16184.hr - Illustration 6 km de clôtures pour se protéger des sangliers
Jean-Yves et Ghislaine Gautier derrière une des clôtures posées sur leur ferme.

6 km de clôtures pour se protéger des sangliers

Jean-Yves et Ghislaine Gautier ont posé, en lien avec les chasseurs, 6 km de clôtures pour protéger leur parcellaire des dégâts de sangliers. Une solution « efficace mais pas transposable partout » et qui « déplace le problème ».

Jean-Yves et Ghislaine Gautier élèvent une soixantaine de vaches laitières sur une SAU de 60 ha, dont 25 ha de maïs ensilage. Leur exploitation jouxte la forêt de Liffré. « Tous les ans, nous avions de gros dégâts provoqués par les sangliers sur le maïs et sur les prairies. Une année, il m’a fallu acheter du maïs. Une autre fois, 9 ha de prairies avaient été détruits », témoigne l’éleveur qui se voyait mal poser des clôtures pour empêcher les ravageurs d’entrer sur ses parcelles.

« Ce n’était plus acceptable »

Le déclic est venu au printemps 2021 : « Avant même les semis de maïs, les sangliers avaient relabouré mon sol. J’ai fait demi-tour et ai contacté le président local de la chasse pour installer des clôtures. Une vingtaine de personnes dont des chasseurs et des agriculteurs nous ont aidés à poser 3 km en double fil. Elles sont électrifiées. » Satisfaits du résultat, les éleveurs ont refait 3 km l’année d’après, avec 3 fils, en bordure de forêt. « Tout le matériel a été fourni par la fédération des chasseurs. »
Même si cette solution est efficace sur cette exploitation avec un parcellaire groupé, « elle demande du temps. Je passe quasiment quotidiennement à cette période de l’année pour voir s’il n’y a pas de problème. Et les clôtures doivent être débroussaillées. » Le producteur est aussi conscient « de déplacer le problème. »

1 500 € de dégâts moyens par exploitation touchée

En Ille-et-Vilaine, « la population de sangliers est en progression, et les prélèvements stagnent proportionnellement, aboutissant à l’augmentation des dégâts dans les cultures », ont détaillé des élus de la FDSEA 35, lors d’une conférence de presse le 24 mai. « Certains agriculteurs ont été obligés de ressemer jusqu’à 3 fois. Les dégâts moyens s’élèvent à 1 500 € par exploitation touchée, ce chiffre pouvant atteindre 8 000 €. La pression est énorme… ».
Selon la Fédération des chasseurs 35, 255 ha détruits ont été déclarés en 2021/2022, soit + 9 % par rapport à 2020/2021. Sur les 463 000 € de coût d’indemnisations (indemnités versées aux agriculteurs et frais de gestion des expertises), 83 % sont imputables au sanglier. La FDSEA va organiser une table ronde avec l’Administration sur le sujet.

Les demandes de la FDSEA 35 face aux sangliers

Selon la FDSEA, plusieurs raisons expliquent la dégradation de la situation : l’absence de répulsif efficace homologué en traitement de semences contre des espèces prolifiques et opportunistes, la baisse du nombre de chasseurs ou encore l’absence de régulation collective par les professionnels. « Les détenteurs des droits de chasse doivent poser des clôtures et les entretenir. Les investissements seront toujours moindres que les indemnisations à verser tous les ans », demandent les syndicalistes. Et d’ajouter : « Il faut augmenter les prélèvements (périodes, techniques de tirs, de piégeages) et mettre fin aux tirs sélectifs (la ressource n’étant pas menacée). Les demandes d’indemnisation pourraient être facilitées par la mise en place d’une application dédiée. Il faut interdire l’agrainage et les lâchers de sangliers et relancer l’expérimentation/commercialisation de répulsifs efficaces. »


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