16440.hr - Illustration Chercher à améliorer la relation homme – animal
Pauline Garcia avec l’une de ses vaches Salers.

Chercher à améliorer la relation homme – animal

Après 12 ans de carrière à Paris dans les médias, Pauline Garcia a tout plaqué pour conduire des Salers et Aubrac en Auvergne et devenir comportementaliste animalière. Elle aide les éleveurs – laitiers comme allaitants – et les intervenants en élevage à mieux comprendre les bovins.

Vendredi 7 juillet, vous intervenez auprès d’éleveurs, pédicures et vétérinaires de l’Ouest (voir encadré). Quel message, par exemple, allez-vous faire passer autour du parage ou de la contention ?

Comme lors des formations que je dispense, je vais revenir sur les notions principales de la perception sensorielle des bovins. C’est essentiel pour mieux comprendre les vaches et notamment leurs réactions dans une cage de contention. Par exemple, la sensibilité du bovin aux bruits métalliques peut l’effrayer et le rendre extrêmement réticent à entrer dans une cage. Faire attention à cette question lors des manipulations et équiper le matériel de tampons pour rendre les portes moins bruyantes facilitera la vie des animaux et des humains.

Par ailleurs, le bovin est aussi très sensible au toucher. Cela fait partie de sa communication naturelle en groupe pour créer de l’affinité ou favoriser l’apaisement. Nous humains, que pouvons-nous tirer de ce langage bovin ? Qu’avec nos mains, on peut gratter, simuler des séquences de léchage par exemple pour détendre un animal dans une cage. Je parlerai donc de toutes ces actions positives très utiles que les éleveurs et intervenants en élevage peuvent mettre en place dans la relation homme – animal pour bien faire vivre un parage ou un soin.

Moment important dans la carrière d’une vache laitière, comment préparer la première traite ?

Dans beaucoup d’élevages, la primipare qui vient tout juste de mettre bas est propulsée à la fois dans le troupeau où il peut y avoir des conflits sociaux importants et en salle de traite le même jour. Une transition beaucoup trop brusque, violente même, alors que le vêlage est déjà un moment très perturbant sur le plan hormonal à tel point que, parfois, nous n’avons plus affaire au même animal ! Je recommande donc un véritable travail d’entraînement qui consiste à faire passer les grandes génisses en salle de traite au préalable afin de les initier à ce futur environnement.

Chaque ferme est unique mais dans la pratique, cette initiation doit se faire entre génisses en collectif, en veillant toujours à travailler avec des groupes pairs. L’animal se rapproche généralement d’un autre congénère qui lui ressemble et à deux, ils se sentent plus confiants, rassurés. Plus globalement, pour toute manipulation, j’insiste sur l’importance d’observer les duos de vaches et de les conduire si possible en même temps. Enfin, la précipitation ne fonctionne pas avec les bovins. Donc dès que l’éleveur a 20 à 30 minutes de calme et de disponibilité devant lui, il peut prendre son temps pour mettre en confiance son lot de jeunes animaux, les inviter à le suivre sur les quais en les attirant avec un seau d’aliment. Prendre un peu de temps au jeune âge notamment en fait gagner considérablement à l’âge adulte.

Pourquoi la récompense alimentaire est importante lors des phases de découverte et d’initiation ?

Chose qu’en traite automatisée, le robot fait très bien avec la distribution de concentré, il est important de relier une action positive à la découverte de la traite, aux premiers passages dans un couloir de contention ou dans une cage de parage… Car l’animal crée des associations, aussi bien positives que négatives, entre des moments et des lieux et une récompense, une peur, une douleur…

Surtout, il faut avoir bien conscience que le bovin a une excellente mémoire, grave tout dans son disque dur et est capable de ressortir de très vieux dossiers. Il n’a que cela à faire, se rappeler, alors que l’éleveur qui est pris sur tous les fronts oublie vite… Un stress vécu en première lactation peut se transmettre tout au long de la carrière comme des vaches qui tapent et que l’éleveur est toujours obligé d’entraver à la traite.

Trois spécialistes abordent contention et parage

Pour ses 40 ans, Socober, fabricant de cage de parage, organise, vendredi 7 juillet, aux portes de la Bretagne une journée pour les éleveurs, pareurs, vétérinaires… Le matin, à l’espace Le Conquérant à Saint-James (50) : conférences « Bien contenir ma vache, sécurité pour tous » avec Pauline Garcia (éleveuse et comportementaliste animalière), Marc Delacroix (vétérinaire spécialiste des pieds des bovins) et Peter Kloosterman (formateur en santé animale aux Pays-Bas) puis déjeuner. En après-midi, porte ouverte à l’atelier Socober. Réservation : 36 € (conférences et repas).


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