Edito - Illustration Ras-le-bol

Ras-le-bol

Des manifestations agricoles, on retiendra surtout l’absurdie des normes qui étouffent les agriculteurs. Selon un rapport sénatorial de juin dernier, le nombre d’articles du Code de l’environnement a bondi de 653 % en 20 ans. Même incontinence réglementaire au niveau du Code rural qui contenait quelque 750 pages en 1965 et plus de 3 000 aujourd’hui. Bref, tout a été dit depuis 15 jours sur le caractère ubuesque d’une bureaucratie frappée d’inflation normative et qui n’a pas d’égal pour empiler des tracasseries fantasques. Comme les 14 normes qui s’appliqueraient à la plantation de haie.

Le sentiment de ras-le-bol souvent peinturluré sur les lames des chargeurs et les bâches tendues sur les barrages – à côté de son homonyme breton : « re zo re » ; trop c’est trop – traduit bien en un seul mot cet état d’overdose bureaucratique qui afflige le monde agricole. À certains égards, la colère paysanne de ce début 2024 épouse les mêmes contours d’exaspération qui avaient conduit les gilets jaunes sur les ronds-points. Une des solutions de l’État pour mettre fin à la crise est d’ailleurs la même : moins taxer les énergies fossiles.

Un fonctionnaire, c’est fait pour fonctionner

Alors maintenant que va-t-il se passer ? Pas de révolution en vue si l’on en croit les propos de l’économiste Jérôme Fourquet devant des agriculteurs le 23 février à Locminé (56) : « La France compte 5 millions de fonctionnaires. Un fonctionnaire, c’est fait pour fonctionner, c’est-à-dire qu’ils créent des normes ». De son côté, la profession doit également faire son introspection. Hostile aux taxes destinées à réorienter les systèmes, elle n’a eu de cesse depuis des années de proposer des normes en pare-feu (contrôle du pulvérisateur, jouets pour les porcs, etc.) pour ne pas passer à la caisse. Avec en boomerang : une salve supplémentaire de contrôles de l’administration soucieuse de vérifier que tout cela est réellement appliqué…


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