux veaux, 1 en porcherie, 1 dernier pour distribuer l’alimentation des vaches et pour gérer les animaux présents sur un autre site ». Dans cette astreinte de fin de semaine, 4 personnes interviennent un week-end sur 2, les autres sont présentes un week-end sur 4. Dans tous les cas, un responsable de traite est aux côtés du second trayeur. À noter que parmi ces bras bienvenus, il faut compter sur les cédants, aujourd’hui à la retraite. « Quand on est 4 à intervenir le samedi et le dimanche, le travail reste agréable, nous ne sommes jamais en tension », apprécie-t-il. Aussi, la ferme est autonome pour ses inséminations, 5 personnes y sont formées.


Un vivier de main-d’œuvre
Daniel Conq et Romain Salaun ne s’y trompent pas : pour que la jeune génération soit toujours attirée par les métiers du lait, ils n’hésitent pas à prendre des stagiaires et des apprentis sous leur aile. « C’est un vivier de main-d’œuvre. Il y a 35 ans, j’avais accueilli un stagiaire. Il est depuis devenu salarié ». Et le Finistérien d’attirer l’attention sur le fait que « tous les postes doivent être féminisables. Si ce n’est pas le cas, on perd potentiellement la moitié des candidats ». Pour exemple, il cite l’organisation des bâtiments et de leurs barrières, « aucune d’entre elles ne doit être soulevée pour être ouverte ».
Afin que les consignes soient bien transmises et pour ne pas commettre d’impair en salle de traite, les vaches laitières sont identifiées par des bracelets de couleur connus de tous : le bleu correspond à une vache lente à donner son lait, la bandelette rose indique qu’il faut surveiller l’animal. Ces codes « sont compréhensibles de tous, y compris par une personne en situation de handicap ».
Sur ce site en lait et porc, « nous sommes 3 patrons, nous avons tous été salariés. C’est la meilleure expérience et une grande formation », estime Daniel Conq, qui a également suivi une formation consacrée au management. Et les salariés semblent se plaire :« Il n’y a pas de turn-over, nous avons décerné 2 médailles de travail » qui saluaient 20 ans de bons et loyaux services.
Fanch Paranthoën
150 vaches traites à l’heure
La salle de traite, positionnée en plein centre du bâtiment, atteint une cadence de 150 vaches traites par heure. Augmenter le troupeau de 30 individus « ne prendrait que 10 minutes de plus », chiffre Daniel Conq. Côté alimentation, les choses sont simplifiées au maximum : les veaux ne reçoivent qu’un seul repas par jour, un carnet dans la cabine du chariot télescopique est toujours à portée de main. Il y mentionne « la ration à préparer et la quantité d’ingrédients pour ne pas avoir de questions à se poser ».
Limiter les imprévus
Dans leur organisation, les associés se calquent « sur la production porcine. En lait, il y a beaucoup plus d’imprévus. Nous faisons en sorte qu’il n’y en ait pas ». Les vaches sont toujours taries le vendredi par lot de 5 animaux, « c’est ce que notre bétaillère peut contenir ». Côté pâturage, « il n’y a jamais de fil à déplacer pendant les week-ends. Les paddocks utilisés sont ceux au plus près des bâtiments et en bord de route : on voit les animaux facilement en venant et en repartant ».