Dans la famille Courcoux, on est producteur de poiré, de père en fils, depuis 5 générations, au Petit Plessis, sur la commune de Plaintel (22). Mieux vaut d’ailleurs être un adepte du temps long lorsque, comme eux, vous cultivez des poiriers, arbre dont l’adage populaire dit qu’il met « 100 ans pour grandir, 100 ans pour produire, 100 ans pour mourir… » Pour autant, il y a fort à parier que l’année 2024 restera marquée d’une pierre blanche dans l’épopée familiale.

Recevoir un prix d’excellence au Concours général agricole constitue, en effet, une consécration pour un producteur puisque cette distinction récompense la régularité sur les trois dernières éditions. Avec trois médailles d’or obtenues lors des salons 2020, 2022 et 2023 (la manifestation avait été annulée en 2021), le poiré costarmoricain a fait partie des 22 lauréats du prix d’excellence 2024, dans la catégorie « Concours des produits ». Jean-François Courcoux et son épouse Sophie ne sont d’ailleurs pas près d’oublier la remise de diplôme qui s’est tenue, fin janvier, à Paris, dans les salons du ministère de l’Agriculture, rue de Varenne. Et pour compléter cette belle entame de l’année, il y a quelques jours, une nouvelle médaille, d’argent cette fois, est venue étoffer le palmarès familial au Concours général agricole.

La carte du local

Clément, représentant de la cinquième génération, s’est installé en janvier 2023, avec le concours financier du Crédit Mutuel de Bretagne. « J’ai 10 hectares de poiriers. En ajoutant les 13 hectares de mon père, cela fait 23 hectares conduits en agriculture biologique. Nous avons chacun notre exploitation mais nous partageons l’atelier de fabrication et la marque Kermorgann. L’an passé, nous avons produit 7 000 bouteilles. Cette année, la production devrait atteindre les 13 000 bouteilles car nous n’avons pas eu à déplorer de gelée printanière en 2023 ».

Pour commercialiser leur poiré, père et fils privilégient la vente directe et les circuits locaux qui leur sont fidèles depuis le début. « Nous pourrions beaucoup exporter, nous avons de la demande pour la Chine et les États-Unis, mais cela ne correspond pas à notre vision. Pour nous la plus belle des récompenses, c’est lorsque des consommateurs reviennent, conquis par la qualité du produit ». Et la quête d’excellence est poussée ici à l’extrême. « Notre travail s’apparente à celui d’un producteur de vin de poire pétillant, explique Clément avec passion. Pour préserver les fruits récoltés à parfaite maturité, le ramassage est effectué à la main en matinée et la transformation réalisée, dans la foulée, l’après-midi ». Les jus sont ensuite mis en cuve pour au moins 6 mois de fermentation, phase durant laquelle les arômes se révèlent. Puis, avant la mise en bouteilles, intervient l’étape primordiale d’assemblage où tout le savoir-faire de Jean-François et Clément va s’exprimer pour donner naissance à des boissons subtiles et délicates.

Armor et Argoat

La marque familiale Kermorgann comprend aujourd’hui plusieurs produits. Il y a d’abord le poiré classique « multirécompensé », composé de 16 variétés de poires différentes et qui contient 2,5 % d’alcool. Le Perry de Bretagne, à la jolie couleur dorée, a été développé pour répondre à la demande croissante de boissons sans alcool. Il comprend, lui, 16 variétés de poires, 2 de pommes et 3 de coings. Et enfin, le dernier-né de la gamme, Écume de mer, est un poiré monovariétal, plus acidulé, « idéal pour accompagner les fruits de mer, en particulier les coquilles Saint-Jacques ». L’alliance de l’Armor et de l’Argoat, la quintessence de la Bretagne !

Jean-Yves Nicolas

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