Dans les années 70, des conseillers agricoles incitaient les agriculteurs bretons, et principalement les éleveurs laitiers, à construire des porcheries d’engraissement… pour le lisier. Avec une alimentation entièrement achetée, ces charcutiers étaient en effet des usines à N-P-K. La richesse actuelle des terres bretonnes, originellement pauvres, est en quelque sorte le fruit de cette forme d’élevage ; l’aviculture fonctionnant selon le même principe d’importation de l’aliment a également contribué à doper les sols en éléments fertilisants.
Ce n’est pas d’hier que les déjections animales sont une richesse pour les fermes. Il était un temps où le beau tas de fumier devant la maison était un signe de richesse… et l’assurance de « bien marier » les enfants de la ferme. En fait, il n’y a que sur une courte période historique, pour ainsi dire de 1990 à 2020, que les déjections animales ont été accablées de tous les maux. À l’allure où vont les choses, le combat contre l’azote organique sera prochainement de l’histoire ancienne. Avec le recul de l’élevage, il n’y aura bientôt plus assez d’effluents pour fertiliser toutes les terres bretonnes. Le risque d’appauvrissement des sols est réel. Les analyses de terre confirment déjà une baisse de la teneur en potasse. Cet appauvrissement sera difficilement compensé par les engrais minéraux qui, dans le long terme, risquent d’être de plus en plus coûteux, voire rares compte tenu de l’épuisement prévisible des mines de potasse et de phosphore. Qu’on se le dise : le fumier et le lisier seront d’or demain. Ils le seront d’autant plus que, parallèlement, les prospectives énergétiques misent sur une multiplication par 24 à 30 de la production actuelle de biogaz issu de la méthanisation d’ici 2050. En attendant, la revalorisation du tarif du biogaz de 18 % en 2023 n’est-elle pas déjà or pour fumier.
Avec le recul de l’élevage, il n’y aura bientôt plus assez d’effluents organiques
